samedi 30 août 2008

Samedi 30 Août : Nanshi



Debout à 9 heures ce matin, pleine de motivation. Aujourd’hui, je compte bien me promener dans Shanghai et prendre plein de photos. Petit souci : je n’ai plus de batterie dans mon appareil. Je mets les piles à charger. Quoi faire en attendant ? Je bouquine un peu puis me rendors jusque presque midi. On ne peut pas dire que la journée commence très efficacement.


Je sors vers 14 heures, prends le bus direction la vieille ville : Nanshi. Armée de mon guide qui propose une visite des sites les plus intéressants et de mon grand plan, je sors sur Renminlu. C’est la rue qui entoure la plus vieille partie de la ville. Il y avait là jadis des fortifications. Ce quartier est en pleine construction. Je suis entourée de poussière et de bruit. Je marche sur des gros pavés, pierres et caillasses en tous genre. Pour le moment, ce n’est pas super. Mais ici, j’ai de bonnes raisons d’être optimiste : étant donné tous les chantiers en cours, il est sûr et certain que cet endroit sera totalement rénové très bientôt.


En m’engageant dans une petite rue, je tombe sur plein de petites boutiques qui vendent des produits en soie et choses en tout genre. Dans l’une d’elles, je me mets à chercher une petite pochette dans laquelle je pourrai glisser mon I-Pod. Avec la vendeuse, nous cherchons celle qui conviendrait le mieux. Je lui apprends le mot « zipper » en anglais. Elle me l’apprend en chinois : lilien ou quelque chose dans le genre. Je tente de sortir des mots en chinois. Résultat : je lui dis toutes les couleurs. L’heure de la négociation arrive fatidiquement. Je me doute que nous n’allons plus trop rire. Lorsque je lui demande son prix, elle me répond le prix que je pensais mettre. Etonnée, je tente de diminuer un peu mais sans grande conviction. Elle sourit et me dit que pour moi, elle a tout de suite descendu. A ce moment, les touristes infectes qui prennent les chinois pour des imbéciles et sont heureux d’avoir négocié un prix sont au plus bas de mon estime.



Je continue la balade et me trouve dans des rues dans lesquelles les gens vivent plus ou moins dehors.


Puis, contraste énorme : le bazar de Yuyuan. Je me fais assaillir de « bags watch and shoes ? ». Quartier touristique par excellence. Touristes aussi bien chinois qu’occidentaux. Je reviendrai faire mes cadeaux dans ce coin.

Puis je tombe sur la maison de thé devant les jardins Yu. C’est magnifique. Il y a énormément de monde mais on finit par s’y faire.


Cette construction date d’il y a plus de quatre siècles. Elle est devenue une maison de thé en 1855. Pour l’atteindre, il faut traverser une sorte de pont qui passe au dessus de d’un étang artificiel. Ce pont forme un parcours en angles droit (Jiu Qu Qiao : pont aux neuf détours). Ces zigzags sont faits pour empêcher les mauvais esprits et les fantômes d’accéder au bâtiment. Car il est bien connu qu’ils ne peuvent se déplacer qu’en ligne droite…

La reine Elizabeth II, Jimmy Carter, Bill Clinton et Gerhard Schröder sont venus boire un thé dans cette maison.

Il est 15 heures passées et je n’ai toujours pas mangé. Je cherche des baozi mais il y a un monde d’enfer devant chaque restaurant qui propose des plats traditionnels à emporter. Et que des touristes. J’aperçois un Starbucks et je me dis que tant qu’à faire la touriste, autant y’aller jusqu’au bout. Cheese-cake s’il vous plait ! Assise, je prends les choses en main et décide de ne pas me balader au hasard et de tenter de suivre le plan de mon guide.

Fangbang Zhong lu : Lao jie (le vieille rue)

Je remonte donc la direction Henan Lu puis Daijing lu où je peux voir le temple Baiyun. Daijing lu était connue auparavant pour ses fumeurs d’opium. Le temple abrite le siège de l’association taoïste de Shanghai.


Je passe ensuite devant la tour de Daijing, derniers vestiges des fortifications qui entouraient la ville auparavant.

Puis, je prends Renmin lu à nouveau. Il y a une espèce de braderie. Les gens vendent leurs affaires sur le trottoir. Une vendeuse vente les mérites d’un couteau électrique à la mode des Trois Frères : C’est le mimi, c’est le rara et c’est…


A ma gauche, les vestiges de bâtiments de l’architecture Shikumen. Puis je m’engage dans une petite rue. Et surprise. Un marché. Pas pour touristes celui là. Les chinois viennent y acheter des bricoles en tous genre. Et comme la rentrée des classes approche, les écoliers et étudiants viennent faire leurs courses ici. Sur des tréteaux, un choix immenses de papier pour recouvrir les livres. Dans les boutiques, classeurs, cahier et feuilles. Le tout à la mode chinoise bien sûr.


J’étais censée tomber sur un temple de la littérature. Il n’est pas sensationnel et je préfère de loin me promener dans ces petites rues où les personnes âgées jouent au Majong, où deux femmes de part et d’autre de la chaussée se disputent assez violemment, où des lapins et des chiens sont à vendre dans des cages (je préfère ne pas savoir pourquoi), où des vélos on ne peut plus chargés me doublent régulièrement, où une petite fille me regarde d’un air étrange lorsque je prends un photo puis répond largement à mon sourire, où un chien aux oreilles oranges fluo se promène, où des marchands de fruits et légumes étalent leurs marchandises, où on peut acheter toute sortes de choses nageant dans des bassins. Bref où l’on peut réellement prendre conscience de la vie chinoise.


Je commence à être fatiguée lorsque je reprends Henan lu.


Je suis frappée tout au long de ma visite par les nombreux contrastes que la ville de Shanghai offre. Contraste entre l’ancien et le récent, entre la richesse et la pauvreté, entre le dynamisme et la tranquillité…

Contraste entre l'entrée du marché et les tours de Pudong.


