jeudi 31 juillet 2008

Mercredi 30 juillet : Welcome to the world baby Kim !

Ce matin l'ascenseur s'arrête deux fois en cours de route pour prendre quelqu'un. A chaque fois, je tente le sourire. Je ne sais pas pourquoi, un réflexe... Faut vraiment que je me dise une bonne fois pour toutes que le sourire comme ça pour rien ne fait pas partie des mœurs.

Apres ma petite balade en taxi du matin un peu arrosée car il pleut et les vitres de la voiture sont descendues, l'ascenseur bondé pour aller au bureau, j'arrive devant mon ordinateur. Je n'y reste pas longtemps car ce matin, je suis la formation RH et la formation merchandiser. J'y passe toute la matinée. Quand je reviens, les filles sont toutes parties manger. Toutes, sauf Annie qui me dit que les autres m'attendent. Ca ne parait peut être rien dit comme ça, mais je suis trop contente.


Elle me donne le nom du restaurant mais malheureusement, ça ne me dit rien. Je me rends compte à ce moment que je ne connais aucun des restaurants par leur nom. Elle m'explique donc où il se trouve et me dit surtout que l’on y mange épicé. Je vois tout de suite.


13 appels en absence... Ca ne peut être que maman qui m'annonce une bonne nouvelle. Je suis restée accrochée à mon téléphone 24 heures sur 24 cette dernière semaine. Forcément, ça arrive quand je suis en formation. J'essaie de rappeler mais je comprends au bout de la sixième tentative que mon abonnement ne comprend pas les appels internationaux. Je n'ai plus qu'à attendre que mon portable resonne.


J'arrive au restaurant. Aujourd'hui, les filles se sont installées à une grande table et me disent qu'elles ont commandé plein de choses. Très bonne idée, je meurs de faim.


Toujours pas de coup de fil...


C'est délicieux, comme d'habitude Je me régale avec mon plat de maso. C'est un mélange de légumes et de viande, très très bon mais très très épice. Je sais que si j'en prends trop, je vais me retrouver dans un sale état. Pourtant, je ne peux m'en empêcher. Je pense que j'ai des tendances douteuses en fait...


Maman m'appelle enfin. Je me jette sur mon téléphone, que j'ai dans la main en fait. Disons que je me précipite fébrilement pour ouvrir le clapet et appuyer sur le bouton. J’entends effectivement la voix de Maman qui me dit que Cath est partie à la maternité. Lyna a dormi à la maison. C'est pour bientôt !


Nous retournons travailler. Je finis ma formation RH. Puis je m'occupe des échantillons déposés sur mon bureau. Téléphone. Maman qui me demande : « Alors, à ton avis ? » Et moi qui répond : « Un petit garçon ? » Hé non. C'est une petite fille qui s'appelle Kim. Lyna n’aura pas la joie de se faire taper par un petit frère. Elle se contentera de faire attention à ce que sa petite sœur ne lui pique pas ses vêtements pour ses premières booms. Je suis super heureuse puis subitement un peu triste aussi. D'un coup, je sens que je suis loin... Enfin, on se ressaisit et on attend les photos.


18 heures, métro, pluie et appart. Nous nous racontons nos aventures respectives avec Lucie via MSN. Plus tard dans ma soirée, Fab m'envoie les premières photos de la miss. Voilà, je pleure. Message pour Kim qui lira peut être un jour ce blog. Je ne sais pas, si elle doit partir à Shanghai et qu'elle veut se renseigner un peu sur les joies et les (petites) peines de cette ville : « Ma petite puce, tu es super mignonne sur les photos et je ne doute pas une seconde que tu le sois en vrai. A mon avis, tu dois avoir un bon côté rebelle en toi vue la façon dont tu portes la capuche. (Yo, Kim est dans la place). C'est bien, il en faut dans ce monde ! (Je t’expliquerai…) Saches que tu m’as fait verser mes premières larmes depuis que je suis ici. Je suis impatiente de te voir ! »





Ce soir, je devais sortir. Un petit Ladies Night avec Emilie était prévu mais elle ne trouve pas de taxi qui veut venir la chercher chez elle donc on reporte notre petite virée. Ce n'est pas plus mal car je vais enfin pouvoir me faire une longue nuit.


Je goûte un Yaourt que j'ai acheté cette après midi... Pas top. Mais pas top du tout. Je ne peux pas le finir. On ne peut pas tout aimer... En plus il y a des petites boules faites en espèce de gelée à l'intérieur. « Hum, je ne sais pas si vous avez remarqué Thérèse, mais il y a une seconde couche à l’intérieur » (NDLR : cf. Le Père Noël est une ordure)


Je cherchais depuis cette après-midi le moyen de joindre Fa pour lui annoncer la bonne nouvelle. Je n'avais pas pensé au téléphone fixe qui se trouve dans mon appartement. Je ne l'utilise jamais mais bon, là, nous sommes face à des circonstances exceptionnelles. Apres de multiples tentatives, je réussis à laisser un message puis je rappelle plus tard et c'est bon.


Je me couche tôt. Ca faisait tellement longtemps que ca ne m'était pas arrive!

mercredi 30 juillet 2008

Mardi 29 juillet : Les dents du bonheur? Pas en Chine ! Alerte au typhon !

Ce matin, j'ai de la concurrence pour le taxi. Une chinoise attend devant ma poubelle. Ma poubelle ? Oui, tous les matins, je côtoie l'odeur charmante des détritus qui se situent exactement où les taxis arrivent. Elle est arrivée la première. Logiquement, je la laisse prendre le premier taxi qui se présente. Cependant ça ne l'empêche pas de stresser et de bien me faire comprendre qu'il est pour elle. Les chinois, au taquet dès le matin ! Un autre taxi arrive peu de temps après. Je remarque qu’il a pas mal d’étoiles sur sa carte. Il parle donc peut être anglais. Hé oui. Nous discutons donc sur la route à moitié en anglais, à moitié en chinois. Lorsque je lui demande s’il va aller voir les matchs de football pour les Jeux, il me dit que non. Lui n’est pas très foot, il préfère voyager et la musique. La musique ? Parfait ! J’en profite pour lui demander de m’écrire le nom d’une chanson ou d’un chanteur chinois car j’aimerai beaucoup m’initier à la musique chinoise. Il me donne deux titres qu’il traduit en anglais : « Everything I do for you » et « Waiting for you ». Je n’ai plus qu’à trouver tout ça sur internet.

En début de matinée, je ne suis pas très occupée. C'est vers 11 heures qu'Ada empile une quantité impressionnante d'échantillons sur mon bureau. Je dois donc me dépêcher car je sais que je serai absente en début d'après-midi. Encore mon histoire de visa.


Ce midi, Elita et Lydia me font découvrir un nouveau restaurant où l'on y mange toutes sortes de noodles (des pates). C'est une spécialité du Nord et de l'Ouest de la Chine. En arrivant dans ce restaurant et en cherchant une table pour nous trois, je passe devant les gens qui sont déjà en train de savourer des plats colorés. Quelques personnes mangent avec classe mais elles ne sont pas nombreuses. Les autres gobent leurs pates qui ressemblent à des spaghettis. Je me dis qu'elles pourraient se concentrer un minimum pour ne pas avoir la bouche débordante de nourriture...


Puis viens pour nous l'heure de commander. Je me laisse conseiller par les filles. Je ne résiste pas à la tentation de prendre un Coca. En guise de mise en bouche, la serveuse nous apporte un genre de petit pain couvert d'épices avec de la viande et de la salade.


