5 heures 05, un bruit familier me tire du sommeil. Mon réveil. Wake up. Aujourd'hui, voici venu le moment tant attendu : la Grande Muraille!
Nous finalisons nos sacs que nous laissons à la consigne de l'auberge. Marie et moi sommes prêtes les premières. Comme d'habitude. Suite à un petit malentendu avec l'employé de l'auberge, nous perdons pas mal de temps car il faut rendre les clefs et récupérer notre caution ce matin. Nous commençons à être sérieusement en retard pour attraper le bus de 6 heures indiqué dans le « rough book », guide de voyage anglais.
Le taxi nous emmène à une station de métro où nous pouvons apparemment prendre un bus qui nous emmènera près du mur. Effectivement il y a des bus mais le nôtre ne semble pas être ici. Une volontaire est postée là, sur le trottoir. Elle est heureuse de nous aider lorsque nous lui demandons ce que nous cherchons. A la chinoise, tous les gens présents se mêlent au problème et chacun donne son avis. Ne perdons pas patience. Il semble tous s'accorder pour dire que ce n'est pas ici mais à Donshimen, autrement dit à une station de métro. Nous remontons donc dans un taxi qui nous emmène, après de multiples tours de ronds point sur un parking où sont garés des autobus.
En cherchant le nôtre, nous nous faisons accoster par une dame au large sourire qui nous tient un discours en anglais en nous montrant un morceau de papier sur lequel sont indiquées les grandes lignes de ses déclamations :
La grande Muraille c'est top
Mais le taxi, c'est trop cher
Elle nous propose de nous emmener à Jinshanlin.
Et de venir nous rechercher à Cimatai, c'est à dire à 10 kilomètres plus loin.
Nous nous concertons. Les gars semblent bien motivés. J'avoue que j'hésite toujours un peu face à de telles propositions. D'un côté, je sais que je passerai peut être à côté de quelque chose si je n’acceptais pas mais de l'autre, il faut tout de même être prudent. Etant donné que nous en sommes en compagnie de deux garçons, je pense que les risques sont moins élevés. Et puis, elle a l'air très gentille cette dame. Apres négociation du prix, nous nous en sortons pour 110 Yuans chacun aller retour.
En voiture tout le monde. Nous montons à bord d'un minibus conduit par le mari. Elle ne cesse de nous faire de grands sourires et de nous expliquer des choses. Nous comprenons la base mais lorsque cela devient plus compliqué, le langage des signes est indispensable.
Marie demande qu'ils allument l'auto radio. De l'espèce de techno chinoise à 7 heures du matin? Bof, on n'est pas obligé si ? Finalement on éteint vite le poste.
Nous nous endormons tous les quatre. La nuit fut courte et une longue marche nous attend. Il faut prendre des forces.
Je me réveille lorsque le minibus s'arrête brusquement. Ha ce n'est rien. Marie a simplement envie d'aller aux toilettes. Donc nous nous arrêtons tout de suite. A moitié sur la route, dans un virage.
Je profite du paysage. De nombreux arbres en bord de route m'empêchent de voir au loin. Mais je me rends tout de même compte que la campagne est très jolie, très verte, assez vallonnée.
Chi fan? Chi fan? Ha oui, nous voulons manger. Il est 9 heures du matin et nous n'avons pas pris de petit déjeuner. Nous nous arrêtons donc au bord de la route devant une maison qui doit certainement être un restaurant. En arrivant, le chauffeur klaxonne pour signaler notre présence. Les propriétaires de cet établissement et notre couple semblent être amis. C’est ici que nous prendrons notre petit déjeuner.
Il y a l'air d'avoir eu un malentendu. Eclate donc une dispute à l'intérieur du restaurant puis un homme s'en va et revient dix minutes plus tard avec de la nourriture certainement. On nous sert du thé. Menu de ce repas : aubergines, riz et plat de tomates à l'œuf. Nous faisons le plein d'énergie pour marcher sur la muraille.
De l'autre côté de la route, est accrochée une bannière sur laquelle est inscrit : Paris Pékin à vélo.
Nous reprenons notre chemin. Puis nous arrivons. Achat de ticket. Oui, ici tout est payant. Puis pause pipi. Petite anecdote : je fais tomber ma bouteille d'eau dans les toilettes. Genre d'événement drôle mais pas drôle à la fois...
Nous voilà partis sur le chemin de la Grande Muraille de Chine. Pour y accéder nous empruntons une sorte de petite route (ou nous devons payer une fois de plus). Des habitants de la région veulent à tous prix nous vendre des livres, de l'eau et toutes sortes d’autres choses. Une dame se met à nous suivre. Elle veut nous accompagner pendant 10 kilomètres. Nous lui expliquons d'abord gentiment que nous aimerions être tranquilles puis nous sommes obligés d'élever le ton pour qu'elle nous laisse.