Contraste entre ce bâtiment traditionnel et les deux grandes tours : la Jinmao et le décapsuleur (qui ouvre aujourd'hui d'ailleurs)


Après avoir tourné un petit moment pour retrouver la rue Huahai, je reprends le bus. Epuisée. Je sors mon I-Pod de sa nouvelle pochette, la classe. Ma voisine a l’air très intéressée par le contenu de mon sac et de mon portefeuille lorsque je les ouvrent. Quand je sors un billet de 10 euros, c’est l’événement de sa journée.


Je me pose quelques instants chez moi puis je ressors. Au programme ce soir : apéro chez Arnaud (j’ai trouvé du pastis chez Carrefour donc on va fêter ça !), puis diner et pour ce qui est de la suite, nous verrons bien.


Je fais des lessives et nous allons manger dans le petit restaurant à côté de mon bureau. Puis nous rejoignons une des groupies chinoises d’Arnaud au Muse Park 97. Soirée sponsorisée par Crocs, d’où la photo :

Arnaud lance un « Have you met Andélis ? » à un gars qui passe et nous voilà meilleurs amis avec un groupe d’allemand qui sont ici en stage également. Nous allons ensemble au Zapatas. Puis je rentre chez moi, exténuée après cette journée bien remplie.

Vendredi 29 Août : Un peu de fraicheur.

Petit déjeuner, bus puis je me retrouve au bureau. Depuis une semaine environ, il fait de moins en moins chaud à Shanghai. Je peux désormais mettre un pantalon sans problème.


Cependant, la clim tourne toujours à fond au bureau au dessus de ma tête. Je vis dans un vrai frigo.


Nous échangeons nos photos avec Pascal, Emilia et Diana. C’est son dernier jour aujourd’hui. Echanges d’adresses et de numéros de téléphone. Puis nous allons manger tous les quatre.


Restaurant coréen. Ce type de cuisine est assez particulier. On nous sert dans des espèces de grandes casseroles noires. Tous les aliments sont mélangés à l’intérieur et c’est extrêmement chaud. En accompagnement, nous avons droit à de la soupe et des petits haricots très épicés. Le problème avec ce restaurant, c’est que l’on choisit sur photo et que les photos ne ressemblent pas à ce qu’on a sur la table. En général, ce sont de bonnes surprises. Mais nous pouvons constater que même les serveurs ne parviennent pas à distinguer les plats qu’ils servent.


Ce weekend, nous devions aller à Hangzhou mais les prévisions météo ne sont pas bonnes. Finalement, nous resteront à Shanghai.


Cette après-midi, je pense que je vis la saturation de la fin de semaine. Un rien m’énerve. Je suis passablement agacée dès qu’on me demande quelque chose. Et par-dessus tout, je ne supporte pas que ma collègue renifle toutes les trente secondes. Elle en vient même à se mettre un mouchoir dans le nez et à se balader avec dans tous le bureau… Parfois, la situation est claire : j’ai beau faire des efforts, j’aurai toujours du mal avec certaines pratiques ici.


C’est donc extrêmement soulagée que je quitte le bâtiment du bureau à 18 heures. Le magasin qui vend les magnums est fermé. Tant pis, je monte chez moi et ne sortirai plus ce soir. Je discute sur Skype puis vais me coucher.

vendredi 29 août 2008

Jeudi 28 Août : Les lapins peuvent manger les crapauds.



Ce matin, la première pensée qui me vient à l’esprit alors que je ne suis pas totalement réveillée : les Chocapics qui m’attendent pour le petit déjeuner. En voilà une motivation pour bien commencer. Motivation supplémentaire : je dois me dépêcher pour ne pas arriver en retard car aujourd’hui, nous allons visiter une usine avec Annie et Ada. Depuis le temps que je voulais voir ça. Ca y’est c’est le jour J.


Je suis obligée d’évoquer ici la sensation que me procurent les céréales dans du lait à 3,5% de matière grasse. Le problème en fait, c’est qu’il n’y a pas de mot pour décrire le plaisir gustatif que je ressens de bon matin. Non non, je n’en fait pas de trop !


Dans le bus ce matin, alors qu’une place se libère et que deux jeunes chinois sont mieux placés que moi pour se jeter dessus, je vis une situation inédite. La galanterie existerait-elle finalement ici ? Ils me laissent m’asseoir. Sceptique, je me dis qu’ils vont certainement sortir au prochain arrêt. Mais non, comme quoi, je suis mauvaise langue parfois.


J’arrive bien à l’heure. Avant de partir, nous devons nous occuper de deux échantillons en toute urgence. Travail d’équipe organisé. Nous descendons ensuite au sous sol où le chauffeur du directeur de l’usine nous attend. Nous en avons pour une heure et demie de route. Ais-je besoin de préciser que je m’endors au bout de vingt minute et que je me réveille à la sortie de l’autoroute ? Je me rends compte que je n’ai plus trop l’habitude de faire des longs trajets en voiture. Paradoxalement, je me sens plus oppressée et moins libre que dans le bus. Une explication à cela ? Non, je n’en ai aucune.


Nous arrivons à l’usine sur les coups de 11 heures. Je suis surprise par la disposition des bâtiments. Cet étonnement est certainement du aux préjugés que j’ai en tête depuis un certain temps sur les usines de textile. Je m’imaginais un hangar sordide dans lequel tout le monde était entassé. Mais ici, les bâtiments sont plutôt propres. Les gens portent des vêtements à la mode. Nous commençons cette journée par une réunion…en chinois. De temps en temps, Ada me traduit mais dans l’ensemble je trouve tout ça plutôt ennuyeux. Puis le directeur, enfin le chauffeur du directeur nous emmène dans un restaurant du centre ville. Nous en avons pour une petite demi-heure de voiture. Il faut que je m’attarde quelques instants sur le directeur. Un personnage à part entière. Avant d’entrer dans sa description complète, je tiens à préciser que je ne veux en aucun cas le juger. Je vais simplement dresser une liste de constatations.