Mon plat arrive le dernier. Je suis affamée. En fait, il y a deux assiettes. L'une est remplie de pâtes et l'autre contient ce que je dois apparemment verser et mélanger avec les fameuses noodles. J'avoue que je suis déçue par l'apparence de ce que j'ai choisi. Je goute. En deux secondes ma déception disparait et est remplacée par de la joie gustative. Les filles me disent qu'elles me trouvent très ouverte à la nourriture chinoise. Je crois que c'est l'une des meilleures remarques que l'on peut me faire. Je la prends d'ailleurs comme un compliment. Jusqu'ici, c'est vrai que j'ai tout goûté...enfin…sauf le sang de porc...


Je me régale mais je n'apprécierai pas être en face de moi pendant ce repas. J'ai sans cesse des longues pates qui me sortent de la bouche. Pates que j'essaie soit d'aspirer, soit de couper. Cette décision est basée sur la longueur estimée de la partie de la pate extra buccale. Quand je choisis de couper, c'est bien évidemment avec les dents que ça se passe. Sauf que, petit problème : l'espace entre mes dents laisse tout juste passer une pate, impossible de couper à ce niveau là... Les dents du bonheur, peut être, mais pas en Chine ! Je me livre à une gymnastique incroyable pour ne pas finir la dernière. En vain. J'abandonne même l'idée de gouter la soupe, trop tard ! De toute façon, je suis bien calée. Lydia avait raison : pour une fille, c'est largement suffisant.


J'ai rendez-vous avec Emilia à 13h30. Quand j'arrive, elle me donne une bouteille de thé. A gouter. C'est une sorte d'Ice tea mais en moins chimique. Goût rose. D'habitude, je n'aime pas tout ce qui est à la rose mais là, le parfum est adoucit. C'est délicieux.



Le chauffeur nous attend en bas. Nous nous rendons dans le quartier de Pudong. Jusque là, je pensais que Pudong se limitait aux grandes tours que j'avais vues, en face du Bund. Hé bien, j'avais tort. Pudong signifie en fait " à l'est de la rivière". Donc cette partie de la ville est immense. De plus, elle est beaucoup plus récente que les autres quartiers de Shanghai donc les rues sont larges, bordées de verdure. On a plus l’impression de pouvoir respirer.


Puis Emilia m'explique la signification des plaques d'immatriculation et comment distinguer les compagnies de taxis prives des autres. En général, le service est meilleur quand les taxis ne sont pas privés donc il faut repérer les voitures jaunes, vertes ou bleues.


Nous rejoignons une employée de l'agence qui s'occupe du renouvellement de mon visa. Un philippin a aussi rendez-vous avec elle. Il est en pleine effervescence. Le stress total. Moi j'espère simplement ne pas devoir faires mes valises et partir a l'aéroport ce soir direction le premier pays qui voudrait de moi... ca serait dommage et très déprimant !


Il y a beaucoup d’allemands ici. En fait, de nombreuses entreprises allemandes ont des bureaux à Shanghai. D’ailleurs, les étudiants choisissent souvent d’apprendre l’allemand en deuxième langue après l’anglais.


Nous montons et faisons la queue devant un guichet. Je précise qu'en temps normal, il ne m'aurait pas été demandé de me déplacer en personne mais en ce moment, les autorités sont un peu sur les nerfs à cause des Jeux. Quand vient mon tour, je m'assois. La policière prend une photo de moi, rempli trois papiers, embarque mon passeport. C'est bon. Je peux rester ici un mois de plus.


Pour sortir du bâtiment (qui est immense mais je ne le précise plus), il faut passer dans un tourniquet assez étroit. Je m'engage derrière un homme. Erreur. J'oubliais ici que les gens ne font pas attention aux autres êtres vivants qui se trouvent dans leur environnement. Du coup, il pousse le tourniquet trop fort. La porte de derrière me tape les pieds, rebondit, je saute en avant...bref. Emilia qui a choisi de prendre le prochain, rigole pas mal. Réaction tout à fait normale vue le ridicule de la situation. Je commence à avoir l'habitude ici : si je veux survivre, je ne peux compter que sur moi même.


Sur la route du retour, nous passons sur un pont gigantesque. La voix de Maman qui me demande presque tous les jours si j'ai enfin vu le pont le plus long du monde résonne dans ma tête. Je pose donc la question. En fait ce pont ne se trouve pas dans Shanghai même mais on peut le voir de l'avion. Je me concentrerai donc pendant le décollage. Si je ne m'endors pas bien sur...


Je travaille cette après midi en rentrant. Ces derniers jours, on ne peut pas dire que passe beaucoup de temps assise à mon bureau. Donc j'essaie d'être efficace au maximum quand j'y suis.


Vers 17 heures 30, les premières notes du carillon de Big Ben résonnent dans le bureau et pour tout le bâtiment apparemment. Ha Big Ben. Qu'est-ce que j'aimerai vivre à Londres...


Une voix féminine a l’air d’annoncer quelque chose. Forcément, tout le monde commente dans le bureau. J’attends patiemment que quelqu’un me traduise la nouvelle. Finalement, c’est Tracy qui me dit que nous devons veiller à bien fermer les fenêtres avant de partir car il y a une alerte au typhon. Waou. Décidément, ce voyage aura été le voyage de toutes les premières fois : mon premier typhon ! Enfin, ce n’est pas encore sûr que le typhon passe exactement sur Shanghai mais en tout cas, il y a un sacré vent et il pleut. Donc je rectifie : ma première alerte au typhon !


J’espère de tout cœur qu’il ne pleuve pas trop quand je sortirai du métro. Je n’ai pas espéré assez on dirait. Il pleut des cordes. Je n’ai pas de parapluie. Aucun moyen de trouver un taxi, ils sont tous pris d’assaut bien évidemment. D’habitude, il y a un petit monsieur qui vend des parapluies et forcément aujourd’hui, il n’est pas là…Le problème, ce n’est pas de me retrouver trempée mais c’est que j’ai mon super sac à main en cuir qui ne serait pas super heureux de prendre l’eau. Finalement, l’averse se calme. Je cours et je tombe sur un petit magasin qui vend, entre autres, des parapluies. Je choisis un beau bleu. 1€50. Très bon investissement.


Petite soirée tranquille chez moi. Je regarde un film bien américain pour nanas : « Failure to launch » avec Sarah Jessica Parker et Matthew Macconaughey. Ca fait plaisir de temps en temps. Skype avec Julien puis dodo !

mardi 29 juillet 2008

Lundi 28 juillet : L'administration chinoise

Ce matin, rien ne va plus. Je prends deux fois plus de temps pour me préparer que les autres jours. Puis j'arrive devant l'ascenseur qui semble ne pas fonctionner. Effectivement lorsque je tape "1" sur le clavier, des XX s’affichent. Ici, quand les ascenseurs tombent en panne, on ne peut pas affronter l'événement sans préparation psychologique. Parce que descendre 27 étages à pied... il y a mieux comme situation. Par exemple quelqu'un qui arrive à ce moment là et qui me montre le monte charge. Tout le monde passe par là donc inutile de dire qu'il n y a plus le moindre petit espace une fois que je monte dedans. En bas, les gens font la queue pour monter.


Puis, je mets du temps à trouver un taxi. Il y a des bouchons sur la route. Et j'arrive enfin au boulot. Avec du retard, certes mais j'arrive.


Nous partons au poste de police que nous a indiqué le policier d'hier. Le chauffeur nous attend en bas du boulot et nous conduit devant un bâtiment d'une apparence quelconque, entre le préfabriqué et la petite maison délaissée. Je ne comprends pas ce qu'il se passe quand Emilia s'adresse au fonctionnaire mais ca ne semble pas se passer de la meilleure façon que ce soit. Effectivement, ce n'est pas encore le bon poste. J'admire la patience d'Emilia.