Apres une dure montée d'escalier qui nous met en jambe, nous voici enfin sur la muraille. C'est purement magnifique, immense. Et tellement dur à décrire avec des mots. C'est certainement la raison pour laquelle nous nous arrêtons pour prendre des photos.
Des coureurs en sueur montent et descendent les nombreux escaliers de pierre et poursuivent leur chemin pour trouver d'autres obstacles un peu plus loin. Apparemment, un marathon est en train de se dérouler. La plupart des sportifs sont occidentaux. Il y a toutefois quelques chinois.
Apres notre première pause qui nous permet d'accuser le coup et de nous remettre de nos émotions, nous nous mettons en route. Nous avons quatre heures pour faire dix kilomètres.
Le soleil tape. La Muraille se déroule dans le paysage vallonné. Les nombreuses tours situées à chaque fois au plus haut point possible ponctuent régulièrement ce chemin de pierre.
Nous n'avançons pas énormément pendant la première heure. Nous apprécions le paysage et prenons des photos pour tenter de capter cette magie, de s'approprier une partie de ce chef d'œuvre et aussi certainement pour réaliser que nous sommes bien là, tous petits, plantés sur cette construction humaine démesurée.
Puis nous progressons en discutant, En français, en anglais. Cadre splendide pour partager points de vue et expérience.
Nous croisons le point de ravitaillement du marathon. Ce sont des allemands qui l’organisent. Un petit « Viel Gluck » pour la route et nous passons notre chemin.
Je comprends d'un coup l'inscription : "I climb on the Great Wall" des t-shirts touristiques. Cela devient assez sportif en fait. Montées et descentes s'enchainent mais ne se ressemblent pas. Elles deviennent de plus en plus compliquées. Le soleil tape dur. Il est 11 heures. Ben commence à avoir des petites rougeurs sur son crane chauve. Je pense à un certain chauve que je connais...
Nous nous arrêtons à l'ombre dans une tour. Enfin, nous, non. J'assume : je m'arrête et Ben, gentiment attend que je récupère. J'ai l'impression que mes jambes ne me tiennent plus. Et nous n'avons fait à peine la moitié. Courage. C'est reparti. Armée de motivation, je poursuis. Puis, je ne sais pas si c'est moi ou la Muraille mais j'ai beaucoup moins de mal et je me remets à apprécier ce paysage fabuleux.
Petit gouter. Eau et banane. Quelques photos et nous repartons. Nous prenons moins de photos. Peut être parce que ça y est, nous nous rendons bien compte que nous y sommes. Après l'esprit et les sentiments que nous avons ressenti, c'est notre corps qui expérimente cette Grande Muraille. Cette approche est également assez spectaculaire. Car si cette balade n'est pas de tout repos pour nous, nous avons du mal à nous imaginer le travail monstrueux qu'il a fallu réaliser pour construire ce gigantesque ouvrage.
Dans toutes les tours, nous nous voyons proposer de l'eau, des rafraichissements et de la bière lorsque nous disons que nous sommes français. Ces gens doivent monter sur la Muraille tôt le matin pour vendre leurs produits aux touristes. Comme quoi ce mur est le mur de tous les extrêmes : il peut impressionner au plus haut point mais il peut aussi être un cauchemar pour certain. Car je ne suis pas sure que ces gens apprécient tous les jours de gravir ces marches pour se poster dans leur tour et attendre les touristes. Bien que le cadre soir magnifique bien sur.
Nous discutons un petit moment avec un indien qui râle et dit à son ami : on ne m'avait pas prévenu que c'était si sportif. Moi, deux tours ça me suffit. C'est toujours la même chose...
Nous apercevons la tyrolienne que nous voulons prendre. Elle est suspendue au dessus d'un lac. C'est superbe. Pour y accéder, nous devons tout d'abord emprunter une espèce d'échelle en fer. Puis nous franchissons un pont (payant). C'est assez drôle d'ailleurs car nous n'avons pas d'autre choix que de payer. Je ne me vois pas faire les dix kilomètres dans l'autre sens parce que je ne veux pas payer 50 centimes. Mais tout de même, c'est un peu la prise d'otage. Enfin bref. Ce pont est un pont en bois suspendu. Comme dans les films ou dans Mario Kart. Référence quand tu me tiens.
Après le pont, de nombreuses marches. Je demande aux anglais la traduction de "j'en chie". Ils ne voient pas d'autre moyen que de personnaliser les marches et donc de les insulter en employant un bon fucking bastard. Ca me va et ça me défoule.
