Ce matin, rien ne va plus. Je prends deux fois plus de temps pour me préparer que les autres jours. Puis j'arrive devant l'ascenseur qui semble ne pas fonctionner. Effectivement lorsque je tape "1" sur le clavier, des XX s’affichent. Ici, quand les ascenseurs tombent en panne, on ne peut pas affronter l'événement sans préparation psychologique. Parce que descendre 27 étages à pied... il y a mieux comme situation. Par exemple quelqu'un qui arrive à ce moment là et qui me montre le monte charge. Tout le monde passe par là donc inutile de dire qu'il n y a plus le moindre petit espace une fois que je monte dedans. En bas, les gens font la queue pour monter.
Puis, je mets du temps à trouver un taxi. Il y a des bouchons sur la route. Et j'arrive enfin au boulot. Avec du retard, certes mais j'arrive.
Nous partons au poste de police que nous a indiqué le policier d'hier. Le chauffeur nous attend en bas du boulot et nous conduit devant un bâtiment d'une apparence quelconque, entre le préfabriqué et la petite maison délaissée. Je ne comprends pas ce qu'il se passe quand Emilia s'adresse au fonctionnaire mais ca ne semble pas se passer de la meilleure façon que ce soit. Effectivement, ce n'est pas encore le bon poste. J'admire la patience d'Emilia.
Le chauffeur nous dépose devant un autre bâtiment, cette fois beaucoup plus vieux, vétuste et sale. La totale. Lorsque le policier prend le dossier en crachant à moitié et le pose sur un bureau aux tâches douteuses, je ne peux m'empêcher de constater que les feuilles que nous avons apporté représentent à elles seules la couleur blanche dans ce local poussiéreux. La encore, cela ne semble pas se passer au mieux. Il nous manque un papier. Heureusement qu'Emilia m'accompagne. Je n'aurai pas pu m'en sortir toute seule.
Nous revenons donc brecouilles comme on dit dans le Bouchonois (NDLR : cf. Les inconnus). Au retour, nous évoquons une potentielle bonne nouvelle : apparemment, comme notre building est situé juste en face du stade, le centre commercial des premiers étages fermera la semaine prochaine. Peut-être que les autorités vont décider de tout fermer. Ce qui serait synonyme de vacances... Mais ne nous emballons pas. Envisageons cette éventualité avec sérénité !
Je m'occupe des accessoires qui nous ont été livres aujourd'hui pendant une heure environ puis nous allons manger avec Emilia et Tracy. Je ne suis encore jamais allée dans le restaurant dans lequel elles m’emmènent. C'est un fast food à la chinoise. Tout le monde est serré. Nous nous installons en face d'un monsieur qui mange tout seul. Enfin, qui mange avec nous maintenant. Les spécialités ici sont des raviolis allongés et des soupes. Emilia m'explique ce que contiennent ces soupes : "Ici, le morceau rouge, tu vois, c'est du sang de porc
- Du quoi ? (Je pense avoir mal compris)
- Du sang de porc"
Ha non, j'ai parfaitement compris en fait. La mission du repas : éviter les morceaux de sang de porc qui flottent dans ma soupe. Je sais que c'est stupide parce que si elle ne me l'avait pas dit, je les aurais certainement mangés. Consciente du ridicule de la situation, j'envisage tout de même de prendre un de ces trucs avec ma cuiller. Mais non, je ne peux pas. Impossible. Et puis il y a plein d'autres choses délicieuses donc pourquoi se focaliser finalement ? Parlant de choses délicieuses, les raviolis avec cette petite sauce...
Ici les fast food portent bien leur nom. Il y a tellement de monde que nous sommes obligées de sortir de table à peine notre assiette terminée.
Dehors, il fait très chaud mais la température est en baisse car un typhon agit en ce moment même au sud de la Chine. Nous profitons donc des effets positifs sans se prendre des trombes d'eau sur la tête. Nous parlons chaussures sur le chemin du retour. Tracy m'explique que ses grands parents se faisaient eux-mêmes leurs chaussures en tressant une partie du riz. Aujourd'hui, cette pratique est encore courante dans les campagnes mais nous n'en voyons pas en ville.
En début d'après midi, nous avançons dans notre projet "visitons tous les postes de police de Shanghai". Cette fois-ci, c'est le bon. Pendant que nous attendons, je constate que la quasi-totalité des gens devant nous retournent chez eux avec leur dossier sous le bras et sans le précieux formulaire d'attestation d'hébergement. Emilia fait la traduction pour un monsieur qui ne semble pas comprendre le chinois et qui se voit expliquer ce qu'il faut faire par l'employée...en chinois. Je m'imagine à sa place et je me dis que j'aurais pris le parti d'en rire après avoir envisagé sérieusement de pleurer.
Tout est bon, j'ai enfin ce papier qui me permettra de renouveler le visa.
Je retourne au bureau. Le temps de boire un peu, de manger une pêche et des gâteaux, de trier des accessoires et de mettre à jour des bases de données, voilà 18 heures qui sonnent.
Dans le métro, les contrôles se renforcent. Aujourd'hui, j'ai appris que des tentatives d'attentats avaient été déjouées il n'y pas longtemps. Un groupe aux mauvaises intentions prévoyait de placer une bombe dans le stade pendant une rencontre. D'ou les contrôles. Enfin, en ce qui me concerne, personne n'a jamais vérifié mon sac. Je ne dois pas avoir la tête de l'emploi ici. Même si je ne suis pas la plus jolie, je n'ai quand même une face de terroriste. C'est déjà ça.
Arrivée chez moi, je me pose tranquillement. Ce soir j'ai prévu d'aller au Zapata's. Mais je me coince le dos en portant mon ordinateur. Donc le programme de ce soir se réduit finalement à rester chez moi, dans mon lit avec ordinateur et bouquin en attendant minuit que Fa se connecte. J'ai du mal à rester éveillée. En plus je ne sais pas trop comment me mettre avec ce mal de dos. Je sais que j'aurai du plus dormir dimanche. Mon dos est toujours le premier à me dire que je suis fatiguée.
Il pleut des trombes d'eau ce soir. Heureusement que je ne suis pas sortie finalement. Si ça se trouve, j'ai un pouvoir que je ne pensais jusque là réservé qu’aux vieilles : le dos qui coince, il va pleuvoir !
Apres avoir discuté avec Fa, je plonge dans une bonne nuit de sommeil.
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