Le chauffeur nous dépose devant un autre bâtiment, cette fois beaucoup plus vieux, vétuste et sale. La totale. Lorsque le policier prend le dossier en crachant à moitié et le pose sur un bureau aux tâches douteuses, je ne peux m'empêcher de constater que les feuilles que nous avons apporté représentent à elles seules la couleur blanche dans ce local poussiéreux. La encore, cela ne semble pas se passer au mieux. Il nous manque un papier. Heureusement qu'Emilia m'accompagne. Je n'aurai pas pu m'en sortir toute seule.


Nous revenons donc brecouilles comme on dit dans le Bouchonois (NDLR : cf. Les inconnus). Au retour, nous évoquons une potentielle bonne nouvelle : apparemment, comme notre building est situé juste en face du stade, le centre commercial des premiers étages fermera la semaine prochaine. Peut-être que les autorités vont décider de tout fermer. Ce qui serait synonyme de vacances... Mais ne nous emballons pas. Envisageons cette éventualité avec sérénité !


Je m'occupe des accessoires qui nous ont été livres aujourd'hui pendant une heure environ puis nous allons manger avec Emilia et Tracy. Je ne suis encore jamais allée dans le restaurant dans lequel elles m’emmènent. C'est un fast food à la chinoise. Tout le monde est serré. Nous nous installons en face d'un monsieur qui mange tout seul. Enfin, qui mange avec nous maintenant. Les spécialités ici sont des raviolis allongés et des soupes. Emilia m'explique ce que contiennent ces soupes : "Ici, le morceau rouge, tu vois, c'est du sang de porc

- Du quoi ? (Je pense avoir mal compris)

- Du sang de porc"

Ha non, j'ai parfaitement compris en fait. La mission du repas : éviter les morceaux de sang de porc qui flottent dans ma soupe. Je sais que c'est stupide parce que si elle ne me l'avait pas dit, je les aurais certainement mangés. Consciente du ridicule de la situation, j'envisage tout de même de prendre un de ces trucs avec ma cuiller. Mais non, je ne peux pas. Impossible. Et puis il y a plein d'autres choses délicieuses donc pourquoi se focaliser finalement ? Parlant de choses délicieuses, les raviolis avec cette petite sauce...


Ici les fast food portent bien leur nom. Il y a tellement de monde que nous sommes obligées de sortir de table à peine notre assiette terminée.


Dehors, il fait très chaud mais la température est en baisse car un typhon agit en ce moment même au sud de la Chine. Nous profitons donc des effets positifs sans se prendre des trombes d'eau sur la tête. Nous parlons chaussures sur le chemin du retour. Tracy m'explique que ses grands parents se faisaient eux-mêmes leurs chaussures en tressant une partie du riz. Aujourd'hui, cette pratique est encore courante dans les campagnes mais nous n'en voyons pas en ville.


En début d'après midi, nous avançons dans notre projet "visitons tous les postes de police de Shanghai". Cette fois-ci, c'est le bon. Pendant que nous attendons, je constate que la quasi-totalité des gens devant nous retournent chez eux avec leur dossier sous le bras et sans le précieux formulaire d'attestation d'hébergement. Emilia fait la traduction pour un monsieur qui ne semble pas comprendre le chinois et qui se voit expliquer ce qu'il faut faire par l'employée...en chinois. Je m'imagine à sa place et je me dis que j'aurais pris le parti d'en rire après avoir envisagé sérieusement de pleurer.


Tout est bon, j'ai enfin ce papier qui me permettra de renouveler le visa.

Je retourne au bureau. Le temps de boire un peu, de manger une pêche et des gâteaux, de trier des accessoires et de mettre à jour des bases de données, voilà 18 heures qui sonnent.


Dans le métro, les contrôles se renforcent. Aujourd'hui, j'ai appris que des tentatives d'attentats avaient été déjouées il n'y pas longtemps. Un groupe aux mauvaises intentions prévoyait de placer une bombe dans le stade pendant une rencontre. D'ou les contrôles. Enfin, en ce qui me concerne, personne n'a jamais vérifié mon sac. Je ne dois pas avoir la tête de l'emploi ici. Même si je ne suis pas la plus jolie, je n'ai quand même une face de terroriste. C'est déjà ça.


Arrivée chez moi, je me pose tranquillement. Ce soir j'ai prévu d'aller au Zapata's. Mais je me coince le dos en portant mon ordinateur. Donc le programme de ce soir se réduit finalement à rester chez moi, dans mon lit avec ordinateur et bouquin en attendant minuit que Fa se connecte. J'ai du mal à rester éveillée. En plus je ne sais pas trop comment me mettre avec ce mal de dos. Je sais que j'aurai du plus dormir dimanche. Mon dos est toujours le premier à me dire que je suis fatiguée.


Il pleut des trombes d'eau ce soir. Heureusement que je ne suis pas sortie finalement. Si ça se trouve, j'ai un pouvoir que je ne pensais jusque là réservé qu’aux vieilles : le dos qui coince, il va pleuvoir !


Apres avoir discuté avec Fa, je plonge dans une bonne nuit de sommeil.

lundi 28 juillet 2008

Dimanche 27 juillet : Mesdames messieurs, bonsoir.

Aujourd'hui je me lève a midi, encore fatiguée. Ce soir, c’est décidé, je me couche tôt ! Je rejoins tout le monde au Sasha's pour le brunch du dimanche matin. Sortir de chez moi le ventre vide le matin me demande beaucoup de volonté. C'est la raison pour laquelle je suis très très heureuse d'arriver et de me servir une bonne assiette de pastèque, petits pains au chocolat, croissants... Je trouve même des tranches de pain mais elles n'ont pas trop de goût. Mise a part ceci, tout est délicieux. Apres un bol de céréales, nécessaire pour me mettre en route, je me réveille enfin et apprécie ce petit moment qui devient une habitude.


Le Sasha's du dimanche matin, c'est un peu le point de rencontre des potes et des futurs-potes. Notre monde est décidément bien petit...


En sortant, j’apprends que cette maison appartenait autrefois à Tchang Kaï-chek. En me renseignant plus tard, je découvre que madame Mao y a vécu également.


Vers 15 heures, je retourne chez moi. M'installer dans mon canapé avec mon ordinateur sur les genoux fait partie de mes petits plaisirs ici. J'ai besoin de me sentir connectée au reste de la planète. Et aujourd'hui est un grand jour : je parviens enfin à trouver le programme qu'il me manquait pour pouvoir regarder le JT de France 2 sur Internet. J'ai essaye TF1 aussi mais pourquoi choisir de devoir supporter la tête de Claire Chazal alors que je suis à des milliers de km de la France ? Je ne suis pas maso, merci. France 2 convient parfaitement.


Lyna, qui m'a foutu le vent le plus monumental de l'histoire des vents hier accepte de me parler aujourd'hui : "T'es en Chine". J'ai aussi le droit de voir toutes ses affaires en gros plan sur la webcam. J'avoue que je n'ai pas tout bien identifié...


Dans la soirée, rendez-vous Skype avec maman puis avec papi et mamie. Nous tentons la conférence mais je trouve ça plus stressant qu'autre chose.


Je retrouve ensuite les filles au O'Malley's. Comme d'habitude, je me perds pour y aller et j'oublie mon appareil photo. Mais je persiste : j'aime beaucoup cet endroit aux couleurs de mon île préférée. Je n'y prends jamais de Guinness car je sais très bien qu'elle ne sera jamais aussi bonne qu'en Irlande. Cependant, tout le reste y est : la couleur verte, la musique, le décor...


Je ne rentre pas tard car je suis fidèle a ma résolution de ce matin : ce soir, je me couche tôt. Juste le temps de prendre une bonne douche et de regarder le JT de 13 heures, et hop, au dodo. Demain, j'entame ma quatrième semaine ici. Le temps file à toute allure.

dimanche 27 juillet 2008

Samedi 26 juillet : Même en petit, les chinois voient grand.