Ca y'est. La tyrolienne est là. Payante elle aussi. Mais nous sommes déterminés à nous jeter dans le vide.
Je me lance la première. La nature m'appartient. Au dessus de moi, le bruit de la poulie qui me fait avancer. Sinon, rien. Je suis seule. Je surplombe le lac.
A l'arrivée. Une chinoise me dit « Stand up » en me montrant une sorte de tabouret. Ok. Je me mets debout et c'est fini. J'attends les autres. Leur atterrissage sur le tabouret est assez drôle. Surtout celui de Ben qui arrive à l'envers et s'explose littéralement sur le siège. Nous trouvons la situation assez marrante mais la petite dame n'est pas de cet avis et donne une tape sur son dos. Ce qui bien évidemment nous fait beaucoup rire.
Pour ce qui est de la suite des événements, nous devons prendre un bateau pour traverser et nous retrouver à Cimatai. Nous partageons ce trajet avec un groupe de français venu visiter la Chine. Puis nous cherchons notre petite couple qui nous attend. Minibus dans l'autre sens. Je m'endors.
Retour a Beijing. Marie a un avion à prendre. Ben l'accompagne à l'auberge pendant qu'Aidan et moi payons. Je cherche désespérément une banque HSBC. Mon ardoise auprès de Marie augmente et je n'ai pas de moyen de la rembourser ici. Puis nous prenons le métro.
Retour à l'auberge. Je demande une banque HSBC. Oui oui il y en a une. Parfait. Je me rends sur le lieu indiqué. Autre malentendu sino-français : c'est une banque ISBC. Tant pis, je retire 100 yuans qui me serviront à acheter à manger pour le train et à prendre le métro.
De retour à l'auberge, nous discutons à trois, ravis de notre journée. Je rends les deux cachets de Zytec qu'il me reste à Ben. La boucle est bouclée.
J'achète deux petits pains a l'œuf pour la route.
Puis nous décidons de prendre un taxi qui m'emmènera à la gare puis qui les déposera dans une autre auberge où Ben passera la nuit et où Aidan prendra une douche avant de lui aussi partir pour l'aéroport. Il retourne à Genève.
Nous nous disons au revoir et peut être à bientôt devant la gare. Voila des rencontres sympathiques comme on aimerait en faire plus souvent.
J'ai du temps devant moi et donc prends congé de cette ville qui me parait bien fermée pour nous qui ne sommes restes que trois jours. Pas de regret cependant. J'ai vu ce que je voulais voir et cette dernière journée était magnifique. C'est donc enchantée que j'entre dan la gare.
Sur le panneau est indique le numéro du lounge: 1. C'est au deuxième étage (c'est à dire notre premier étage car les chinois considèrent le rez-de-chaussée comme un étage). Arrivée au deuxième, je me rends compte que mon train n'est pas affiché. Je redescends. Je ne suis pas folle, c'est bien au premier. A chaque fois qu'un volontaire m'aborde pour me renseigner ou que je demande mon chemin, je reçois des informations contradictoires. Excédée et voyant l'heure tourner, je ne réussi pas à empêcher un "fuck" de sortir de ma bouche. C'est la première fois que je suis grossière devant un chinois. Hé ben, il y a une première fois à tout. Je veux bien être tolérante mais là, j'en ai marre.
Finalement, on finit par m'indiquer un endroit. J'y vais et mon train est affiché. Je remonte le quai, trouve le wagon 3 et le lit 24. Suspens. Qui y a-t-il dans ma chambre? Des grands parents et leur petite fille ainsi qu'un homme qui doit avoir la trentaine. Mon lit est en haut. J'y jette mon sac et mange mon diner debout dans le couloir. Puis je m'assois en face de la petite famille et tente le dialogue. Je leur montre ce que j'ai visité sur mon plan, leur explique ce que je fais ici. Ils veulent me prendre en photo avec la petite. Je leur demande de prendre une photo avec mon appareil également. Prise de conscience : je suis rouge. Totalement rouge. J'ai cramé sur la Muraille.
Après cette longue journée, je suis un peu fatiguée. Un petit tour aux toilettes puis je me couche sur mon lit, impatiente de retrouver mon bouquin. Bercée par de la musique chinoise (je reconnais quelques chansons) et par le mouvement du train, plongée dans ma lecture, je m'éloigne de Beijing et me rapproche de Shanghai. Du presque inconnu, je vais faire le plus connu.
Je m'endors vers 21 heures 30. Je ne sais pas depuis quand ça ne m'était plus arrivé. Mais une bonne nuit de sommeil va me faire du bien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire