mercredi 3 septembre 2008

Mercredi 3 Septembre : There is a big animal on my desk!

Hier soir je pensais que j’allais me réveiller plus tôt ce matin et donc que je pourrai lire un peu avant de partir au boulot…mais non. C’est le réveil qui me réveille. Je prends mon petit déjeuner en compagnie de « La pompe moderne ». Rien de mieux pour émerger qu’un bon fou rire.


Je sors de mon appartement, assez en retard car je m’aperçois que le rapport de visite dans l’usine que je dois rendre aujourd’hui a un problème. Il faut que je refasse deux paragraphes… A la dernière minute…


Je sors avec mon bouquin sous le bras. Je pense que je suis devenue totalement accroc. Le bus arrive plus tard que prévu. Ceci entrainant cela, j’arrive aussi plus tard que prévu au bureau.


En remuant quelques affaires sur mon bureau, je dérange un gros insecte étrange qui s’enfuie dans mes papiers. Je recule bruyamment ma chaise et dit à Ada : « There is a big animal on my desk ». Animal ? Pourquoi « animal » ? Il ne faut pas s’imaginer qu’un lion ou un éléphant est là, planté entre mes classeurs et mon ordinateur. Pourquoi « animal » donc ? Parce que sur le coup, je n’ai pas trouvé le mot « insect ». Curiosité chinoise oblige, l’insecte attire du monde autour de mon bureau. Faut dire que j’ai bien présenté la chose. Je le cherche puis l’écrase avec ma chaussure. Je suis une héroïne. J’ai tué la bête !


Ce matin, j’ai pas mal de boulot. Nous avons une réunion d’explication de REACH. Ce sont des nouvelles régulations européennes destinées à contrôler la qualité des importations. Le but est de protéger à la fois la santé des consommateurs mais aussi l’environnement. Les fournisseurs chinois doivent donc se soumettre à de plus en plus de tests. Nous apprenons que le texte officiel d’origine fait 700 pages en tout. Nous sommes donc tout de suite tentés de dire : « Ha la bureaucratie européenne ! » Cependant, je suis assez étonnée d’entendre que les régulations chinoises sont également très très pointilleuses. Si bien que lorsque des entreprises européennes importent des produits chinois puis les réexportent, elles rencontrent énormément de difficultés pour faire rerentrer les produits en Chine alors qu’ils en viennent à l’origine.


A la sortie de la réunion, Anne me dit que si je veux, les études marketing se déroulent à partir de 18 heures 30. Si je sors à l’heure du bureau, j’ai la possibilité d’y assister. En voilà une bonne nouvelle !


Vers 11 heures : petit en cas : une pâtisserie à l’ananas. Très goutue pour une fois. Je dis pour une fois car d’habitude les aliments sucrés ne sont pas top ici. Enfin, je trouve qu’ils ne sont pas top.


Ce midi, nous allons manger dans le restaurant que j’ai décidé de porter à la première place de mon hit des restaurants. Je sais à l’avance que je vais me régaler. Une décision en entrainant souvent une deuxième, je me suis dit qu’à partir d’aujourd’hui, je me faisais plaisir sur la nourriture. En fait, je ne vais pas changer mon comportement ni la quantité avalée à chaque repas jusque début octobre. Je ne suis encore là que pour un mois et je compte bien en profiter à tous points de vue.


En allant au resto, je dis aux filles que j’écoute pas mal de musique chinoise en ce moment. Forcément, elles me demandent ce que j’aime. Jasmine Leung fait partie du TOP 100 mais elles ne connaissent pas. Nous rigolons pas mal. Elles veulent me faire chanter. Ha non. Pas aujourd’hui. Pour deux raisons : la première c’est que je n’ai pas encore appris de chanson en chinois et la deuxième, c’est que je me réserve pour le prochain karaoké qui aura lieu normalement le soir de mon anniversaire.


Aujourd’hui, j’apprends à appeler la serveuse. En théorie ça se dit Fuyuan mais en pratique, ça se crie. Il faut dire que je n’ai pas tellement l’habitude d’hurler aux travers des restaurants… Les filles se marrent bien voyant que j’hésite. Puis elles me rassurent : ici, ça se fait. Pas de souci.


De retour au bureau, travail. Je touche à beaucoup de choses maintenant. Je me retrouve confrontée à de nouveaux problèmes. En même temps dans ce métier, j’ai réellement l’impression que chaque cas est unique. Ce n’est pas qu’une impression d’ailleurs. L’improvisation est assez difficile et j’ai toujours besoin d’aller poser mes questions à Ada.