Le samedi matin, je profite que mon réveil me laisse un peu de répits et je fais une bonne grasse matinée. Je me lève vers 10 heures avec un petit mal de crâne synonyme de lendemain de soirée. J’inaugure ma boite de Doliprane. Je passe la matinée à lire Le Monde pour m’informer un peu de ce qu’il se passe en France et ailleurs. Bizarrement, dans certains articles concernant la Chine, des photos ou des compléments manquent. J’ai du mal à supporter le fait de savoir que je n’ai pas accès à toutes les informations. Par exemple, impossible de rentrer sur Dailymotion ou sur certains contenus de Youtube. Une gentille indication s’inscrit en haut de l’écran : « cette vidéo n’est pas disponible dans votre pays »…

Je retrouve Marion, Marie-Astrid et Charlotte à People Square pour aller manger. Nous nous installons dans un restaurant japonais, une chaine apparemment. Nous y mangeons très bien. Puis Marie-Astrid nous quitte et nous allons visiter le musée de l’urbanisme.




A l’entrée une sculpture dorée accueille les visiteurs. On peut y voir tous les buildings représentatifs de Shanghai ainsi que la perle d’Orient. L’exposition du premier étage est intéressante mais pas extraordinaire.










On peut y voir des photos de Shanghai depuis le début du XXème siècle. Les comparaisons entre nos deux époques sont impressionnantes.








Le Bund qui est aujourd’hui un des lieux à vivre et à voir ici, n’était composé que d’un arbre…






Nous poursuivons la visite et nous tombons sur une maquette reconstituant les rives du Huangpu. Tous les buildings y figurent. Les détails sont extrêmement bien présentés.


Shanghai accueillera en 2010 l’exposition universelle. Les projets sont présentés au musée de l’urbanisme. On peut voir des maquettes et des plans nous expliquant la configuration du futur site. Malheureusement, toutes les inscriptions sont en chinois donc nous ne comprenons strictement rien à tous les panneaux qui semblent développer l’histoire et la progression des travaux. Je trouve que ce petit souci de langage est dommage, surtout pour une exposition universelle…

Nous regardons ensuite le film de promotion de Shanghai pour cette expo. Très beau, émouvant, mais totalement irréaliste. Ciel bleu sur Shanghai, des enfants qui jettent des pétales du haut des bâtiments. Je ne dois pas me promener dans ces quartiers car quand je marche dans la rue, ce ne sont pas des pétales qui me tombent sur la tête mais plutôt l’eau de la clim des restaurants… On peut y voir aussi des gens qui font leur jogging dans les rues. Or pour moi, c’est totalement impossible d’envisager courir deux secondes ici : il fait trop chaud et il y a tellement de pollution qu’au bout de deux foulées, mes poumons jetteraient déjà l’éponge… Enfin, bon, je pense que le but premier de ce film est de faire rêver les gens. Objectif atteint. En espérant que les spectateurs mettent leur sens critique sur « on » en regardant ces images.

Nous passons ensuite dans la pièce suivante. Nous n’en croyons pas nos yeux. La maquette totale de Shanghai occupe une pièce entière du musée à elle toute seule. Tout Shanghai s’étale devant nous.



Je retrouve le bâtiment de mon bureau. Je situe également mon appartement. C’est la première, dernière et donc unique fois que je maitrise parfaitement Shanghai.




En sortant du musée, nous allons faire un tour dans un petit quartier où on peut trouver plein de grossistes pour les coiffeurs. Le paradis des lisseurs à cheveux, des bigoudis, des peignes et des ciseaux. Je n’achète rien, parfaitement consciente de mon impossibilité de faire quoique ce soit avec ma tignasse.

Je retourne chez moi pour passer une fin d’après-midi tranquille et au frais. Puis vers 20h30, je rejoins Arnaud pour aller chez Marie-Astrid. Nous nous mettons d’accord pour partager notre nourriture : il s’occupe du salé, je m’occupe de la salade de fruits. Je m’arrête donc pour acheter quelques fruits. Je ne choisis que des sortes épluchables car l’eau ici n’est pas potable. On n’est jamais trop prudent. C’est donc parti pour 3 pêches, 10 petits abricots et 2 bananes, pour la modique somme de…1 euro. Arrivée chez Marie-Astrid, Arnaud se rend compte que le plat qu’il a acheté contient des cacahuètes. Des pates aux cacahuètes, je n’avais jamais vu ça… Bon, tant pis, je me limiterai à la salade de fruits. La galère de la soirée, c’est d’éplucher les petits abricots…Et je ne veux pas tenter le diable donc je m’atèle à cette tache un certain temps.

Nous passons la soirée sur la terrasse alors que l’air frais commence à se faire ressentir. Vers minuit, je pars retrouver Alban au O’Malley’s, qui ne se situe pas où je pensais en fait…Une petite occasion de découvrir un nouveau quartier car je me perds totalement. Au bout d’une bonne demi-heure de marche, je trouve enfin. Nous passons un petit moment là-bas puis Zapata’s et je rentre chez moi au lever du soleil.

Vendredi 25 juillet : Clivages.

8 heures, je reste un peu au lit car pas de petit déjeuner ce matin. La nuit a été difficile, quelque peu agitée du côté de mon estomac. Cette fois, c'est bel et bien de la nourriture chinoise qui est la source du problème. Enfin bref, je me lève un peu patraque, prête pour la journée.


Je me rends compte que la France me manque plus que ce que j'aurai pu croire. La preuve : comme tous les matins, j'écoute de la musique sur deezer. Aujourd'hui, un peu de Mademoiselle K pour commencer la journée. Je ne sais pas pourquoi mais ça enchaine sur du Sniper. Hé bien je m’écoute avec plaisir "Sans repère" et "Gravé dans la roche"... Une petite psychanalyse s'impose : Mon surmoi est-il fan de Sniper? Non non, j'en doute. Quoique nous sommes sensés ne pas maitriser le surmoi, alors qui sait? En fait, bien sur que la France me manque au quotidien : par exemple, cela va faire trois semaines que je n'ai pas mangé de pain... C'est dur. J'ai même eu une hallucination hier : il y avait des couteaux et des fourchettes dans un panier en osier (type panier à pain), j'ai eu une subite pulsion (tendre la main et attraper un bon morceau pour saucer mon assiette). Pulsion heureusement réprimée à temps. Bon, j'arrête je me fais du mal toute seule.


Tout ceci me manque mais je compense avec toutes les nouvelles choses que je vois ici donc je ne suis pas triste et puis je m'interdis de me poser la question si je suis nostalgique ou pas car d'une part être triste a Shanghai dans mes conditions de vie, c'est indécent et d'autre part, si je commence à vouloir rentrer au bout de trois semaines, je n'imagine pas mon état dans deux mois! Mais bon, un petit Sniper de temps en temps... En plus ce retour dans le passé m'a fait penser à mon frère, le fameux Moncon, dans son époque "baggy, tac tac t'as vu?" Mémorable.


Je ne sais pas ce qu'il se passe avec les taxis en ce moment mais celui de ce matin a encore une fois voulu me faire la discussion. Je dois avoir l'air plus à l'aise, ou alors il se peut que je prononce le nom de la rue avec plus d'accent. Quoiqu’il en soit, désormais, mes phrases sont prêtes. J'y ai même ajouté les conjonctions de subordination...


Petit événement qui rend toujours un peu joyeux : alors que je regarde par la fenêtre de la voiture et que je tente de repérer des bons petits magasins dans le coin, le chauffeur lâche un rot énorme, mine de rien… Je me retiens de dire Gofiot. Je ne peux m’empêcher de sourire. Et hop, un deuxième. Mon sourire se transforme en rire masqué. Pourvu qu’il ne sorte pas le troisième volet, je ne suis pas sure de pouvoir résister. Finalement, c’est bon. Il semble avoir terminé. Il m’arrête devant le bureau puis je m’engage dans le hall pour prendre l’ascenseur et monter au neuvième étage.