Il a une fâcheuse tendance à remonter d’on ne sait où ses substances nasales visqueuses. Pour entrer dans la salle de réunion, il nous a tenu la porte. Enfin je pensais. Ici, on ne semble pas accorder de l’importance aux règles de courtoisie à la française : « quand je commence à tenir la porte pour quelqu’un, je la tiens pour tout le monde ». Non non, lui m’est passé devant le nez en m’écrasant presque les pieds. Bon, passons outre. En le regardant en fait, je me dis que cet homme est la rudesse incarnée. Dans la voiture, il n’attache pas sa ceinture. Petit bip d’alerte d’abord espacé puis de plus en plus rapproché. Je vois que ce bruit commence à taper sur les nerfs d’Annie et d’Ada. Lui ne s’en rend pas compte. Puis, lorsque l’on arrive au restaurant, il se place à l’autre bout de la table alors que nous nous asseyons là où il y a des assiettes.


Ce restaurant sert des plats occidentaux. Enfin, ici, c’est comme en France, quand nous disons que nous allons au restaurant chinois et que nous ne voyons aucun plat servi Chine. Nous mangeons donc des choses occidentales à la mode chinoise. A la mode chinoise signifie que nous commandons des desserts mais que tout le monde les mange en même temps que le plat principal. A la mode chinoise signifie aussi que bien que nous disposons de couteaux, cuiller et fourchettes, ils aspirent leurs pates en faisant un bruit de succion. A la mode chinoise veut dire également que tout le monde pioche dans les plats de chacun.


Petite réflexion que j’avais déjà eue grâce à l’épisode de la vache qui rit : je suis venue ici avec l’esprit le plus ouvert possible, m’attendant à voir des choses inédites, à rencontrer des gens différents… Quand je suis tombée sur ces choses et que j’ai discuté avec ces gens, je les ai tout de suite appréciées car ils étaient différents. Et je pense qu’au fond de moi, je leur attribuais inconsciemment une certaine ouverture. Mais cette ouverture, en fait, c’est moi qui l’ai, pas eux pour la plupart. C’est à moi de faire l’effort de m’adapter. Au début, je me rendais compte de cet effort. Plus maintenant. Je me rends compte d’autre chose à présent : rares sont les personnes qui se sont aperçu que j’avais fait tant d’efforts. Car aujourd’hui, lorsque je mange mes pates avec ma fourchette et ma cuiller (il faut dire que je suis la seule à cette table qui est susceptible de manier le mieux les couverts et ça se confirme), on me propose des baguettes. Cette personne ne s’imagine pas tout simplement qu’il peut y avoir une autre façon de manger les pates. Elle ne s’est certainement pas demandé une seconde comment je faisais avant pour manger un tel plat. J’avoue que je suis un peu déçue. Non pas que je m’attendais à être traitée en héroïne de l’adaptation à la culture chinoise. Mais j’aimerai qu’on sache aussi un peu la façon de faire en France et qu’il n’y a pas que la manière chinoise. C’est ça l’ouverture justement. Bien évidemment, je ne généralise pas. Beaucoup de personnes me posent des questions sur la France et sont heureuses de partager ce qu’elles savent sur ce pays. Mais ici, comme en France ou ailleurs, il y a toujours des gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et je trouve ça dommage.


A table, j’ai droit à du pain à l’ail. Hé oui, du pain à l’ail. Après deux tranches, je me demande si je peux en recommander ou pas. La serveuse ouvre la porte et j’entends alors dans la salle principale une chanson des Corrs. C’est un signe. L’Irlande m’appelle. Et voilà deux autres tranches qui rappliquent. Le bonheur !


Trente minutes de voiture pour retourner à l’usine pendant lesquelles je peine à ne pas m’endormir.


La visite guidée commence. Nous allons voir le processus de fabrication des vêtements de A à Z. En introduction, nous faisons un tour dans la salle où sont traités les échantillons avant la production. Deux activités principales : le tissage et l’assemblage. Pour le tissage, la couturière est placée devant son métier à tisser et doit changer la position des aiguilles assez souvent pour respecter le motif qui lui a été fourni sur une feuille. La vitesse de réalisation est assez impressionnante. Pour maintenir le pull en construction tendu, elle a préalablement fixé deux poids au bout.



Puis l’assemblage. En fait pour faire un pullover, on fabrique l’avant, l’arrière et les manches séparément puis on les assemble. Lorsque l’on voit les pièces une à une, on a beaucoup de mal à s’imaginer que cela va finir par donner un pull.

Nous entamons ensuite la visite de la grosse production. Tout commence par la réception du fil qui va permettre de faire les bobines. Elles sont fabriquées dans une grande pièce assez sale. Il y a beaucoup de bruit provoqué par les nombreuses machines qui tournent sans cesse. Deux dames sont assises par terre et semblent faire des bobines de soie. Le fil est si fin qu’il m’est impossible de le voir.


Nous passons ensuite dans la pièce dans laquelle sont entreposées les bobines terminées. Chaque ouvrière doit venir chercher ici son matériel et signer un registre.


Puis nous entrons dans une énorme pièce. Il y a énormément de bruit et les nombreux ventilateurs accrochés au plafond tournent à plein régime. Ici, on tisse. On m’explique que chaque ouvrière travaille huit heures par jour. Cependant, à la fin de chaque mois, elle est payée en fonction de sa production. C’est la raison pour laquelle elles font souvent des heures supplémentaires. En revanche pas d’indication précise à ce sujet… Petite précision : je dis « elles » mais l’usine compte tout de même des hommes derrière les machines à coudre. Chaque ouvrier possède sa machine et peut donc gérer son travail et ses bobines.

Nous nous rendons ensuite dans la salle de l’assemblage. Ici, il y a nettement moins de bruit. On entend même un fond de musique. Il y a beaucoup moins de machines aussi.


Puis contrôle qualité. Les ouvrières enfilent les manches sur un petit cône fluorescent et le reste sur un plus grand afin de détecter d’éventuelles anomalies. Elles réalisent leur boulot à une vitesse incroyable.

Une fois que les vêtements sont fabriqués et contrôlés, il faut les nettoyer. Pour se faire, une grande machine à laver et des grands sèches linges sont disposés dans une pièce. Un homme s’occuper de charger et de décharger les machines.


Puis c’est le repassage. Les vêtements sont disposés sur des sortes de plaques en bois préalablement coupés à l’entrée de la salle. Ensuite on les repasse. Dans cette salle, il fait particulièrement chaud. Annie me dit qu’il n’est pas rare que les hommes soient torse nus et que les femmes ne portent que de légers légers débardeurs. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Toutes les ouvrières portent des vêtements très à la mode. Serait-ce du à notre présence ici ? Nous ne le saurons jamais. Forcément, nous portons une grande attention au fait qu’il n’y ait pas d’enfant qui travaille. Aujourd’hui il n’y en a pas mais demain, qui sait ? En un sens, je trouve cela hypocrite de visiter cette usine et de dire que nous avons fait attention. Comme notre visite était prévue, il est bien évident que nous ne croiserons pas de petits.

Ada est étonnée et me dit qu’avant elle trouvait toujours que les prix étaient trop élevés. Maintenant au contraire, elle serait d’avis de les augmenter étant donné le travail que cela représente. Ce qui est fou, c’est qu’il faut une visite d’usine pour s’en rendre compte. Vraiment, je ne sais pas de quoi sont au courant les gens qui m’entourent tous les jours ici. Je me le demande vraiment et je suppose que tous ne se tiennent pas informés de la même manière. Comme en France. Mais ce qui est perturbant, c’est que je ne sais vraiment pas le niveau de connaissance qu’ils ont de leur société, de leur pays.


Réflexion à part, nous entrons ensuite dans la salle où sont cousues les étiquettes commerciales et où sont décousues les étiquettes sur lesquelles sont marqués les noms des différentes personnes qui ont participé à l’élaboration du produit.


Puis c’est l’emballage. Prêt à être envoyé.

Mes impressions sont mitigées. Bien évidemment que je trouve les conditions de travail assez dures et pénibles. Mais je m’étais réellement imaginé pire. Les locaux ne sont pas si sales que ce que j’aurais pu penser. Le bruit n’est pas présent dans toutes les parties de l’usine. Bon, alors je sais pertinemment qu’il se peut certainement que les conditions aient été améliorées aujourd’hui. Et je ne veux en aucun cas dire que travailler ici est chose aisée. Car les ouvriers pour la plupart sont debout toute la journée. Ils font la même chose toute leur vie dans la chaleur, dans le bruit et dans la poussière… Pour rien au monde, je voudrais être à leur place. Mais je pense qu’il y existe des usines pires que celles-ci. Bien sur, je ne veux pas comparer par le bas donc cette position est difficile à tenir. Cette question est compliquée. Car nous pouvons aussi nous demander si les ouvriers se rendent compte que leurs conditions de travail ne sont pas bonnes. La jeune génération certainement est plus au courant que les autres. Et en tenant ce genre de propos, il faut faire attention car il est vite facile de dire qu’ils ne se rendent pas compte donc ils sont heureux ainsi, donc la situation est bien comme elle est.


A la fin de cette visite, nous remontons un peu dans la salle de réunion puis nous reprenons la voiture direction Shanghai. Je dors donc une heure et demie.


En sortant de la voiture, j'ai beaucoup de mal à me réveiller. 18 heures pile, je suis au bureau. Nous partons vers 18 heures 30. Emilia et Pascal ont réservé un restaurant. Le chauffeur du taxi n'est pas très aimable. C'est le moins qu'on puisse dire. Conflit de males à l'avant pendant que nous, les trois filles derrière, nous nous faisons toutes petites.


Lorsque nous entrons dans le restaurant, je dois avouer que j'ai subi un choc. Je suppose que Diana a ressenti la même chose. Mélange d'étonnement, de curiosité et oui, il faut l'avouer d'un peu d'angoisse. Devant nous s'étalent de nombreux aquariums dans lesquels nous pouvons voir toutes sortes d'animaux nager, s'accrocher aux parois, ramper...

La majeure partie des petites bêtes sont des poissons et des crustacés. Mais on trouve aussi des crapauds par exemple. Lorsque les victimes ne sont plus en vie, elles apparaissent soit en entier soit en morceau, reconnaissables bien entendu. Sinon, ce n'est pas drôle.

J'avertis tout le monde : s'il y a le moindre s------, je pars en courant. Au détour d'un allée de bassins en verre, Pascal me prévient : ce ne sont que des anguilles. Pas de panique. Notre sentiment premier qui s'apparentait plutôt au dégout laisse place au fur et à mesure à l'amusement puis à de la curiosité. De nos bouches ne sortent que des questions : « Comment cuisine-t-on ceci? » « Quel espèce de chose est cela? »... Je pense qu’Emilia est amusée. Elle répond à toutes nos questions sans hésiter. Pour elle tout ceci est normal. Et ce que j'apprécie beaucoup, c'est le fait qu'elle comprenne que nous soyons surpris et que cela puisse nous dégouter un peu.

De ce côté, c'est à nous de faire un effort. Je dois dire que pour tout ce qui est poisson, je n'ai pas trop de souci grâce à papi le pécheur. Pour les fruits de mers et crustacés, ça roule tout seul aussi. Et je remercie pour ça papa qui m'a appris à les apprécier. Dans mes choix, je m'en tiens donc à ces deux catégories...pour le moment.


Nous progressons dans cette grande salle. Le but, je ne l'ai pas précisé mais cela semble évident, est de choisir ce que nous allons manger. Une personne nous suit et note ce que nous lui montrons. Emilia choisit les recettes. Tout d'un coup, elle me montre un plat et me demande mon avis : qu'est ce que cela peut bien être... Aucune idée. C'est de la viande. Les morceaux sont courbés vers le haut... « C'est quelques chose dont tu as peur » Ha non... Curieusement, les larmes ne me montent pas aux yeux et je n'ai pas envie de partir en courant. Il faut dire que le truc est totalement méconnaissable. Au début, je pensais même que c'était des langues. C'est pour dire. Je ne me sens tout de même pas totalement à l'aise à côté de cette assiette. Je préfère m'éloigner un peu et je tombe sur Pascal qui me montre le contenu d'une grande casserole. Des pates de poulet. Rien que ça. Là encore, on parvient parfaitement à distinguer la forme de la chose.


