lundi 11 août 2008

Samedi 9 Août : Nanjing part I

Mon réveil sonne. 6 heures? Pourquoi 6 heures? Pourquoi si tôt? Pourquoi un samedi ? Voila, ça c'est tout moi : j'ai pensé à ce week-end toute la semaine et j'ai tellement bien dormi que je ne me souviens pas au réveil qu'aujourd'hui est le "grand jour".


Nanjing nous voilà !


Je n'ai qu'un quart d'heure pour me lever, me préparer, finaliser mon sac et re-re-re-revérifier que je n'ai rien oublié.


A 6 heures 15 les petits commerces de la Jiango Lu ouvrent doucement. Les baoze sont là. J'en prends deux pour la route. Je commence à avoir une petite faim. Ma banane d'hier est déjà bien loin.


6 heures 30, je retrouve Marie-Astrid. Nous prenons le métro ensemble pour nous rendre à la gare où nous avons rendez-vous pour 7 heures. Dans le métro, je vérifie qu'Arnaud est bien au courant de l'heure du rendez-vous. Il est déjà à la gare. Pas de souci.


Point de repère : le grand panneau de la grande place devant la gare. Nous voyons grand pour ne semer personne. Nous sommes 12 à partir. Tout le monde est presque arrivé. Il ne manque plus qu'Arnaud qui semble perdu dans les profondeurs du métro shanghaien. Mathieu tente le guidage par téléphone. Rien n'y fait. Finalement, nous nous rendons compte qu'il s'est trompé de gare ce boulet. Comme nous l'avons attendu jusqu'au dernier moment devant la gare, inutile de dire que nous devons courir si nous ne voulons pas manquer le train. Petit moment de stress histoire de bien commencer la journée. Petite course sur le quai, saut dans le train et c'est parti pour l'aventure.


Au bout de deux heures, nous sortons et respirons l'air de Nanjing : bus, poussière, pollution. Mathieu, notre tour operator a tout prévu. Nous montons dans le bus 44 direction l'auberge de jeunesse. La gare se situant au Nord et l'auberge se trouvant au sud, voilà une bonne occasion de traverser la ville. Cela permet de se rendre compte de la taille de l'ancienne capitale de la Chine.


Ici, les bus sont plus vieux et ne semblent pas climatisés. Les fenêtres ouvertes nous permettent de ne pas fondre totalement.



Nous ne trouvons pas tout de suite l'auberge de jeunesse car les numéros dans la rue ont l'air d'avoir été un peu dispatchés au hasard. Quelqu'un nous donne rendez-vous devant un pont qui ne semble pas être loin. Manque de chance, il y a plusieurs ponts, dont un très mignon qui enjambe un petit cours d'eau sur lequel passent des barques typiques.


Nous finissons par entrer dans l'auberge, prenons les clefs et moment de vérité : le découverte des chambres. Verdict : pas mal du tout. Spacieuse, lits confortables, grande salle de bain, grande douche, moustiquaire. Enfin, apparemment, elles ne répondent pas toutes à la même description. Nous allons voir l'autre : dès que nous ouvrons la porte, une forte odeur de renfermé ou de je ne sais quoi s'engouffre dans nos narines innocentes. Les lits sont plus durs, la douche est petite (à limage de la salle de bain) et il n'y pas de moustiquaire. Pour bien commencer le séjour et ne pas créer de tensions dès le samedi matin, nous décidons à l'unanimité de repartir les chambres en tirant au sort. Dans une ambiance Koh-Lanta, nous écrivons un R (pour chambre Rose, celle qui pue) sur six papiers et un J (pour chambre Jaune, celle qui ne pue pas) sur six autres. A partir de ce moment, je suis sure qu'avec ma chance habituelle, j'aurai le plaisir de dormir dans une odeur de renfermé, attaquée par les moustiques. Hé oui, je n'y coupe pas : ce sera chambre rose pour moi ainsi que pour Alexandra, Marie-Virginie, Emilie, Mathieu et Arnaud. Marie-Astrid, Marie, Luc, Edouard, Charlotte et Marion eux sont plus chanceux et dormiront dans la chambre jaune.