Dans les ascenseurs à Shanghai, il y a toujours quelqu’un (que j’ai baptisé « l’excité du bouton ») qui se poste juste devant les boutons des étages. C’est en quelques sorte lui qui prend les choses en main. Toujours dans le souci de ne pas perdre une seconde, deux boutons ont été installés dans tous les ascenseurs : l’un ouvre les portes (ce style est trouvable dans les ascenseurs français) et l’autre les ferme. Notre excité du bouton est celui qui ouvre et ferme. Exemple : tout le monde est dedans ? Il ferme. Ha, quelqu’un veut entrer à la dernière minute ? Il ouvre. Il ferme. Quelqu’un descend au deuxième étage ? Il ouvre puis il ferme. Et si par malheur, je suis celle qui est debout devant les boutons et je juge que si je laisse les portes se fermer toutes seules et donc par voie de conséquence que je perds les fameuses quelques secondes si chères ici : toute l’assemblée de l’ascenseur me regarde en se demandant si j’ai les mains carrées ou si je le fais exprès.


Ce matin, c’est réunion avec BV (Bureau Véritas) qui nous explique les nouvelles méthodes de contrôle des produits entrant en Europe. L’union européenne est de plus en plus stricte et cela pose pas mal de problèmes pour les fournisseurs ici car on leur demande d’être sûr de ce qu’ils vendent et cela engendre des coûts de vérification.


A midi, nous allons acheter des plats à réchauffer au micro-ondes puis nous mangeons au bureau. Ceci nous permet de discuter toutes ensemble. Je sens bien que cela fait trois semaines que je suis ici car nous sommes plus détendues aux repas. Nous parlons anglais et nous nous comprenons car nous nous sommes mutuellement habituées à nos accents respectifs.


La discussion est lancée. Je ne suis pas au bout de mes surprises ce midi…Attention : Tout d’abord, elles m’expliquent que la Chine est composée de différentes nationalités et qu’au nord, les gens ne sont pas comme ici… Je demande quelques précisions : qu’entendent-elles par pas comme ici ? Instant de gêne, traduction en chinois. Elles se mettent d’accord entre elles puis me disent : « tu connais BL ? » (Volontairement je n’écris pas le nom complet. Il s’agit de cet homme qui a décidé un jour de septembre de modifier radicalement l’urbanisme à New York). « Bien voilà, ils sont comme lui. Et aussi, ils ne mangent pas de cochon car ils disent que c’est sale ». Je comprends donc que l’ensemble des musulmans à l’air d’être assimilé à BL et que cette communauté est assez stéréotypée. Je leur dis que cochon en arabe se dit halouf, mais je reste incomprise. Nous parlons décidément une autre langue, à tous les sens du terme bien entendu. J’avoue que je ressens un choc en entendant de tels propos mais je prends le parti de ne pas entamer une discussion qui pourrait être longue et laborieuse. Je ne connais pas assez bien l’histoire de la Chine pour m’aventurer dans de tels débats qui risquent d’être houleux. Je ne veux pas imposer mon point de vue français de façon péremptoire Et j’ai surtout l’impression qu’elles n’ont pas l’habitude d’affronter leurs idées politiques ou autres…


Ensuite, nous parlons des conditions de travail chinoises. Ici, les employés ont droit à 15 jours d’annual leave (jours de congés) par an. En cas de mariage, 15 jours supplémentaires sont attribués et les congés de maternité durent 4 mois. Bien sur, on travaille 40 heures par semaine, si ce n’est plus. Autant dire que le temps libre est très rare. Quand les filles me posent la question fatidique : « Et en France, c’est comment ? », je me dis qu’elles vont ressentir un choc semblable à celui que j’ai pu avoir quelques minutes plus tôt. Je parle donc des 35 heures, des RTT, de nos congés de maternité et de nos vacances…Elles dont du mal à y croire.


Ici, changer de travail est vraiment très difficile donc lorsque l’on a une place, on tient à la garder. Etrangement, les compagnies locales sont réputées être plus avantageuses pour leurs employés. De nombreux avantages en nature leur sont accordés par exemple.


Nous retournons travailler. C’est là dernière après-midi de la semaine. Je vois le week-end approcher. Vers 16 heures, Emilia m’emmène au poste de police pour faire ma déclaration d’hébergement. En marchant, elle m’éclaire sur mon indigestion de la nuit. En fait, j’ai fait tout faux. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si j’ai été malade. Elle me donne trois conseils que je me promets de retenir : déjà, pour ce genre de repas (les fondues), il faut bien choisir son restaurant car il y a beaucoup de viande crue donc il faut que tous les aliments soient bien frais. Ensuite, il faut prendre garde à bien faire cuire la nourriture dans le potage. Et pour finir, il faut boire la soupe avant de plonger raviolis et autres morceaux de viande car une fois que tout ceci a cuit dans le potage, il reste les mauvaises parties de la viande dues à la cuisson. Pourquoi ais-je fait tout faut : nous n’avons pas fait attention et sommes rentrés dans ce restaurant sans connaitre sa réputation. Nous n’avons certainement pas du bien faire cuire les raviolis et j’ai mangé toute la soupe après la cuisson… Voilà pour le pourquoi du comment.


Nous passons à côté du stade de Shanghai. Des centaines de personnes sont en train de faire la queue pour acheter leurs billets. C’est incroyable. La police tente de contenir la foule et essaie d’organiser une ligne droite qui mène aux guichets.


Finalement, nous nous sommes trompées de bureau de police. En fait, chaque quartier a le sien. Je dois aller me déclarer dans un autre. Trop tard pour aujourd’hui car ils ferment à 17 heures. Nous irons donc lundi matin.


Je finalise mon envoi de lunettes de soleil pour la Pologne puis ça y’est je suis en week-end.


Comme tous les vendredi, je vais retirer de l’argent et faire quelques courses à Zhongshan Park. Arrivée dans le centre commercial, je cours vers H&M : je vais enfin pouvoir trouver des chaussures. Je n’ai pas besoin de préciser qu’il y a un monde fou. Je constate que je me comporte étrangement. Effectivement, je me hâte, je pousse les gens. J’ai l’impression que quelqu’un va me prendre la paire de chaussures que je veux. Je considère chaque cliente comme une ennemie potentielle. Ce comportement n’est pas si étrange en fait : je me métamorphose progressivement en shanghaiaise. C’est tout ! Les rayons sont pleins à craquer de tongues taille 40-41. Je n’ai que l’embarras du choix. Et pourtant, je cours, attrape une paire au vol et la tiens fermement. On ne sait jamais.


Ha ! Je vais enfin pouvoir mettre ma robe du marché aux tissus. Je suis d’humeur joviale. Maintenant, je vais chercher mes céréales pour le matin chez Carrefour et je serai comblée de bonheur. A la caisse, je discute un peu avec un chinois qui attend sa femme et donc laisse désespérément passer tout le monde devant lui.


Puis, je rassemble mes forces pour prendre le métro. J’achète une espèce de baguette briochée. Sucrée ? Salée ? Ce sera la surprise !


Il fait tellement chaud aujourd’hui que je n’ai pas le courage de marcher jusque chez moi. C’est le moment ou jamais pour tenter le bus. Le voilà qui arrive. Ha non, le chauffeur ne s’arrête pas puis voyant mon air interloqué me fait signe qu’il ne prend personne. Pas de souci, en voilà un autre. Ha non, toujours pas. Je commence à me poser sérieusement des questions mais je persiste. Cette fois, c’est la bonne. Je prévois à la fois ma carte de transport et des sous car je ne sais pas comment on paye. La carte fait parfaitement l’affaire. C’est parti pour le bus : climatisé avec télévision. La grande classe quand il n’y a presque personne. Il me dépose juste en bas de chez moi. Bus : maitrisé !


