La dame aux baozi me reconnait et me prépare mes deux petits pains aux légumes. Puis je bataille avec mon parapluie pour entrer dans le Alldays du coin de la rue afin de m’acheter quelque chose à boire. Je ne rebrousserai pas chemin. D’accord, j’ai les pieds trempés. Ok, je commence à avoir un peu froid. Je sais bien que s’il pleut toute la journée, ça ne vaut pas le coup d’y aller. Et pourquoi finalement ? Je pourrai toujours me poser dans un café ou un restaurant quelconque et bouquiner en attendant le soleil. J’ai bon espoir et foi en la grosse boule de feu.
Après un bon cinq minutes de marche dans des flaques d’eau qui s’apparenteraient plutôt à des étangs, j’arrive enfin à la station de bus. Je demande un ticket. Jusque là, pas de problème. Ca se complique un peu quand elle me le donne et que je m’aperçois que toutes les inscriptions sont en chinois. Comment vais-je réussir à savoir les entrées qui me sont possibles dans les différents sites à visiter ? Je me fais aider par une femme au guichet blasée au possible.
Nouvel obstacle : tout est en chinois dans la station si bien que je ne sais même pas à quelle heure part le bus. Quand je demande on me dit « toutes les trentes minutes ». Oui mais quand ? « Toutes les trente minutes ». Je sors sous la pluie pour demander à quelqu’un d’autre qui me raccompagne au guichet. Cette fois j’ai la bonne information : à 11 heures. Il est 10 heures. « Toutes les trente minutes », c’est cela oui. Ha, la Chine !
A 10 heures 30, le garçon à qui j’ai demandé tout à l’heure vient me chercher et m’emmène devant le bon bus. Je le remercie chaleureusement. La Chine en fait c’est ça : les informations ne sont pas claires, personne ne sait jamais rien mais un bon nombre de personnes sont tellement gentilles qu’elles n’hésitent pas à vous rendre service, vous aider, vous accompagner. Ne pouvant pas encore compter sur mon chinois, je dois compter sur les chinois. Et je sais bien que je n’aurai pas de souci ainsi.
Tout le monde est déjà dans le bus. Je rappelle qu’il ne part que dans une demi-heure mais bon, on ne sait jamais, il ne faudrait pas être en retard ! Incorrigiblement, je m’endors au bout de cinq minutes. Lorsque je me réveille, nous sommes déjà presque arrivés.
Deux questions principales se posent :
Où sommes-nous sur le plan ?
Est-ce que le bus vient nous rechercher au même endroit ?
Effectivement, je n’ai aucune envie de rester ici indéfiniment. Surtout que je n’ai pas de téléphone et que ce serait vraiment la galère si je me retrouvais coincé dans ce village.
Devant moi, un occidental. Je lui soumets ma deuxième interrogation. Il va demander à son amie chinoise. En attendant, je me rends compte qu’il se peut que le chauffeur me comprenne si je lui demande : « hui lai zhe li ? » Littéralement : « retour ici ? » Oui me dit-il. Réponse confirmée par l’amie chinoise.
En avançant un peu, je tombe sur un guichet pour prendre des tickets. L’employée me situe sur le plan. J’ai mes deux réponses : à moi Zhujiajiao.
Zhujiajiao est une ville située à l’ouest de Shanghai. C’est une ville assez touristique mais je suis agréablement surprise : il n’y a pas tant de monde que ça.
Dans les petites rues, des choses à manger en tous genres : des poissons qui nagent dans des bocaux, des haricots verts dans des grands bacs posés sur le bord de la fenêtre, des crustacés vivant dans des seaux sur le trottoir, des poulets ou canards exposés dans les vitrines…
Je traverse un pont pour rejoindre le City God’s Temple.
C’est un temple taôiste. Dans la cour principale, les gens font bruler de l’encens. Le parfum est particulièrement envoutant. Je me promène au milieu de toutes ses couleurs vives.
L'endroit où l'on fait brûler l'encens.
Ma première expérience taôiste désormais derrière moi, je me dirige vers la Great Qing Post Office : l’un des principaux bureaux de poste près de Shanghai qui était un bureau privé puis un bureau international, puis un bureau de télégraphe et enfin un bureau des douanes. Maintenant c’est le site historique de la poste de l’est de la Chine.
Ce bureau est situé le long de la rivière Dianpu. Des bateaux amenaient le courrier par cette voie.
Alors que j’observe ce dock, deux chinois m’interpellent comme ils l’aiment bien : « hello ! ». Oui, hello. Ils me proposent de me prendre en photo. Ok, sympa ! Puis, constatant que je suis seule, ils veulent être les guides pour la journée. Oh, merci mais je pense que je vais pouvoir me débrouiller toute seule.