Diana se tâte. Elle aimerait goûter le crapaud. Moi, ce n'est pas la première chose qui me viendrait à l'esprit mais si elle veut tenter, je ne l'empêche pas. Emilia commande donc une recette à base de crapaud. Elle choisit le plat de serpent aussi.


Après un dernier petit tour et quelques photos, nous montons à l'étage supérieur. Dans une grande salle, assez bruyante sont dressées de nombreuses tables. Il est 19 heures 30. L'heure d'affluence dans les restaurants à Shanghai. Il semble que cet endroit soit très répute. Salle comble. Il faut réserver pour espérer diner ici.


Le premier plat arrive. Je ne savais pas qu'Emilia avait commandé du poulet. Enfin, du poulet. Non. Il faut que je sois précise : un poulet coupé en deux dans toute sa longueur, posé à plat dans une assiette. Bien évidemment, quand je dis "dans toute sa longueur", cela signifie des chevilles à la tête... Les pates, elles sont certainement dans la grande casserole en bas. C'est parti. Quand faut gouter, faut gouter. C'est bien du poulet. Comme celui dont j'ai l'habitude sauf que je n'ai jamais vu la tête de tous les autres poulets que j'ai mangé... Emilia demande aux serveurs d’enlever la tête. Certainement parce que nous n’arrêtons pas de faire des commentaires su style : « venez, on va chercher l’autre moitié du poulet dans la salle grâce à la tête… Pas celle là, non, pas celle là non plus » En chœur tous les trois nous refusons. C'est que nous commençons à nous habituer à ce côté exotique!

La deuxième assiette est emplie de racines de lotus. Cette recette est spéciale et est essentiellement faite à base de riz. Bourratif mais très très bon.


Ensuite viennent les coquilles saint Jacques. La recette est délicieuse. Les noix sont recouvertes de vermicelles et de petites herbes.


Puis viennent les choses sérieuses : apportez le crapaud. Emilia a eu pitié de nous et a demandé à ce la peau soit enlevée. Merci. Finalement, on ne se rend pas compte du tout que ce plat est constitué principalement d'un animal ayant jadis croassé. Je n'étais pas très motivée pour gouter mais je suis curieuse. Emilia nous choisit des morceaux et c'est parti. Verdict : même texture que le poulet, gout plus fort. Pas mauvais au final.


Puis vient le serpent. Au début, j'ai vraiment du mal à regarder. Puis comme nous possédons la merveilleuse aptitude à nous habituer à beaucoup de choses (je peux en témoigner), je me décrispe, cesse de regarder mes chaussures ou la table de derrière puis retrouve une attitude normale digne de ce restaurant plutôt chic. Ils adorent tous les trois. Là c'est clair, je ne peux pas. Le miracle de ce soir réside déjà dans le fait que je ne sois pas partie en courant.

On nous apporte ensuite un énorme poisson qui ressemble à une raie, qui sent la raie, qui doit être une raie en fait. Là, je peux vraiment dire que j'apprécie.


Circonstances obligent, nous discutons tout au long du repas de choses étranges que l'on a déjà mangé ou que certains peuples mangent. J'en profite pour aborder la question des souris vivantes, du cerveau de singe et des bébés humains. Emilia répond par l'affirmative pour le cerveau de singe. Elle est presque persuadée que personne ne mange de souris vivantes. En revanche, beaucoup moins de certitude en ce qui concerne les bébés. La réponse exacte est : « Non, je ne pense pas ». Nous aurions tous les trois préféré une réponse claire, nette et précise...


Nous évoquons aussi les signes chinois. Pas de plus dans mon intégration chinoise : je connais désormais mon signe : le lapin.


Pour clôturer ce repas que je peux qualifier de particulier, riche en surprises et aventureux, on nous apporte des petits baozi et des crêpes. Nous finissons donc dans la simplicité.


Ce diner plus le déjeuner de ce midi. C'en est trop pour mon ventre. Je sens que j'ai beaucoup trop mangé. Je ne suis pas la seule d'ailleurs. Nous partageons tous les quatre ce sentiment. Pourtant, cela ne nous empêche pas d'aller prendre un dessert chez Häagen Dazs à Pudong au bord du Huangpu. Nous prenons le taxi et je passe pour la première fois dans le grand tunnel qui passe sous le fleuve. Hé oui, d'habitude, je fais ce trajet en métro!


Arrivés sur les berges du Huangpu, nous prenons quelques photos souvenirs. Emilia nous dit que mettre les doigts en V est typiquement taïwanais... Nous ne sommes pas tout à fait d'accord...


Nous faisons un peu la queue devant la terrasse de chez Häagen Dasz puis nous pouvons enfin nous installer. Le choix est difficile. Nous rigolons pas mal, discutons beaucoup. Nos conversations sont ce que l'on peut appeler internationales. Un mélange d'anglais, de français, d'allemand et parsemées de mots chinois.


Peu avant 23 heures, nous reprenons le taxi dans l'autre sens. Cette fois, nous traversons le fleuve grâce au pont. Celui là non plus, je ne l'ai encore jamais emprunté. Sacré métro. Emilia me dit que lorsqu'elle vivait à Paris, c'était la même chose. Elle passait tous les jours sous l'Arc de Triomphe en métro mais ne l'avait jamais vu.


Nous descendons devant le bureau avec Diana. Puis elle rejoint son hôtel et je m'en vais attendre mon bus. Bus qui arrive dans la minute. Manque de chance, enfin d'argent, ma carte de métro est vide. Problème : je ne trouve pas de monnaie pour payer. Je n'ai que des billets. Une dame devant moi semble éprouver les mêmes difficultés, ce qui énerve passablement le chauffeur. Je me fais toute petite et cherche des pièces. L'idée de ne pas payer me traverse l'esprit mais je repense à la jeune fille qui avait tenté l'effraction l'autre jour et la honte qu'elle avait du subir... Je me mets à chercher de plus belle puis je finis par me résigner à demander de la monnaie contre un billet. Je me lance dans une phrase en chinois mais comme je m'adresse à des jeunes, ils parlent anglais. Très sympa, ils échangent leurs pièces contre mon billet. Et voilà ceci qui termine cette journée riche en émotions.


Arrivée chez moi, douche, vérification des mails puis dodo après m’être rendue compte que j’avais (encore une fois) laissé mes clefs à l’extérieur…


Mercredi 27 Août : Le retour des céréales.

Pour la deuxième fois consécutive, je parviens à demander des baozi aux légumes. Ce n'est rien mais ça me met de bonne humeur le matin. Dans le bus, tous les gens en face de moi me regardent me débattre avec mes bananes et me dévisagent mais j’ai l’habitude et ne leur prête plus d'attention. Je suis bien, dans mon bus, tranquille. Il fait beau ce matin, le ciel est dégagé. Ce qui est assez rare.


Lorsque j'arrive au bureau, je trouve un mot posé sur mon ordinateur. La première pensée qui me vient à l'esprit est : « Est ce que j'ai fait quelque chose de mal? » Pourtant je n'ai rien à me reprocher. Bizarre. Non, en fait, c'est Annie qui s'excuse de ne pas m'avoir prévenue. Ni elle ni Ada ne seront la ce matin. En gros, cela signifie qu'officiellement je n'aurai rien, strictement rien à faire pendant quatre heures. Peut être pourrais je bosser dans un autre service? Bingo. Réponse positive. Et aujourd'hui je me rends compte qu'un département est en plein étude marketing. Etude quantitative, qualitative. Ce qui m'intéresse beaucoup. Anne est super sympa et m'explique le contenu et la forme de ce projet. Nous trions ensemble des photos à montrer aux consommatrices. Je l'aide à répertorier les vêtements qui seront soumis à l'avis des clientes. Je passe toute la matinée à constater que mes cours de marketing n'ont pas servis à rien. Du moins en partie...


A midi, nous allons rejoindre les filles qui sont parties manger des nouilles. Comme d'habitude, je prends le plat de pates-viande-trucs verts. Je n'ai toujours pas réussi à déterminer la nature de ces légumes ou herbes ou épices... A table, elles parlent toutes exclusivement en chinois mais Anne me traduit de temps en temps pour que je suive le fil de la conversation. Le principal sujet abordé est le snobisme des gens de Shanghai par rapport aux autres chinois. Les Shanghaiais seraient ils une forme de parisiens? De toute façon, je suis sure que ce sentiment de supériorité des habitants des capitales est présent dans tous les pays. Tout le monde a toujours besoin de se comparer, de se mesurer, Ca, c'est universel. La preuve.


Cette après midi, je gère mon temps entre le merchandising et la préparation de l'étude de marketing. Le temps file à toute allure. Vers 17 heures, réunion avec l'agence qui s'occupe de cette étude. J'assiste aux discussions sur les photos à présenter.


A 18 heures, nous partons faire du shopping avec Diana. Direction Zhongshan Park. Mon but premier est de me trouver des céréales, du lait et en option : du pain de mie et de la confiture. Manque de sucre terrible. Il faut y remédier. Je tiens à préciser que je suis en train d'accomplir un exploit dont jamais je en me serais crue capable : cela fait presque deux mois que je n'ai pas mangé une compote.


Nous prenons le métro pile aux heures de pointe. Donc nous nous retrouvons entassées au milieu du wagon ou il est seulement possible de se tenir à des barres trop hautes pour nous. Trop hautes pour nous, donc imaginez deux secondes l'allure d'un chinois qui tente de s'y accrocher...


Nous finissons par atteindre le centre commercial énorme et c'est parti pour le shopping. Nous craquons toutes les deux dans le magasin Only. Pas moins de cinq vendeuses sont à notre service, veulent nous faire essayer des vêtements, nous habillent... Chine, pays du service.


Ensuite, c'est petit tour chez Carrefour. J'achète un stock de céréales. Nous nous baladons dans le rayon des fruits et légumes. Nous ne connaissons pas la majeure partie des produits étalés devant nous.


Il est déjà 20 heures passées. Nos estomacs réclament à manger. En cherchant un restaurant, nous tombons sur des parapluies Hello Kitty. Comme moi, Diana est une grande fan. Comme on pouvait s’y attendre, le vendeur nous annonce un prix faramineux. Nous le réduisons de trois quart. Puis, quand je sors mon porte-monnaie, il voit les euros et veut à tout prix me les échanger… Pourquoi pas ? Le problème, c’est qu’il sort un taux de nulle part. Nous partons. Nous montons aux étages supérieurs et nous sommes bien inspirées par un restaurant japonais. Nous commandons toutes sortes de plats. Beaucoup trop au final. Nous nous laissons tenter par des brocolis aux orchidées. Un peu d'exotisme ne peut pas faire de mal. Nous développons ensuite une technique particulière pour boire notre thé aux fleurs. Elle consiste à faire une barrière avec les dents pour éviter d’avaler les pétales.


Nous sommes encore assises à table vers 21 heures 30. Ce qui est très tard pour la Chine. Les serveurs nous font comprendre qu'ils vont bientôt fermer et qu'il serait grand temps de penser à mettre les voiles. Nous partons donc. Prochaine mission : retrouver la station de métro. Ce qui n'est pas chose aisée dans ce centre. Je me pers une fois sur deux et il faut croire qu'aujourd'hui est un mauvais jour. Je demande le chemin et un jeune couple nous indique la direction.


Arrivées aux portes du métro, le vigil veut vérifier nos sacs. Je le laisse fouiller dans mes affaires. Ici, ils n'hésitent pas. Ils ouvrent les sacs, plongent leurs mains dedans, remuent tout. Personnellement, je préfère le laisser faire et m'en aller vite. Mais Diana n'est pas de cet avis. Du coup, le policier est suspicieux et ne veut pas qu'elle rentre dans le métro avec sa mini bouteille de déodorant. La raison : gaz dangereux. Diana lui montre que ce n'est que du parfum et s'en met dans le cou. J'ai cru que le flic allait faire une crise cardiaque. Il pensait certainement qu'il allait assister à un suicide en direct... à base de déodorant Nivea... Il ne veut vraiment pas nous laisser passer. Un occidental nous conseille de prendre l'autre porte et de laisser tomber celui là. C'est ce que nous faisons. Absurdité du système : nous passons sans souci par une autre entrée.