Je me pose devant mon ordinateur avec ma baguette. Elle est sucrée. C’est une sorte de brioche fourrée en fait. Un peu de Skype avec mamie.


Puis, j’enfile ma nouvelle robe et mets mes chaussures fraichement achetées. J’ai rendez-vous à 22h30 devant le De la Coast près du Bund. Soirée Open Bar, super musique, ambiance très sympa. Je repars vers 2 heures en taxi. Me voilà partie pour une bonne nuit.

vendredi 25 juillet 2008

Jeudi 24 juillet : Ni hen piaoliang

Ce matin, debout 8 heures. Je n’ai pas beaucoup dormi mais je me réveille de bonne humeur, comme ça pour rien, sans savoir pourquoi, sans savoir comment (NDLR : Thomas Dutronc « Jeune, je ne savais rien »). J’occupe ma matinée à bosser.


Je deviens de plus en plus indépendante au bureau. Cela ne m’empêche pas d’harceler Ada avec mes questions. Je ne sais plus trop comment les formuler d’ailleurs. J’ai l’impression d’avoir écoulé mon stock de tournures possibles. « Excuse me, I’ve a question », « Ada? I think there is a problem here… », « Ada, can you come please, just for a sec? ». J’ai beau prendre des notes de tout ce qu’elle me dit, je me trouve toujours face à de nouveaux cas. Mais je me dis qu’arrivé à un moment, je finirai bien par faire le tour.


Ce midi, nous allons manger dans un restaurant italien. Ce qui suppose donc que nous nous servons de couverts. Je me rends compte que je n’utilise pas mon couteau mais que je mets des heures à essayer de prendre une feuille de salade avec ma fourchette. Les réflexes se prennent aussi vite qu’ils se perdent on dirait. Je mange les pates avec cuiller et fourchette, à l’italienne. Je suis la seule à utiliser cette technique. Pour une fois, c’est moi qui gère à 100%. Inversion des rôles !


Bizarrement, la façon de manger à la chinoise, c’est-à-dire en se penchant dans l’assiette et en aspirant la nourriture ne me dérange pas lorsque nous mangeons dans un restaurant chinois mais devant un plat de pates je deviens vite écœurée. Pourquoi ce formatage ? Mon esprit fonctionne-t-il à ce point en mode binaire ? Tout ceci vient de l’éducation en fait. Hé oui, depuis toute petite, on m’a dit qu’il ne FALLAIT PAS aspirer sa nourriture, que c’était la nourriture qui allait à ma bouche et pas ma bouche qui allait à la nourriture. Résultat : je classe les comportements en deux colonnes : « bien », « pas bien ». Un peu comme dans le Pari « Non, non y a un mec qui fume dans le rétro ». Ce classement influe ensuite mon jugement sur les habitudes des autres et j’en viens à être écœurée. Ceci est ridicule. Je prends donc la décision aujourd’hui même de ne pas énoncer à mes enfants des règles commençant par : il ne faut pas, c’est malpoli ou encore fille ou fils d’imbécile, je t’ai déjà dit de ne pas… Je dirai plutôt quelque chose du genre : Ma/mon chéri(e), si tu veux mettre les coudes sur la table, aspirer tes pates et gober ta soupe bruyamment, il faut aller en Chine. Ici, tu te tiens droit, tu coupes tes pates ou tu les roules et c’est la cuiller qui vient à ta bouche, pas l’inverse. Le maitre mot de cette histoire est : l’ouverture. Je pense qu’il faut éduquer ses enfants en ouvrant et donc en utilisant des phrases positives et non pas en fermant, en utilisant des formules négative. Bon voilà, c’était ma petite réflexion du midi.


Cette après-midi, je recommence le balai des questions. Je reviens chez moi vers 18h30. Sur la route, j’ai l’impression que je vais fondre si je marche trop vite. Aujourd’hui, la température atteint les 38 degrés. Ca ne rigole plus. J’ai juste le temps de me poser un peu, de ranger mon appartement puis je vais chez Arnaud faire des lessives. Il m’envoie la photo de son adresse que je recopie consciencieusement pour le taxi. Justement, il y en a un qui attend en bas de chez moi. Je lui dis l’adresse. Il prend son plan. Ca commence fort. Nous tentons de comparer nos deux plans, le mien en anglais et le sien en chinois, qui ne sont pas à la même échelle de surcroit... Il me passe quelqu’un au téléphone qui tente de faire l’interprète mais ça n’arrange pas nos affaires. Nous finissons par nous en sortir. Il regarde souvent son plan, se perd un peu mais coupe tout de suite le compteur. A mon avis, c’est un tout jeune conducteur. La preuve : il ne fonce pas en klaxonnant sur les bus, vélos, scooters et piétons mais les laisse passer. J’ai même l’impression qu’il tente de garder des distances de sécurité…Non, je rigole ! Il me pose des questions. Je mobilise le peu de mots que je sais et j’en reconnais quelques uns dans ses phrases. Je tente de répondre à ses questions et nous nous en sortons plutôt pas mal. Bien évidemment, comme on me demande toujours plus ou moins la même chose, je commence à être rodée.


Il s'est produit pendant cette virée en taxi un événement capital qui ruine une théorie centrale de ce voyage. Ladite théorie est très simple : de même que nous trouvons certains chinois plus beaux que d'autres, les chinois considèrent surement que certains européens sont plus attirants que d'autres. Malheureusement, il se trouve que selon cet énoncé, tout porte à croire que je me positionne plutôt dans la deuxième catégorie, c’est-à-dire chez les moches. Pourquoi dis-je ceci? Ne serais-je pas bien dans ma peau? Continuerais-je ma crise d'adolescence chargée de complexes?

Non non, pas du tout, tout ce que j'avance est fondé sur une analyse purement factuelle. Et ceci remonte à mon arrivée puis à ma première semaine ici. Un jour, Lucie me lance : « A toi aussi on te dit tout le temps que tu es beautiful et qu'on veut prendre des photos avec toi? » Un grand moment de solitude plus tard je lui réponds que non, jamais... Puis, tous les jours, même question de la part de la top modèle européenne et même réponse de la fille laide aux cheveux qui frisent de temps en temps...Mais je m'y suis rapidement fait. Je suis peut être moche ici, mais bon, en France on m'a déjà dit que j'étais mignonne. Même que Mamadou des vacances VLV! voulait me marier... Voila, on ne peut pas être jolie partout. Je ne dois pas correspondre aux critères de beauté ici.


He bien non, je n'aurai pas du me résigner si vite : le chauffeur de taxi aujourd'hui me sort LA phrase que je n'attendais plus : « Ni hen piaoliang ». Puis voyant que je ne comprends pas tout de suite : "You, beautiful". Super, notre théorie est fausse, je suis potable en Chine. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Bon, je ne veux pas trop en faire non plus...Oh puis si : même qu'il l'a répété deux fois!


J'arrive devant chez Arnaud. Heureusement qu'il m'avait décrit le restaurant d'à côté avant que je parte. Je m'écris : Zhe li! (ici!). Et le taxi-qui-me-trouve-mignonne s’en va.


Nous lançons la première machine à laver. Ca ne parait rien comme ça mais étant donné que toutes les indications (sur la machine, sur la lessive, sur l'adoucissant) sont en chinois, c'est en fait une rude épreuve. Finalement, on fait tout au pifomètre : quantité de lessive, temps de lavage, température, quantité d’adoucissant... J'impose le tri des fringues tout de même : on va essayer de garder une certaine harmonie par machine. Mamies, Maman, si vous me voyiez, vous auriez honte de moi...


Pendant que nos vêtements sont en train de se nettoyer ou de périr (suspense), nous partons manger. Il y a un restaurant qui fait des hot pots (fondue) au coin de la rue. Nous nous installons et nous commandons en copiant un peu sur ce que le couple assis derrière nous a demandé. La serveuse ne peut pas s'empêcher de rire dès que nous la regardons...Il y a des subtilités dans ce pays que je n'ai pas encore captées.


Les serveurs viennent poser une espèce de gros wok sur un réchaud intégré à la table. Puis viennent les aliments que nous avons choisis sur la carte : du porc et des beignets. Nous ne prenons pas grand chose mais ca nous semble bien suffisant. On jette tout ca dans le potage et on attend que ca cuise. Je me fais plaisir et prend un Coca, ce qui fait exploser de rire la serveuse. J'assume totalement, je suis un peu en manque de boisson rouge américaine en ce moment.


Voila une sorte de repas de plus que j'ai testée. C'est délicieux!

Nous remontons pour voir ou en sont nos vêtements. Tout va bien. Propres, frais, et qui sentent bon. Nous sommes des pros en fait! C'est parti pour la deuxième machine. Cette fois, plus d'hésitation.

Pendant ce temps, je fais l'inventaire des DVD laisses par l'ex locataire des lieux. J'en prends quelques uns mais je ne sais vraiment pas quand je les regarderai. Je n'arrête pas depuis que je suis ici. Je n'ai même pas eu le temps de finir le livre que j'avais commencé avant de partir.


Taxi pour rentrer puis Skype et MSN. Je me couche plus tôt que d'habitude. La fin de semaine est toujours un peu dure!

mercredi 23 juillet 2008

Mercredi 23 juillet : Des princesses à Shanghai.

Ce matin, le chauffeur de taxi est bien motivé pour faire la conversation. J’ai beau lui dire que je ne comprends pas, il insiste. Finalement, il a raison d’être persistant car nous sommes parvenus à tenir une discussion à peu près sensée. Je lui dis que je viens de France, que je reste ici trois mois pour travailler et que c’est la première fois que je viens en Chine. Puis nous parlons un peu des JO. Enfin, il me dit juste qu’il ne va pas aller voir le football parce qu’il doit travailler à ce moment là. Shanghai est effectivement la ville dans laquelle vont se dérouler tous les matchs de foot des Jeux. Le quartier du stage, c’est-à-dire où je travaille va être complètement fermé pendant cette période. C’est déjà la galère en temps normal, je n’ose même pas imaginer ce que cela va être !

A peine arrivée au bureau, j’ai déjà droit à gouter des petites friandises. Cette fois ci, ce sont des sortes de bonbons. Les filles joignent leurs efforts pour m’expliquer ce que c’est exactement. Nous finissons par nous en sortir grâce à des bouquins de traduction : des pruneaux. Pas mauvais mais pas délicieux non plus. Encore une fois, j’ai recours aux Kiss Cool. Et encore une fois, je me dis que je compte bien m’y habituer. Je ressaierai demain.


J’ai pas mal de choses à faire étant donné qu’Annie n’est pas là. J’assiste à une réunion avec un fournisseur qui m’a fait la cérémonie de la carte de visite. Il faut que j’explique ceci : ici, les cartes de visite sont très importantes. Tout le monde en a une et la sort à n’importe quelle occasion. Pour la recevoir, il faut tendre les deux mains et la saisir entre les pouces et les index. Ensuite, il ne faut surtout pas la ranger sans l’avoir lu précautionneusement. Cela pourrait être très mal pris.


Sur la route du déjeuner, Emilia me conseille des endroits à visiter. Je fais ainsi mon planning du weekend. Il sera bien chargé si je fais tout ce qui est prévu. A table, nous reparlons de ce qu’a voulu m’expliquer Tracy hier. J’avoue que je n’avais pas compris grand-chose. En fait, elle voulait me parler de l’animal résultant du croisement entre un cheval et un âne… Ok, nous maitrisons tellement bien la communication que nous pouvons passer à un niveau supérieur…


Puis ensuite, Emilia m’explique la différence entre les rouleaux de printemps et les raviolis. Cela dépend des pays et des régions en fait. Les nems que nous connaissons en France sont des spécialités Vietnamiennes. Les nems chinois eux ne contiennent pas de vermicelles, sont beaucoup moins compacts et beaucoup plus larges. Niveau raviolis, on peut en distinguer deux sortes selon la forme qu’ils ont : ils viennent soit du Nord (bei) ou du Sud (nan).


Cette après-midi, je bosse sur des nouveaux échantillons et j’apprends des nouveaux mots chinois. Je passe aux choses sérieuses, j’emmène mon bouquin de cours au boulot et entre deux « missions » confiées par Ada : un peu de chinois.


Je quitte le boulot à 18 heures, direction People Square. Je flâne un peu dans les différents centres commerciaux à la recherche d’un H&M pour me trouver enfin des chaussures qui vont avec ma nouvelle robe. Je me balade aussi dans le métro à la quête de petites babioles inutiles mais qui font toujours plaisir. Des marchands ambulants disposent leurs étalages de part et d’autre des couloirs du métro. Je regarde donc tranquillement. Enfin, ici la tranquillité est relative. Je devrais plutôt dire bringballée au grès des marcheurs les plus pressés. Tout d’un coup, tous ces marchands remballent leurs produits. Ils resserrent les quatre coins des grands morceaux de tissus sur lesquels tous leurs gadgets sont posés puis s’en vont en courant. Je ne la vois pas mais je me doute que la police est sur le point d’arriver. Je regarde ce spectacle, ébahie. Certains trouvent cette situation comique, les enfants par exemple. En revanche, on peut lire dans les yeux et sur le visage des plus vieux une lassitude amère. On devine que fuir la police est l’histoire de leur vie…


A 19 heures, je retrouve Emilie. Nous nous promenons un peu sur Nanjing Lu puis nous entrons dans un petit restaurant. Heureusement qu’une serveuse nous décrit le contenu de chaque plat car on a bien failli se retrouver avec des pieds de porcs et des pieds de poulet. (Oui je sais, ça doit ne pas être facile pour marcher). Enfin bref, je veux bien goûter plein de choses mais pas les pieds d’être qui fut jadis vivant. Quoique, je mange des racines de Lotus. Or les racines peuvent être considérées comme des pieds et les lotus sont vivants. Je modifie donc ma formule et ça donne : « pas les pieds qui ont servis à un être vivant pour se déplacer, creuser un trou ou taper un pote ». Cette fois-ci c’est bon. Nous mangeons donc un potage, tout ce qu’il y a de plus simple. Pourtant dès la fin du repas, j’ai un mal de ventre atroce. Nous sortons prendre l’air mais ça ne va toujours pas mieux. A ce moment, je me demande si le vomissement dans la rue est passible de prison ici…Ce qui serait fort possible. Mauvaise idée : ça me donne encore plus envie. De la peur ou de la rébellion ? Peut-être un mélange des deux. Finalement, nous rentrons dans un McDo et nous restons là à discuter une bonne heure, sous la clim et devant les toilettes…Très très classe.


Sur le coup de 21h30, je me ressens d’attaque. Nous allons au Mural. C’est un bar qui fait Ladies Night avec manucures gratuites et autres surprises pour les filles. Que du bon !

Dès que nous arrivons, nous repérons une table sur laquelle sont disposés de nombreux flacons de vernis à ongles. Objectif atteint. Nous nous installons, choisissons notre couleur et c’est parti. Le résultat est impeccable : en deux couches s’il vous plait !

Juste à côté, un coiffeur du plus haut de sa créativité manie le sèche cheveux à une vitesse incroyable.

Après un petit cocktail, nous passons entre ses mains. Emilie commence.