Pause Moon Cake. On m’avait dit que ce n’était pas super et très consistant. Le problème, c’est que j’oublie ça au moment où je prends une pleine bouchée du gâteau. Erreur. Erreur… Respirer et avaler puis aller chercher de l’eau et se rincer la bouche…


Au milieu de l’après-midi, internet lâche. Ce qui signifie plus d’MSN, plus de mails, plus de face de bouc. Bon, il faut dire que ces derniers temps, je n’allais plus trop consulter les deux derniers. Mais MSN, tout de même, cela reste de l’ordre du vital !


Puis les mails de l’entreprise sautent à leur tour. Nous sommes vraiment désolées. Nous ne pouvons plus travailler, quel dommage. Nous en profitons pour ranger des échantillons avec Ada. Nous essayons écharpes, bonnets, gants. Je vois une écharpe similaire à l’une des miennes. Je m’empresse de faire part de cette information capitale à ma collègue qui me répond sur un ton mi étonné, mi moqueur : « Ha bon, mais c’est une écharpe de garçon ça ! » Et bam ! Sur le moment, je ne sais que répondre. Je ne trouve que : « Ben non, moi je ne trouve pas. » Une réponse riche en contenu et pleine de répartie. Puis lorsque je lui dis que oui, elle a peut-être raison car en effet parfois je la prête à mon copain, elle est totalement étonnée.


Dans la série « Lâchons ce qu’on a sur le cœur sans se soucier de l’impact de nos paroles » : nous en venons à parler de ceintures et Ada me dit que les ceintures à la taille ne lui vont pas car elle a des poignées d’amour. Je lui réponds que moi aussi, j’en ai attrapé ici. Et de but en blanc elle me sort : « Oui oui, c’est vrai, j’ai remarqué. Fais attention, il faut quand même que tu restes mince ». Et re bam !


Un peu plus tard, alors que j’essaie un bonnet devant le miroir, je me mêle à une tergiversation concernant une chemise. Je dis que je la trouve pas mal. Explosion de rire parce qu’elles viennent toutes de dire d’une seule voix (chinoise, la voix) qu’elles n’aimaient pas la couleur. Nous en arrivons à la conclusion que nos points de vue différent car nous ne vivons pas sur le même continent. Leur couleur de peau étant plus jaune, il est vrai que chemise qui tire dans le jaune a un drôle d’effet. Puis rebelote, selon elles, cette chemise fait homme. Je ne trouve pas particulièrement et me lance dans une grande explication : ici, il y a vraiment une distinction permanente entre le style féminin d’une part et masculin d’autre part. Alors que chez nous, nous portons parfois des accessoires voire des vêtements de membres du sexe opposé. Lorsque je dis que je mets souvent les lunettes de soleil de mon petit copain, je suis réellement considérée comme une étrangère. Et re re bam !


Nous finissons notre après-midi à discuter. Puis je trouve « le solitaire » dans mon ordinateur. Les filles sont mortes de rire quand elles me voient jouer et me disent qu’elles n’ont rien vu, qu’elles ne diraient rien à personne.


A 18 heures, je vais demander mon salaire d’Août. Il n’est pas prêt. Tant pis, je dois passer la soirée avec 50 RMB. Je peux le faire !


Je prends un taxi direction l’agence de marketing dans laquelle se déroule les « Focus group discussions ». Dans le taxi, je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir mon bouquin. La fenêtre est ouverte car l’air s’est vraiment radoucit cette dernière semaine.


Un bruit qui m’est désormais malheureusement familier me tire de ma lecture : remontée nasale dans la camionnette d’à côté. Puis la suite logique : crachat. Je regarde l’auteur de l’incivilité avec un mélange d’incompréhension et de mépris. Lui me regarde satisfait. Je ne peux pas m’empêcher de lui dire « la classe ». Bien sûr il n’a pas compris mais la situation est assez amusante en fait.


De temps en temps, je jette un œil sur le compteur. Ca tourne, ça tourne. Je suis en pleine heure de pointe. Normalement je ne devrais pas dépasser les 50 RMB mais bon, c’est qu’il y a la question du retour et éventuellement la question de trouver à manger (chef). Finalement, j’en ai pour 34 RMB.


Je trouve mon chemin jusqu’ aux bureaux puis je me fais conduire dans une salle sombre de laquelle on peut suivre l’avancée du groupe. On y entre par une porte puis un rideau est accroché pour ne pas laisser entrer la lumière. Je m’installe derrière la vitre sans teint. Inspecteur Grimmer mène l’enquête. Dans la salle de l’autre côté du miroir se déroule une discussion de consommatrices animées par une employée de l’agence de marketing. Je mets un casque dans lequel un traducteur chinois-anglais me permet de suivre la conversation.


Cela dure trois heures environ. Extrêmement intéressant.


Anne me dépose en taxi vers 21 h30 devant chez moi. Puis soirée tranquille et dodo.

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