Nous retrouvons Emilie au métro puis nous allons déposer mes courses chez moi. Ensuite direction Le Mural ou nous nous faisons faire les ongles et buvons quelques cocktails.


Le Bar rouge étant un passage obligé pour Diana qui n'est là que pour deux semaines, nous y allons. Juste pour voir la vue. L'ambiance est infecte. Que de vieux expatriés qui sont là pour montrer à tout le monde qu'ils ont de l'argent. Toutefois, un groupe d'américains ou de suédois (le mystère restera entier) nous fait bien rire sur la piste de danse. La vue est toujours aussi magnifique. Nous restons un peu puis reprenons un taxi.

jeudi 28 août 2008

Mardi 26 Août : Des souris vivantes, vraiment ?

Dur dur d'émerger ce matin. Comme un boulet je me rendors une fois que mon réveil a sonné donc je suis pas mal en retard quand je me reréveille. Mais je commence à être rodée. Je mets deux fois moins de temps pour me préparer maintenant. Dans ma salle de bain, il y a de plus en plus de produits chinois. Je commence à venir au bout de mon stock de flacons occidentaux en tous genres. Désormais, je me douche chinois, je me lave les mains chinois, je me déodorise chinois. Quoique, sur ce dernier point, je dois tout de même préciser que je n'ai pas trouvé autre chose que des marques occidentales. Je me déodorise donc allemand (Nivea). Les chinoises ne sont pas trop à cheval sur le deo, ni sur l'épilation d'ailleurs... Espérons que ça vienne avec le temps.


Je renoue avec la tradition des bananes-baozi du petit déjeuner. Bonne prononciation ou chance, je me retrouve avec des baozi aux légumes. La journée commence bien. Grande première : une dame me pose une question dans la rue. Elle n'a pas du voir que je n'avais pas les yeux bridés et les cheveux raides car d'habitude, les gens évitent clairement de me demander quoique ce soit. Ils ont raison. La preuve : elle a l'air sympathique cette petite dame mais je ne peux que lui dire que je ne comprends pas.


Ce midi, en allant manger, Ada me raconte des choses qu'elle aurait du plutôt me raconter dans le sens inverse : resto-bureau. Car ce qu'elle me dit me coupe totalement l'appétit. Dans le sud de la Chine, les gens mangeraient des souris vivantes et du cerveau de singe. A Taiwan, les plus riches mangeraient aussi des bébés humains.... Je mets tout ça au conditionnel car lorsque je demande aux autres filles, elles nient en bloc l'histoire des bébés puis me disent que 99 % des gens ici considèrent que les gens qui mangent des souris ou du singe sont des fous. Après tout, chaque pays a son lot de tarés. Il ne faut pas généraliser. Je me rends compte qu'elles sont un peu fâchées contre Ada qui donne une fausse et mauvaise image de la Chine.


Sur la route du retour, nous reparlons de la soirée de vendredi avec Rita. Le Zapatas lui a beaucoup plu. Nous reparlons aussi de programmer le karaoké. Ce soir ? Non pas ce soir. Je dois parler avec Fa sur Skype. Les filles comprennent et me disent que c'est le petit copain avant tout. Elles s'étonnent et sont curieuses : ha bon, tu as un petit copain. Oui, oui. Je développe un peu. Puis la prochaine question m'étonne: et tu n’en a qu'un? Je ne peux m'empêcher de rire et de penser "Non non, j'en ai un bon stock. S'il y en a un qui commence à me taper sur le système, je change". Mais je réponds : oui oui, j'en ai qu'un. Un suffit non? Elles ne répondent pas à cette question...


Cette après midi, travail routinier en compagnie de mes amis les échantillons. Tracy me demande d'essayer quelques vestes super sympas. Elle prend des photos pour le dossier. Attention, je commence à avoir les chevilles qui gonflent...


J'apprends à demander l'heure : Xianzai ji dian le? Peut être que si j'avais su cette phrase ce matin, j'aurai pu répondre à la question de la petite dame. Ou pas.


A 18 heures, je m'en vais. Comme d'habitude, je suis la première à partir. Les autres restent assez tard en fait. Pourtant leur temps de travail supplémentaire n'est pas comptabilisé. Du moins il me semble.


Après mon petit tour de bus quotidien, je m'achète un Magnum. J'ai mal au ventre depuis ce midi mais bon, Magnum ou pas de toute façon, j'aurai mal au ventre donc autant se faire la totale.


Aujourd'hui est un grand jour, première discussion Skype avec Julien. Nous nous sommes déjà connectés en même temps mais on ne peut pas appeler ça une discussion étant donné qu'il parlait tout seul. Là, je peux dire ce que j'ai à dire en un exemplaire seulement et ça passe direct. C'est magnifique.


Ce soir, j'écoute de la musique chinoise sur Baidu. Baidu est un moteur de recherche assez connu en Chine. Il est possible d'écouter toutes sortes de chansons. Tout est en chinois donc je m'en tiens aux indications de Juliana et ne vais que visiter le top 100 des hits actuels. Je commence à avoir mes chansons préférées. Je tente de retenir le titre mais ce n'est pas évident du tout. J'ai encore un peu plus d'un mois pour découvrir tout ça et je ne compte pas laisser filer le temps sans apprendre au moins une chanson.


Un peu plus d'un mois... Depuis presque le début de mon séjour, je m'amuse à me demander ce que je faisais il y a un mois et ce que je ferai dans un mois. Depuis aujourd'hui, la réponse à la deuxième question me rend un peu triste. Dans un mois je serais bientôt partie. J’ai l’impression qu’il me reste tant de choses à faire ici et que je n’aurai jamais le temps de tout voir.


Je retrouve mon bouquin puis je me couche. Normalement je devrai récupérer cette nuit et être entièrement en forme demain. Faut que je me bouge un peu. Quoique... Ca fait aussi du bien de se poser.

mardi 26 août 2008

Lundi 25 Août : Les pieds dans l'eau.



