Ce matin, le bus a énormément de retard. Je ne stress pas, tant pis. Je n’y peux rien et j’arriverai en retard. Ici de toute façon, on comprend assez bien qu’il puisse y avoir des problèmes dans les transports.
Je trouve miraculeusement une place assise après avoir stationné un bon bout de temps sur la marche de l’entrée du bus, collée aux portes. Lorsque j’ouvre mon livre de chinois, non seulement je suis contente d’apprendre des nouveaux mots mais je fais aussi le bonheur de mes deux voisines. Elles se mettent à lire avec moi. L’intimité est un concept totalement inconnu ici. Je ne dis pas que je revendique le droit à mon espace personnel dans le bus. Mais il faut que je précise que les deux dames se penchent chacune par-dessus mes épaules…Vive la promiscuité.
Comme prévu, je suis en retard. Mais Ada me dit qu’elle vient d’arriver. Donc pas de souci. Ce matin est le premier matin où je ne m’arrête pas de travailler. Toujours autre chose à faire. Annie remarque que j’ai laissé un morceau de gâteau sur mon bureau. Il faut faire attention, ensuite les animaux arrivent. J’ai l’impression que j’ai effrayé tout le monde ici avec cette histoire de big animal.
En fin de matinée, je demande une fois de plus l’aide d’Emilia. Cette fois c’est pour mes billets de train pour Beijing. Je ne lui demande que l’endroit où je peux les acheter mais en deux temps trois mouvements, elle met Juliana sur le coup. Je n’ai pas besoin de m’inquiéter, les billets seront livrés cette après-midi.
Ce midi, nous allons manger des pates. Je suis bien tentée de reprendre la même chose que d’habitude mais cette fois, un peu de place pour le changement. Je me lance dans une spécialité de je ne sais plus où. Délicieux. Je case des mots de chinois de temps en temps dans la conversation. Les filles m’apprennent un nouveau mot : « cong ming » qui signifie « intelligent » ou intelligente selon les cas… Oui, j’aime me lancer des fleurs (à lire sur le ton d’Hubert Bonnisseur de la Batte).
Nous retournons au bureau et je retrouve mes mails, mes échantillons, mes fournisseurs qui m’assaillent de demandes, mes acheteurs qui ne répondent pas. En fait, voilà, je découvre la vie d’un merchandiser. « Enfin !» ais-je envie de m’exclamer. Mais mieux vaut tard que jamais. Je regrette toutefois les cessions Wikipédia où j’apprenais un tas de choses utiles et intéressantes.
Mes billets de train sont directement apportés par un coursier. Je vérifie douze fois qu’il s’agit bien du bon jour et de la bonne heure. Parfait. Je suis trop heureuse et trop impatiente de découvrir enfin la ville de Pékin qui est un peu devenue un mythe pour moi. Etant donné que je me suis demandée jusqu’au bout si je pourrai y’ aller ou non, je suis très contente de tenir ces billets dans ma main. Voyage en train couchette. Je demande à Emilia si cela ne risque rien. Elle me répond qu’il faut bien évidemment que je dorme avec mon portefeuille près de moi. Heu oui oui bien sur. Là j’imagine le pillage des trains comme à l’époque des Cow Boys dans le far West. Non non, sinon, pas de souci pour la personne. Il ne m’arrivera donc rien. Celui qui peut avoir peur, c’est mon portefeuille apparemment.
Aujourd’hui est jour de fête. Je reçois mon salaire du mois d’Août.
A 18 heures, je prends le métro pour rejoindre Anne à l’agence de marketing. Cette fois, je mets beaucoup moins de temps qu’avec le taxi et donc j’arrive presque à l’heure. Je peux comparer les réactions des clientes d’hier avec celles d’aujourd’hui. Ce n’est pas du tout la même chose.
En sortant à 21 heures 30, je me refais une mission : « cherchons un sac à dos ». La situation devient plus que critique. Il me le faut pour demain impérativement. Je ne trouve que des modèles hors de prix. Finalement, je l’achèterai demain. A la dernière minute comme je sais si bien le faire.
Tous les magasins ferment à 22 heures pile. C’est assez incroyable de constater le changement d’ambiance aux alentours de cette heure. Les derniers clients comme moi se pressent pour réaliser leurs derniers achats, les vendeurs n’en peuvent plus et ne souhaitent qu’une seule chose : que nous partons. Jusque là, pas de grande différence avec ce que j’ai pu connaitre en France côté cliente ou à Munich côté vendeuse. Il y a quelque chose de plus surprenant. Ce quelque chose relève forcément de la Shanghai touch. Dans les rues, les ouvriers qui vont travailler toute la nuit arrivent avec leurs camions et leurs outils. Ils attendent que les temples de la consommation ferment pour les rendre encore plus attirants pour le lendemain. Sur les gros chantiers, les torches s’allument. Les hommes se reposent. Reposer est un terme trop faible car en fait, ils dorment dans les bennes de leurs camions, dans leurs brouettes ou simplement sur le sol.
Je me décide à prendre un taxi pour rentrer. Maintenant, je gère sans problème. Je fais des phrases et tout. Lorsque je parle, le chauffeur a un petit sourire amusé parce que je pense que ma prononciation a encore de bonnes lacunes. Mais il comprend et c’est l’essentiel. Désormais je peux leur faire croire que je parle bien chinois mais que là, ce soir, non je n’ai pas trop envie de discuter…
Petit détour par le Alldays où je me confronte à la lenteur de la caissière. Un des nombreux paradoxes de cette ville : les chinois se hâtent tous dans la rue ou dans le métro mais semblent oublier que le temps passe lorsqu’ils sont à la caisse d’un magasin.
Je monte dans mon appartement et trouve une facture glissée sous la porte. Puis un peu d’Internet. Je me plonge du bout des orteils dans l’Allemand d’Hugo. Souvenirs souvenirs…lointains souvenirs. Mais j’ai tout de même l’impression que les vieux réflexes reviennent vite. Je prépare mon sac pour Pékin et dodo !
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