dimanche 27 juillet 2008

Vendredi 25 juillet : Clivages.

8 heures, je reste un peu au lit car pas de petit déjeuner ce matin. La nuit a été difficile, quelque peu agitée du côté de mon estomac. Cette fois, c'est bel et bien de la nourriture chinoise qui est la source du problème. Enfin bref, je me lève un peu patraque, prête pour la journée.


Je me rends compte que la France me manque plus que ce que j'aurai pu croire. La preuve : comme tous les matins, j'écoute de la musique sur deezer. Aujourd'hui, un peu de Mademoiselle K pour commencer la journée. Je ne sais pas pourquoi mais ça enchaine sur du Sniper. Hé bien je m’écoute avec plaisir "Sans repère" et "Gravé dans la roche"... Une petite psychanalyse s'impose : Mon surmoi est-il fan de Sniper? Non non, j'en doute. Quoique nous sommes sensés ne pas maitriser le surmoi, alors qui sait? En fait, bien sur que la France me manque au quotidien : par exemple, cela va faire trois semaines que je n'ai pas mangé de pain... C'est dur. J'ai même eu une hallucination hier : il y avait des couteaux et des fourchettes dans un panier en osier (type panier à pain), j'ai eu une subite pulsion (tendre la main et attraper un bon morceau pour saucer mon assiette). Pulsion heureusement réprimée à temps. Bon, j'arrête je me fais du mal toute seule.


Tout ceci me manque mais je compense avec toutes les nouvelles choses que je vois ici donc je ne suis pas triste et puis je m'interdis de me poser la question si je suis nostalgique ou pas car d'une part être triste a Shanghai dans mes conditions de vie, c'est indécent et d'autre part, si je commence à vouloir rentrer au bout de trois semaines, je n'imagine pas mon état dans deux mois! Mais bon, un petit Sniper de temps en temps... En plus ce retour dans le passé m'a fait penser à mon frère, le fameux Moncon, dans son époque "baggy, tac tac t'as vu?" Mémorable.


Je ne sais pas ce qu'il se passe avec les taxis en ce moment mais celui de ce matin a encore une fois voulu me faire la discussion. Je dois avoir l'air plus à l'aise, ou alors il se peut que je prononce le nom de la rue avec plus d'accent. Quoiqu’il en soit, désormais, mes phrases sont prêtes. J'y ai même ajouté les conjonctions de subordination...


Petit événement qui rend toujours un peu joyeux : alors que je regarde par la fenêtre de la voiture et que je tente de repérer des bons petits magasins dans le coin, le chauffeur lâche un rot énorme, mine de rien… Je me retiens de dire Gofiot. Je ne peux m’empêcher de sourire. Et hop, un deuxième. Mon sourire se transforme en rire masqué. Pourvu qu’il ne sorte pas le troisième volet, je ne suis pas sure de pouvoir résister. Finalement, c’est bon. Il semble avoir terminé. Il m’arrête devant le bureau puis je m’engage dans le hall pour prendre l’ascenseur et monter au neuvième étage.


Dans les ascenseurs à Shanghai, il y a toujours quelqu’un (que j’ai baptisé « l’excité du bouton ») qui se poste juste devant les boutons des étages. C’est en quelques sorte lui qui prend les choses en main. Toujours dans le souci de ne pas perdre une seconde, deux boutons ont été installés dans tous les ascenseurs : l’un ouvre les portes (ce style est trouvable dans les ascenseurs français) et l’autre les ferme. Notre excité du bouton est celui qui ouvre et ferme. Exemple : tout le monde est dedans ? Il ferme. Ha, quelqu’un veut entrer à la dernière minute ? Il ouvre. Il ferme. Quelqu’un descend au deuxième étage ? Il ouvre puis il ferme. Et si par malheur, je suis celle qui est debout devant les boutons et je juge que si je laisse les portes se fermer toutes seules et donc par voie de conséquence que je perds les fameuses quelques secondes si chères ici : toute l’assemblée de l’ascenseur me regarde en se demandant si j’ai les mains carrées ou si je le fais exprès.


Ce matin, c’est réunion avec BV (Bureau Véritas) qui nous explique les nouvelles méthodes de contrôle des produits entrant en Europe. L’union européenne est de plus en plus stricte et cela pose pas mal de problèmes pour les fournisseurs ici car on leur demande d’être sûr de ce qu’ils vendent et cela engendre des coûts de vérification.


A midi, nous allons acheter des plats à réchauffer au micro-ondes puis nous mangeons au bureau. Ceci nous permet de discuter toutes ensemble. Je sens bien que cela fait trois semaines que je suis ici car nous sommes plus détendues aux repas. Nous parlons anglais et nous nous comprenons car nous nous sommes mutuellement habituées à nos accents respectifs.


La discussion est lancée. Je ne suis pas au bout de mes surprises ce midi…Attention : Tout d’abord, elles m’expliquent que la Chine est composée de différentes nationalités et qu’au nord, les gens ne sont pas comme ici… Je demande quelques précisions : qu’entendent-elles par pas comme ici ? Instant de gêne, traduction en chinois. Elles se mettent d’accord entre elles puis me disent : « tu connais BL ? » (Volontairement je n’écris pas le nom complet. Il s’agit de cet homme qui a décidé un jour de septembre de modifier radicalement l’urbanisme à New York). « Bien voilà, ils sont comme lui. Et aussi, ils ne mangent pas de cochon car ils disent que c’est sale ». Je comprends donc que l’ensemble des musulmans à l’air d’être assimilé à BL et que cette communauté est assez stéréotypée. Je leur dis que cochon en arabe se dit halouf, mais je reste incomprise. Nous parlons décidément une autre langue, à tous les sens du terme bien entendu. J’avoue que je ressens un choc en entendant de tels propos mais je prends le parti de ne pas entamer une discussion qui pourrait être longue et laborieuse. Je ne connais pas assez bien l’histoire de la Chine pour m’aventurer dans de tels débats qui risquent d’être houleux. Je ne veux pas imposer mon point de vue français de façon péremptoire Et j’ai surtout l’impression qu’elles n’ont pas l’habitude d’affronter leurs idées politiques ou autres…


Ensuite, nous parlons des conditions de travail chinoises. Ici, les employés ont droit à 15 jours d’annual leave (jours de congés) par an. En cas de mariage, 15 jours supplémentaires sont attribués et les congés de maternité durent 4 mois. Bien sur, on travaille 40 heures par semaine, si ce n’est plus. Autant dire que le temps libre est très rare. Quand les filles me posent la question fatidique : « Et en France, c’est comment ? », je me dis qu’elles vont ressentir un choc semblable à celui que j’ai pu avoir quelques minutes plus tôt. Je parle donc des 35 heures, des RTT, de nos congés de maternité et de nos vacances…Elles dont du mal à y croire.


Ici, changer de travail est vraiment très difficile donc lorsque l’on a une place, on tient à la garder. Etrangement, les compagnies locales sont réputées être plus avantageuses pour leurs employés. De nombreux avantages en nature leur sont accordés par exemple.


Nous retournons travailler. C’est là dernière après-midi de la semaine. Je vois le week-end approcher. Vers 16 heures, Emilia m’emmène au poste de police pour faire ma déclaration d’hébergement. En marchant, elle m’éclaire sur mon indigestion de la nuit. En fait, j’ai fait tout faux. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si j’ai été malade. Elle me donne trois conseils que je me promets de retenir : déjà, pour ce genre de repas (les fondues), il faut bien choisir son restaurant car il y a beaucoup de viande crue donc il faut que tous les aliments soient bien frais. Ensuite, il faut prendre garde à bien faire cuire la nourriture dans le potage. Et pour finir, il faut boire la soupe avant de plonger raviolis et autres morceaux de viande car une fois que tout ceci a cuit dans le potage, il reste les mauvaises parties de la viande dues à la cuisson. Pourquoi ais-je fait tout faut : nous n’avons pas fait attention et sommes rentrés dans ce restaurant sans connaitre sa réputation. Nous n’avons certainement pas du bien faire cuire les raviolis et j’ai mangé toute la soupe après la cuisson… Voilà pour le pourquoi du comment.


Nous passons à côté du stade de Shanghai. Des centaines de personnes sont en train de faire la queue pour acheter leurs billets. C’est incroyable. La police tente de contenir la foule et essaie d’organiser une ligne droite qui mène aux guichets.


Finalement, nous nous sommes trompées de bureau de police. En fait, chaque quartier a le sien. Je dois aller me déclarer dans un autre. Trop tard pour aujourd’hui car ils ferment à 17 heures. Nous irons donc lundi matin.


Je finalise mon envoi de lunettes de soleil pour la Pologne puis ça y’est je suis en week-end.


Comme tous les vendredi, je vais retirer de l’argent et faire quelques courses à Zhongshan Park. Arrivée dans le centre commercial, je cours vers H&M : je vais enfin pouvoir trouver des chaussures. Je n’ai pas besoin de préciser qu’il y a un monde fou. Je constate que je me comporte étrangement. Effectivement, je me hâte, je pousse les gens. J’ai l’impression que quelqu’un va me prendre la paire de chaussures que je veux. Je considère chaque cliente comme une ennemie potentielle. Ce comportement n’est pas si étrange en fait : je me métamorphose progressivement en shanghaiaise. C’est tout ! Les rayons sont pleins à craquer de tongues taille 40-41. Je n’ai que l’embarras du choix. Et pourtant, je cours, attrape une paire au vol et la tiens fermement. On ne sait jamais.


Ha ! Je vais enfin pouvoir mettre ma robe du marché aux tissus. Je suis d’humeur joviale. Maintenant, je vais chercher mes céréales pour le matin chez Carrefour et je serai comblée de bonheur. A la caisse, je discute un peu avec un chinois qui attend sa femme et donc laisse désespérément passer tout le monde devant lui.


Puis, je rassemble mes forces pour prendre le métro. J’achète une espèce de baguette briochée. Sucrée ? Salée ? Ce sera la surprise !


Il fait tellement chaud aujourd’hui que je n’ai pas le courage de marcher jusque chez moi. C’est le moment ou jamais pour tenter le bus. Le voilà qui arrive. Ha non, le chauffeur ne s’arrête pas puis voyant mon air interloqué me fait signe qu’il ne prend personne. Pas de souci, en voilà un autre. Ha non, toujours pas. Je commence à me poser sérieusement des questions mais je persiste. Cette fois, c’est la bonne. Je prévois à la fois ma carte de transport et des sous car je ne sais pas comment on paye. La carte fait parfaitement l’affaire. C’est parti pour le bus : climatisé avec télévision. La grande classe quand il n’y a presque personne. Il me dépose juste en bas de chez moi. Bus : maitrisé !


Je me pose devant mon ordinateur avec ma baguette. Elle est sucrée. C’est une sorte de brioche fourrée en fait. Un peu de Skype avec mamie.


Puis, j’enfile ma nouvelle robe et mets mes chaussures fraichement achetées. J’ai rendez-vous à 22h30 devant le De la Coast près du Bund. Soirée Open Bar, super musique, ambiance très sympa. Je repars vers 2 heures en taxi. Me voilà partie pour une bonne nuit.

1 commentaire:

Unknown a dit…

J'écoute toujours Sniper, quand ça me prend haha =)

Merci pour la dédicasse en tout cas ;)