Puis c’est à mon tour. Je le vois un peu perplexe. Inutile d’expliquer pourquoi je pense… Il s’y reprend à trois fois avant de se lancer dans une sculpture cheveluresque. Finalement, ce n’est pas si mal. C’est particulier mais pas si mal. Très original. Bref, nous passons une très bonne soirée à nous faire chouchouter, deux vraies princesses. Faut que je fasse attention, on s’habitue vite !




Je rentre chez moi pour minuit mais Fa n’est pas là. Il a du se convertir et doit prier dans une mosquée à l’heure qu’il est.

mardi 22 juillet 2008

Mardi 22 juillet : Piment : la jiao.

J’ai du mal à émerger ce matin. Même après le petit déjeuner, j’ai l’esprit embrouillé. Heureusement, ici, on ne peut pas rester endormi bien longtemps : la descente rapide des 27 étages, la chaleur prise de plein fouet à la sortie de mon immeuble climatisé et les dizaines de scooters, mobilettes et autres engins à moteurs sont là pour nous rappeler qu’il faut être à 100% efficace dès le matin. Je trouve une fois de plus un taxi du premier coup et j’arrive au bureau à 9 heures pile.


La matinée commence bien : Joyce pose sur chacun de nos bureaux un paquet de cookies aromatisés. Je tombe sur le parfum du roi des fruits. Le fameux dont me parlait Emilia hier. Voilà une occasion de gouter… Effectivement, ce fruit a un gout bien particulier, mais alors très très particulier. Je vais essayer de m’y habituer mais en attendant, je me félicite d’avoir rangé des Kiss Cool dans mon sac à main. J’en prends un discrètement…Et ça va mieux !


Ce matin, je remplis des formulaires Excel pour les colis UPS qui sont envoyés aujourd’hui. Comme mon ordinateur a un souci, l’informaticien s’installe à mon bureau. SBF (Sans bureau Fixe), je retrouve donc mon bouquin de chinois et bien sur mes classeurs à vider.


Aujourd’hui, le repas a été sportif. Comme d’habitude, j’ai très faim à partir de 11h30. Donc lorsque Ada vient me dire « Time for lunch », je saute sur mon sac à main, enlève mon gilet et me poste devant la porte. Nous allons dans le petit restaurant qui sert les plats de la région du Hunan. Sur la route, nous discutons et une des filles me dit qu’elle a déjà été à Lille. Elle trouve cette ville très calme. Ha, ça c’est sûr, disons qu’à 22 heures, les magasins sont fermés, qu’on peut traverser la route sans se faire écraser pas trois bus et qu’il faut commander un taxi si on veut être sûr d’en avoir dans la demi-heure…


Au début du repas, les filles discutent avec moi, en anglais et un peu en français. Puis elles se mettent au chinois. Je me retrouve seul avec mes baguettes et mes bons petits plats. Ce n’est pas pour me déplaire. Dans ma tête se déroule une petite conversation intime : « Oula, génial, ils ramènent le plat avec les petits bouts de viande, pourvu qu’ils le mettent en face de mon assiette…yes ! ». Et plus tard « Oh non, leur soupe de navet, mmmh. J’en connais une qui va se régaler » « Ok, il faut que j’arrive à attraper le morceau de légume là-bas sans en mettre partout…héhé, mission réussie…je deviens plutôt douée avec les baguettes… » Bref, prise de tout mon âme dans cet échange interne, je n’ai pas trop levé les yeux de mon assiette. Il faut dire que ce n’est pas malpoli ici. Quand les plats arrivent, tout le monde se jette plus ou moins dessus, baguettes en avant. Mais je devrais mieux observer ce qu’il se passe autour de moi. Les filles ne mangent pas tout ce qu’elles prennent. Elles laissent effectivement des morceaux verts et rouges. Moi je commence à avoir la bouche en feu, les lèvres rouge vif et des sueurs dans le dos. Oui, je suis bel et bien en train de manger tous les piments des plats. A la fin, elles me disent qu’elles me trouvent très forte parce que j’ai tout avalé…si j’avais su. Et puis ce n’est pas la soupe bouillante qui peut m’apaiser. Il n’y a plus qu’à attendre. On dit toujours que le temps fait bien les choses. J’espère qu’il me rendra ma bouche dans un était normal d’ici peu…


Nous n’avons plus entendu parler de la chronique « un jour, un mot » depuis un certain temps. C’est vrai qu’elle pourrait plutôt s’appeler : « Un mot de temps en temps » ou « Un jour, peut-être un mot ». En fait, c’est Tracy qui m’aide à enrichir mon vocabulaire donc quand elle mange avec nous le midi, je sais qu’il ne faut pas que j’oublie ma mémoire au bureau. Aujourd’hui, Tracy est là et en pleine forme car j’ai droit à deux mots :

Chaise : yi zi

Piment : la jiao. Celui-là est de circonstance.


Lors de ce repas, je constate que je commence à voir les déjeuners différemment maintenant. Etant donné que je connais généralement ce qu’on va manger, la phase de découverte est terminée. J’ai entamé l’étape de « profitons un maximum de ces bonnes choses ». Une preuve de ce changement ? Je parviens désormais à remplir ma bouche avec un seul trajet de baguette.


Petite réflexion : dans la rue et en général, je me rends compte qu’il y a deux types de français ici. Tout d’abord, il y a ceux qui lorsqu’ils me croisent me font un sourire, ou me regarde d’un air sous-entendu : « nous sommes dans le même bateau ». Ils ne sont pas nombreux du tout. Et puis il y a ceux qui ne décrochent pas un regard, ou si ils m’accordent tout de même une ou deux secondes de leur attention, j’ai l’impression que c’est pour me laisser entendre : « Je suis un habitué ici. Je sais exactement où je vais. J’ai conquis une partie de cette ville et j’ai de l’avance sur toi. Je suis ici chez moi ». Cela vient certainement du fait que lorsque l’on parvient enfin à trouver ses repères dans une ville comme Shanghai, je pense que l’on ne peut pas s’empêcher d’éprouver une sorte de fierté pour soi-même et c’est tout à fait normal. Mais pourquoi ne pas faire partager son expérience ? Peut-être que je me trompe complètement et que la majorité des français appartient à la première catégorie. Alors comment expliquer cette attitude ? J’ai une réponse à cette question : les chinois dans la rue nous observent tellement que j’ai l’impression que l’on a tendance à se cacher derrière une carapace quand on sort. Et c’est clairement de l’inimitié qui est inscrite sur nos visages. En tous cas, je sais que cette explication est valable pour moi. L’autre jour, je me suis fait presque peur en me regardant dans la vitre du métro tellement mon visage était fermé.


Cette après-midi, je retrouve mon statut de SBF.


A 18 heures, je vais dans le petit supermarché qu’Emilia m’a montré hier : Watson. J’y achète du savon pour les mains. Je répartis mes courses sur les différents soirs de la semaine car il fait très chaud donc je ne peux pas me permettre de trimbaler des kilos en une fois. Je prends le métro et je m’arrête dans un autre supermarché pour acheter de quoi faire la vaisselle. Je ne revis pas la même galère que pour la lessive mais pas loin…


Ce soir, petit restaurant italien entre filles de l’Edhec et une copine de Marion qui se joint à nous. Ce restaurant se situe près de la station de métro de Chanshu lu. Je n’y suis encore jamais allée. Je passe par le côté nord de ma rue. Il y a là plein de petites boutiques très sympas. Je crois que je vais être obligée de venir faire un tour dans ce coin assez rapidement…


Très bon repas mais je préfère largement la cuisine chinoise. Je crois que je vais avoir du mal à m’en passer maintenant !


Il est 23h30 quand je reviens chez moi. Pendant que je Skype Julien, maman m’apprend que le petit nouveau Florent fait savoir qu’il voudrait peut-être pointer le bout de son nez… Serait-ce pour cette nuit ?