mardi 22 juillet 2008

Mardi 22 juillet : Piment : la jiao.

J’ai du mal à émerger ce matin. Même après le petit déjeuner, j’ai l’esprit embrouillé. Heureusement, ici, on ne peut pas rester endormi bien longtemps : la descente rapide des 27 étages, la chaleur prise de plein fouet à la sortie de mon immeuble climatisé et les dizaines de scooters, mobilettes et autres engins à moteurs sont là pour nous rappeler qu’il faut être à 100% efficace dès le matin. Je trouve une fois de plus un taxi du premier coup et j’arrive au bureau à 9 heures pile.


La matinée commence bien : Joyce pose sur chacun de nos bureaux un paquet de cookies aromatisés. Je tombe sur le parfum du roi des fruits. Le fameux dont me parlait Emilia hier. Voilà une occasion de gouter… Effectivement, ce fruit a un gout bien particulier, mais alors très très particulier. Je vais essayer de m’y habituer mais en attendant, je me félicite d’avoir rangé des Kiss Cool dans mon sac à main. J’en prends un discrètement…Et ça va mieux !


Ce matin, je remplis des formulaires Excel pour les colis UPS qui sont envoyés aujourd’hui. Comme mon ordinateur a un souci, l’informaticien s’installe à mon bureau. SBF (Sans bureau Fixe), je retrouve donc mon bouquin de chinois et bien sur mes classeurs à vider.


Aujourd’hui, le repas a été sportif. Comme d’habitude, j’ai très faim à partir de 11h30. Donc lorsque Ada vient me dire « Time for lunch », je saute sur mon sac à main, enlève mon gilet et me poste devant la porte. Nous allons dans le petit restaurant qui sert les plats de la région du Hunan. Sur la route, nous discutons et une des filles me dit qu’elle a déjà été à Lille. Elle trouve cette ville très calme. Ha, ça c’est sûr, disons qu’à 22 heures, les magasins sont fermés, qu’on peut traverser la route sans se faire écraser pas trois bus et qu’il faut commander un taxi si on veut être sûr d’en avoir dans la demi-heure…


Au début du repas, les filles discutent avec moi, en anglais et un peu en français. Puis elles se mettent au chinois. Je me retrouve seul avec mes baguettes et mes bons petits plats. Ce n’est pas pour me déplaire. Dans ma tête se déroule une petite conversation intime : « Oula, génial, ils ramènent le plat avec les petits bouts de viande, pourvu qu’ils le mettent en face de mon assiette…yes ! ». Et plus tard « Oh non, leur soupe de navet, mmmh. J’en connais une qui va se régaler » « Ok, il faut que j’arrive à attraper le morceau de légume là-bas sans en mettre partout…héhé, mission réussie…je deviens plutôt douée avec les baguettes… » Bref, prise de tout mon âme dans cet échange interne, je n’ai pas trop levé les yeux de mon assiette. Il faut dire que ce n’est pas malpoli ici. Quand les plats arrivent, tout le monde se jette plus ou moins dessus, baguettes en avant. Mais je devrais mieux observer ce qu’il se passe autour de moi. Les filles ne mangent pas tout ce qu’elles prennent. Elles laissent effectivement des morceaux verts et rouges. Moi je commence à avoir la bouche en feu, les lèvres rouge vif et des sueurs dans le dos. Oui, je suis bel et bien en train de manger tous les piments des plats. A la fin, elles me disent qu’elles me trouvent très forte parce que j’ai tout avalé…si j’avais su. Et puis ce n’est pas la soupe bouillante qui peut m’apaiser. Il n’y a plus qu’à attendre. On dit toujours que le temps fait bien les choses. J’espère qu’il me rendra ma bouche dans un était normal d’ici peu…


Nous n’avons plus entendu parler de la chronique « un jour, un mot » depuis un certain temps. C’est vrai qu’elle pourrait plutôt s’appeler : « Un mot de temps en temps » ou « Un jour, peut-être un mot ». En fait, c’est Tracy qui m’aide à enrichir mon vocabulaire donc quand elle mange avec nous le midi, je sais qu’il ne faut pas que j’oublie ma mémoire au bureau. Aujourd’hui, Tracy est là et en pleine forme car j’ai droit à deux mots :

Chaise : yi zi

Piment : la jiao. Celui-là est de circonstance.


Lors de ce repas, je constate que je commence à voir les déjeuners différemment maintenant. Etant donné que je connais généralement ce qu’on va manger, la phase de découverte est terminée. J’ai entamé l’étape de « profitons un maximum de ces bonnes choses ». Une preuve de ce changement ? Je parviens désormais à remplir ma bouche avec un seul trajet de baguette.


Petite réflexion : dans la rue et en général, je me rends compte qu’il y a deux types de français ici. Tout d’abord, il y a ceux qui lorsqu’ils me croisent me font un sourire, ou me regarde d’un air sous-entendu : « nous sommes dans le même bateau ». Ils ne sont pas nombreux du tout. Et puis il y a ceux qui ne décrochent pas un regard, ou si ils m’accordent tout de même une ou deux secondes de leur attention, j’ai l’impression que c’est pour me laisser entendre : « Je suis un habitué ici. Je sais exactement où je vais. J’ai conquis une partie de cette ville et j’ai de l’avance sur toi. Je suis ici chez moi ». Cela vient certainement du fait que lorsque l’on parvient enfin à trouver ses repères dans une ville comme Shanghai, je pense que l’on ne peut pas s’empêcher d’éprouver une sorte de fierté pour soi-même et c’est tout à fait normal. Mais pourquoi ne pas faire partager son expérience ? Peut-être que je me trompe complètement et que la majorité des français appartient à la première catégorie. Alors comment expliquer cette attitude ? J’ai une réponse à cette question : les chinois dans la rue nous observent tellement que j’ai l’impression que l’on a tendance à se cacher derrière une carapace quand on sort. Et c’est clairement de l’inimitié qui est inscrite sur nos visages. En tous cas, je sais que cette explication est valable pour moi. L’autre jour, je me suis fait presque peur en me regardant dans la vitre du métro tellement mon visage était fermé.


Cette après-midi, je retrouve mon statut de SBF.


A 18 heures, je vais dans le petit supermarché qu’Emilia m’a montré hier : Watson. J’y achète du savon pour les mains. Je répartis mes courses sur les différents soirs de la semaine car il fait très chaud donc je ne peux pas me permettre de trimbaler des kilos en une fois. Je prends le métro et je m’arrête dans un autre supermarché pour acheter de quoi faire la vaisselle. Je ne revis pas la même galère que pour la lessive mais pas loin…


Ce soir, petit restaurant italien entre filles de l’Edhec et une copine de Marion qui se joint à nous. Ce restaurant se situe près de la station de métro de Chanshu lu. Je n’y suis encore jamais allée. Je passe par le côté nord de ma rue. Il y a là plein de petites boutiques très sympas. Je crois que je vais être obligée de venir faire un tour dans ce coin assez rapidement…


Très bon repas mais je préfère largement la cuisine chinoise. Je crois que je vais avoir du mal à m’en passer maintenant !


Il est 23h30 quand je reviens chez moi. Pendant que je Skype Julien, maman m’apprend que le petit nouveau Florent fait savoir qu’il voudrait peut-être pointer le bout de son nez… Serait-ce pour cette nuit ?

1 commentaire:

Futur Papa a dit…

Les Florent au taquet ! C'est qui l'patroooooon ? :)