5 heures ce matin : orage. Non, pas orage. ORAGE. Des éclairs et du tonnerre comme je n'en ai vu et entendus qu'à Shanghai. Après avoir regardé deux secondes dehors, je me rendors tout de même.


8 heures, rapide coup d'œil par la fenêtre : il pleut toujours et il fait gris. Niveau dépaysement, ça va, ce n’est pas trop dur. Je ressens un sentiment assez familier en regardant ce ciel qui me rappelle vaguement quelque chose… J'ouvre mon parapluie dès que je sors. Il y a pas mal de flaques d'eau dans mon quartier mais je parviens tout de même à marcher au sec. Ce qui n'est pas plus mal car j'ai mis mes ballerines à paillettes ce matin.


Le bus a du retard. Il semble qu'il y ait beaucoup de trafic aujourd’hui. Hé oui, au fur et à mesure que je m'approche du bureau, je me rends compte que les flaques acquièrent d'abord le statut de marre puis d'étang... Toute la rue est totalement inondée.


Je suis obligée de marcher dans l'eau jusqu'aux chevilles. Je me résigne à mouiller mes chaussures. Certaines femmes marchent pied nus, leur talons à la main, d'autres ont chaussé les fameuses Crocs. Et puis il y a les gens comme moi, non prévoyants, qui pataugent. Lorsque les bus passent de côté, ils créent des vagues donc tout le monde se jette contre le mur dans la joie et la bonne humeur.





J’arrive en retard forcément. Ce matin, j'ai pas mal de boulot. Puis je suis une formation avec le boss qui nous explique à Shirley et à moi les objectifs et la structure de l’entreprise. Puis nous passons au nouveau projet d’implanter un magasin à Shanghai. Il passe en revue la concurrence et la stratégie de chacun. Extrêmement intéressant.


J’apprends également les différences majeures entre le management en France et le management en Chine. Plusieurs points : tout d’abord, il ne faut jamais négliger l’importance du lao ban, c'est-à-dire le chef. Il est très respecté. C’est lui qui prend les décisions. C’est pour cette raison que l’organisation de réunions de créativité peut poser problème. Effectivement, les chinois ne comprendraient pas pourquoi ce n’est pas le chef qui choisi. Par manque de connaissance ou d’expérience ? Dans ce cas, son autorité est clairement remise en question. Puis, une autre difficulté majeure réside dans la communication. Si une réflexion est mal prise par un employé, celui peut parfaitement ne pas revenir le lendemain. Le marché du travail étant en plein expansion, il semble qu’il soit facile de retrouver un emploi. Ceci est lié à la troisième différence capitale dans les types de management : le comportement des employés de la nouvelle génération. Elle est très capricieuse car issue des années de la politique de l’enfant unique. Les jeunes ont toujours été habitués à obtenir ce qu’ils souhaitaient quand ils voulaient et ont tendance à retranscrire cette façon de faire au travail.


Après cette réunion, LinLin me donne un bon pour chercher un Moon Cake dans une boulangerie qui a l’air assez connue. Il me semble que je n’ai pas encore parlé des Moon cakes ici. Aux alentours du 15 septembre, c’est la fête de la lune. Tous les membres de chaque famille se réunissent et partagent ces fameux gâteaux. Depuis que les JO sont terminés, on n’entend plus parler que de ça en ce moment.


Je retrouve Tracy et nous allons manger avec Emilia et Pascal qui sont déjà installé au restaurant. Ce midi, au programme : débat sur les piscines. Emilia a emmené Pascal dans une piscine publique ce weekend. Toute une aventure apparemment : tout d’abord, il faut obligatoirement mettre un bonnet. Ils peuvent s’acheter sur place donc pas de problème. Ensuite, il faut faire une « visite médicale ». Elle peut se faire également sur place. Ceci consiste à enlever ses chaussures pour montrer ses pieds. Si tout va bien, le médecin délivre le certificat d’aptitude à aller barboter dans l’eau. Une fois dans la piscine, tout a l’air très folklorique. Aucun respect des lignes pour nager. Tout le monde nage où il veut et vers où il veut. Je l’avais déjà constaté au lac de Nanjing : les chinois ne nagent pas comme nous. Pascal confirme cette thèse. Apparemment dans une piscine, la tendance au sur place est très répandue. Toutes ces descriptions ont aiguisé ma curiosité. Il faut vraiment que j’aille y faire un tour.


Mais le cœur du débat porte sur les douches. Ici, la plupart des gens semblent garder leur maillot de bain pour se doucher et ceci étonne Pascal. Je n’ai pas précisé qu’il vient de Strasbourg, proche de l’Allemagne. Et apparemment à Strasbourg, on fait comme en Allemagne : tout le monde tout nu pour se savonner. J’ai beau réfléchir, à Lille et en France en général, il ne me semble pas que ça soit comme ça…


Après le repas, Tracy m’accompagne pour aller acheter des tongues en plastique. Pour le moment, Ada m’a prêté les siennes étant donné que mes chaussures étaient trempées ce matin mais je ne vais pas les garder éternellement. Je trouve une magnifique paire sur laquelle est dessiné le drapeau anglais. Je ne peux pas passer à côté.


Puis nous remontons travailler. J’arbore fièrement un Union Jack à chaque pied toute l’après-midi.


Je retourne chez moi vers 18 heures. Depuis hier soir, j’écoute en boucle The Libertines. Hugo me les a conseillés il y a longtemps déjà mais je ne m’y étais jamais mise. La révélation a eu lieu dans l’auberge dimanche. Depuis, je n’écoute que ça. Jusqu’à l’overdose. Peut-être tombera-t-elle en même temps que celle de Pete Doherty…

Ce soir, je reste chez moi. Discussion Skype avec maman et papi et mamie. J’ai même la chance d’assister au réveil de Kim. Réveil un peu forcé mais réveil tout de même… Je lis un peu de « Mémoires d’une jeune fille rangée » puis m’endors assez tôt.