L’intérieur du musée est consacré à la description historique de l’envoie de courrier. Je lis consciencieusement les explications sur les tableaux mais je me rends vite compte que je suis bien la seule. Les gens viennent ici prioritairement pour se faire photographier dans tous les coins possibles puis ressortent. J’ai l’honneur d’apparaitre sur quelques photos d’ailleurs. Au début, je me fais photographier à mon insu, les filles se mettant à côté de moi mine de rien. Puis je joue le jeu et souris pour le petit oiseau qui va sortir.
En sortant, deux garçons me demandent s’ils peuvent prendre une photo avec moi. Je ressors mon sourire commercial et hop ! Puis je continue la promenade et je me rends compte qu’un groupe de jeunes gens a l’air d’avoir un problème. Quel problème ? Je bouge. Depuis quelques minutes ils tentent de se prendre en photo avec moi sans me demander. M’en apercevant, je leur dis en anglais que s’ils demandent je dirai oui mais que là, c’est un peu énervant. Ne comprenant pas l’anglais, et étant très timides, ils s’en vont. Toute la journée, je me fais photographier de toutes parts (plus ou moins discrètement). Attention, je vais prendre la grosse tête et me mettre à défiler dans les rues.
Prochaine visite : YuanJin Buddhist Temple.
Puis j’ai un petit creux. Je m’installe à une table du premier étage du restaurant situé juste à côté du pont tai’an. C’est très joli.
Je repars ensuite direction le jardin Kezhi, (aussi appelé le jardin des bonnes manières) qui appartenait à une célèbre famille du nom de…Ma. Eh oui, c’est mon jardin ! A l’entrée, deux touristes chinoises me montrent le contenu d’un bassin : plein de petits asticots. Ca les dégoute. Moi, je dois dire qu’après tout ce que j’ai vu flotter ou nager dans les différentes bassines sur le trottoir, je suis parée. Je commence à me promener dans ce jardin puis je retrouve les deux chinoises qui m’expliquent la signification des caractères notés sur la statue en forme de cheval : « Tu réussiras très vite ce que tu entreprendras ». Je pense qu’il y a un rapport entre le nom de la famille et le fait que ma (马) signifie cheval en chinois. J’aime beaucoup cet endroit, j’ai l’impression qu’il contient une partie de moi. Espérons que le proverbe me suive à l’avenir !
Je tombe ensuite sur la boutique du champion de papier coupé en Chine. Cela m’intrigue. En fait, c’est tout simplement du découpage. Il me propose de me découper dans du papier l’animal de mon année de naissance. Moi, c’est le lapin. C’est impressionnant !
Voici la maison de Ma...
En sortant du jardin, je me promène le long de l’eau. Dès que je m’approche d’une boutique, réflexe : « hello, have a look ». Je pense que tous les commerçants de ce village croient que ces quelques mots sont des mots magiques en occident. Dès que nous les entendons, nous ne pouvons pas nous empêcher d’acheter, pas vrai ? J’ai l’impression de susciter un déclic dès que je passe. C’est un peu dévalorisant en fait. Ne suis-je qu’une machine à acheter ? Pour me mettre en marche : « hello, have a look ». Et hop, je sors le porte monnaie… ! Hé non, malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça.
Je passe sur le plus grand pont de Zhujiajiao qui enjambe le Dianpu : le pont Fangsheng du haut duquel les gens jettent des poissons vivants. Fangsheng signifie « délivrer les animaux du sacrifice ». La coutume voulait que les bouddhistes viennent y relâcher des poissons pour obtenir guérison, protection ou succès.
Je finis la visite par un petit tour des boutiques touristiques. A chaque fois, je tente de parler chinois au maximum. Cependant, parfois, nous ne nous comprenons vraiment pas.
A la chinoise, j’arrive bien en avance pour prendre le bus. Et heureusement en fait parce qu’il n’y a quasiment plus de place. Et il part en avance. Je ne sais pas si c’était le dernier. Toujours est-il que je suis dedans et que ça m’arrange plutôt pas mal !
Je pense qu’il est inutile de préciser que je pique du nez environ dix minutes après le départ. Je me réveille une heure plus tard, lorsque nous entrons dans Shanghai.
Le car nous arrête en face de la station des bus où je prends le numéro 42 direction chez moi. C’est étrange car il pleut ici. Je me demande si ça a continué toute la journée.
Soirée tranquille sur internet et en compagnie de l’humour de Woody Allen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire