samedi 13 septembre 2008

Vendredi 12 Septembre : Le musée de Shanghai




Comme je suis bien réglée, même sans réveil, j’ouvre les yeux à huit heures. Je passe la matinée chez moi, à lire et à surfer sur le net. Dehors, le ciel est très encombré : brouillard ou nuage de pollution, je ne sais pas.

Ce midi, je vais chercher à manger en bas. Cette fois, je ne m’arrête pas aux baozi mais marche un peu plus loin pour trouver des légumes et du riz. Ce sont ces légumes que je vois étalés par terre quand je rentre tard le soir. Je me dis que la cuisson doit supprimer toutes les bactéries… Enfin j’espère. Bonheur lorsque je m’approche de l’étal : un de mes plats préférés : les tomates aux œufs !

Je reviens à l’appart, toute fière, mon déjeuner à la main. Je mange devant la seconde partie du reportage sur Mao.

Ce passage traite de son accession au pouvoir et du Grand Bond lorsqu’il a voulu prouver à l’URSS que la Chine était un grand pays et montrer aux Etats Unis qu’il y avait de bonnes raisons de craindre ce pays fraichement communiste. Un des objectifs de Mao était de doubler la production d’acier de la Chine en un temps record. Ainsi il pourrait concurrencer la Grande Bretagne. Bien que cela soit physiquement impossible, le parti mit de l’ardeur à motiver la population, par tous les moyens. Ainsi, on publiait des faux chiffres concernant les résultats des récoltes. Pour le coton, il arrivait que l’on multiplie par 10 le tonnage réel. La Chine devenait donc un grand pays… Le souci, c’était que les impôts étaient payés en fonction du chiffre déclaré. Les gens devaient donc payer en donnant une partie de leur récolte. Quand arrivait le printemps, il ne restait plus rien à manger et la famine sévissait dans les campagnes.
Pour avancer vers le socialisme, les propriétaires terriens furent bien entendus dépossédés puis les paysans étaient priés de se regrouper en coopératives. L’individu en soi perdait de plus en plus de poids face à la collectivité. On alla même jusqu’à créer des cantines communautaires. Ceci a bien évidemment eu des répercussions sur la vie familiale.
Les intellectuels qui osaient s’élever contre le régime étaient tout de suite catégorisés « de droite » et envoyés dans les campagnes.

J’ai appris quelque chose qui m’a frappé : il existait des boites aux lettres et des centres de tri spéciaux réservés à la dénonciation anonyme. Des rassemblements de condamnation ont également été organisés. On pouvait y condamner qui on voulait, dénoncer père, mère, amis, inconnus. Les « grands criminels » étaient tout de suite envoyés sur le terrain des fusillés et les autres allaient en prison…

Fin de l’épisode…

Après l’histoire chinoise, l’art. Cette après-midi, c’est décidé, je visite le musée de Shanghai. Depuis le temps que je veux y aller !
Je vais donc à pied jusqu’au métro. Je suis heureuse d’assister à la vie quotidienne des gens de mon quartier. Depuis deux mois, je ne me suis jamais baladée en semaine dans Jianguo Lu. Il est trois heures, les enfants sortent de l’école. Leurs parents les attendent, ils montent derrière eux sur des vélos ou des scooters, repartent en voiture ou en taxi.

Dans le métro, il n’y a pas énormément de monde en milieu d’après-midi. Je me fais tout de même bousculer à People Square mais de manière raisonnable. Pour accéder au musée, il faut traverser une partie du parc. De la verdure au pied des buildings. J’aime beaucoup ce contraste.




Ici on entre par la porte de derrière et on sort par la grande porte. C’est comme ça. Il y a la queue pour le contrôle des sacs. Arrivée dans le hall central, je cherche le guichet pour acheter des tickets. Il n’y en a pas. Je fais le tour, toujours rien. Puis je me souviens qu’Emilia m’avait dit que c’était gratuit en ce moment. Que demander de plus ?

Commençons par la salle des bronzes. Certaines pièces datent d’il y a plus de quatre millénaires. Une collection de cloches est assez impressionnante.



Je poursuis ma visite et entre dans la salle réservée aux sculptures chinoises anciennes. De nombreuses pièces représentant l’art statuaire bouddhiste y sont exposées. Quatre personnages principaux sont présents.
Bouddha : « celui qui est éclairé ». En général, bouddha est représenté avec une sorte de couronne sur la tête, une tache lumineuse entre les sourcils, une robe toute simple et une sorte de nuage derrière son dos.

Bodhisattva est celui qui est le plus proche de Bouddha et qui a aidé à faire connaitre le bouddhisme. L’image qu’on donne de lui est une image luxuriante.

Lokapala, le gardien du paradis. Il protège le bouddhisme. Ils apparaissent en général en armure, une épée à la main. Dans les temples bouddhistes, ils tiennent une épée, un instrument de musique nommé pipa, un parapluie et un serpent qui sont les symboles d’une météo favorable…

Arhat est un saint. Tous ceux qui suivent Bouddha sont nommés Arhat. Ils ont chacun un nom et des sont des personnages différents.

Beaucoup d’objets ici ont été retrouvés le long de la Route de la Soie. Les inscriptions sur les pierres confucéennes sont des décrets impériaux et des récits de victoire. S’ils n’avaient pas été gravés ici, nous n’aurions jamais pu recueillir de tels témoignages. Parfois, des carapaces de tortues étaient utilisées à la place de ces pierres.




Je passe ensuite à la galerie des céramiques chinoises anciennes. A l’entrée de la salle, une note de bienvenue aux visiteurs souligne que si la poterie est un art universel, la porcelaine a bel et bien été inventée par les chinois. Pour moi, des pots restent des pots. Ce qui m’impressionne beaucoup, ce sont les figures réalisées en terre. Certaines sont des gardiens du ciel, d’autre des gardiens de tombeaux. Dans les deux cas, ils n’ont pas l’air très sympathique…
Puis une vitrine entière de statuettes de cavaliers.


Sont exposée également de belles pièces de porcelaine bleue de cobalt et blanche qui atteignit son apogée au cours des dynasties Ming et Qing.

Il y aussi la galerie consacrée aux seaux chinois. Je dois dire que je suis moins sensible à cette forme d’expression.

Puis j’entre dans la salle des peintures. La majorité des toiles sont beaucoup plus longues que larges. Certaines d’entre elles sont sous la forme d’un parchemin. On peut lire (ou regarder) des inscriptions en chinois sur de nombreux tableaux.

Ensuite, vient la salle que j’attendais le plus : la calligraphie. La calligraphie chinoise a subi une longue évolution depuis sa naissance jusqu’à nos jours. Tout d’abord, les caractères étaient inscrits sur des carapaces de tortues et sur des os d’animaux. Puis, on les dessina plutôt sur du bronze. Vers 200 avant Jésus Christ, la dynastie Qing imposa une uniformisation de la calligraphie dans tout le pays : chaque caractère devait être régulier. Puis il y a eu l’écriture officielle et ensuite l’écriture cursive qui fut développée pour écrire plus vite. Puis l’écriture régulière fit son apparition… Si bien que même pour les chinois qui savent écrire, il est très difficile de comprendre le sens de tous les caractères qui s’étalent devant leurs yeux dans cette galerie. Inutile de préciser que je trouve ça très joli et que j’en reste là.




Puis viennent je me promène au milieu des meubles traditionnels. Eux aussi ont beaucoup évolué à travers les années. La raison principale est que les chinois ont changé de position sur leur chaise. Avant, ils ne laissaient jamais pendre leurs jambes mais se mettaient toujours à genoux ou les jambes croisées.

J’enchaine avec les pièces de monnaie et l’art des cultures minoritaires de Chine.




Ce musée m’a enchanté. Tout étant radicalement nouveau pour moi, j’ai pu découvrir beaucoup de choses et je sais que je dois encore énormément apprendre pour comprendre cette civilisation incroyable.

A 17 heures, une musique retentit. Le musée va fermer ses portes. A 17 heures 01, je me dépêche d’aller au ptit coin. Tout le monde est déjà sorti. L’heure c’est l’heure. Lorsque je sors des toilettes, c’est-à-dire vers 17 heures 04, les policiers qui surveillent le musée sont déjà tous regroupés dans le hall d’entrée et font une espèce de salut militaire puis s’en vont en marchant au pas. Je m’éclipse rapidement moi aussi. Dehors, il pleut. Je me dépêche de rejoindre la station de métro.

De retour chez moi, je discute avec Fa sur Skype tout en rangeant mon appartement.

Emilie passe me prendre puis nous allons retrouver Arnaud pour manger à Xujiahui. Il est déjà 21 heures 30. Nous sommes quasiment les derniers dans le restaurant. Et en plus nous arrivons… Les retardataires sont en train de partir. Magie : il y a du pain à l’ail !

Faute de trouver mieux (et surtout aussi parce que je ne veux pas payer pour entrer dans une boite), nous nous retrouvons au Zapatas. L’ambiance a bien changé. Les étudiants qui étaient en stage sont repartis pour la plupart. La moyenne d’âge est assez élevée et je dois dire que les gens qui s’amusent ici m’inspirent plus de pitié qu’autre chose. Je finis par rentrer. Sur la route, j’achète un bon Coca que je sirote ensuite dans mon lit en lisant mon bouquin.

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