Apres avoir déposé nos affaires dans les chambres, nous nous mettons en route direction le palais présidentiel de Sun Yat Sen, le premier président de la République chinoise. Le trajet en bus est assez mémorable. Nous parvenons tout juste à trouver une place juste assez grande pour que tout le monde puisse se tenir debout. Je m'accroche tant bien que mal à une barre à côté du chauffeur. Il a une conduite tellement sportive qu'il n'est pas rare que mes pieds décollent du sol. C'est là que je dois entamer une manœuvre assez périlleuse : sortir l'adresse de là où nous allons pour qu’Arnaud, qui a pris le train suivant (ce boulet), puisse nous retrouver. Cela ne semble rien dit comme ça, mais en réalité c'est extrêmement compliqué. Je manque de me retrouver assise par terre ou sur les genoux du chauffeur...


Apres ces 10 minutes de sport intense, nous nous retrouvons devant le palais présidentiel. Arnaud nous rejoint. Nous prenons les billets et entrons dans la cour. Je fais un peu office de guide et lis les quelques lignes que j'ai imprimées sur l'histoire de ce bâtiment :


Zongtong fu

Ancien palais présidentiel de Sun Yat Sen reconverti en musée (histoire de Nanjing). Ce palais possède l’essentiel de l’héritage culturel de la ville. Ce site a été choisi en 1853 par Hong Xiuquan, chef des rebelles Taiping pour édifier son palais du ciel (Tian Chao Gong). Quand les Qing reprennent la ville en 1864, le palais est presque entièrement détruit.
Apres la révolution de 1911 qui renverse les Qing, SunYat-Sen décide d’y installer le siège de son gouvernement. C’est ici qu’il prête serment, de même que Tchang Kai Check en 1948.

Une statue de bronze du chef rebelle s’élève dans la cour près du bureau, en signe de reconnaissance posthume accordée par Mao Zedong aux « paysans révolutionnaires » Taiping après 1949.

Aujourd’hui : musée de l’histoire moderne de Nanjing consacré à la fin de la dynastie des Qing et à la République de Chine.


Après un mois intense de vie à Shanghai, je dois dire que cela fait beaucoup de bien de découvrir enfin l'histoire de la Chine, son architecture ancienne et son art. Nous faisons tous le même constat : Sun Yat Sen devait mener une belle vie dans son palais.



En sortant, nous sommes tous d'accord pour dire que l'heure est venue de manger. Nous trouvons donc un petit restaurant. Une table de 12 ? Oui, il y en a une, dans une petite salle. Parfait. Nous commandons. Mathieu fait ramener des légumes et une espèce de crevette (vivante) de la cuisine pour que nous puissions faire notre choix.


Des français qui mangent à la mode chinoise. Y a pas à dire, il y a tout de même quelques petits bugs. N'importe qui qui se serait placé à la porte de la salle et qui nous aurait observé pendant notre repas aurait pu constater que nous ne sommes vraiment pas habitués à partager nos repas en France. Alors que les chinois tournent doucement le plateau du milieu afin de prendre un peu de chaque plat, nous, nous repérons le plat, faisons tourner le plateau jusqu'à ce qu'il arrive devant nous, faisons des provisions, retournons le plateau.... de quoi donner le tournis.


Autre défaut notoire dans le paysage : les bouteilles d'eau fraiche et de coca sur la table.


En sortant du restaurant, nous prenons trois taxis pour nous rendre au pied de la montagne ZiJinShan. C’est sur cette montagne située à l'est de Nanjing que l’on peut visiter de nombreux bâtiments très anciens. Le programme, c'est de monter en télésiège et de redescendre en visitant tout ce qu'il y a à voir.


Nous luttons pour faire comprendre au taxi où nous voulons aller. Apres quelques minutes d'arrêt au milieu d’un carrefour, nous repérons les autres qui sont déjà arrêtes plus loin. Nous les rejoignons et nous prenons tous les télésièges. Grande première pour moi et seulement pour moi car je suis la seule à ne jamais avoir été au ski. Enfin il y a un début à tout. J'irai peut être dévaler les pentes un jour. En attendant, je m'initie au télésiège. Je pense fortement à Gad Elmaleh en montant dessus : je n'ai pas pris le télésiège, c'est le télésiège qui m'a prise. Emilie se moque de moi au début car je ne suis pas très rassurée. Mais bon, j'ai bien le temps de m'habituer. Cette montée est assez longue en fait. Cela nous permet d'admirer le paysage. En guise de fond sonore, nous avons droit à deux chinoises qui chantent derrière nous. C'est gentil cinq minutes mais ça tombe vite sur les nerfs. Elles finissent par se lasser. Ce qui n'est pas plus mal.


Le paysage qui s'étale sous nos pieds est magnifique. Tout est vert en ce moment mais dans un mois, cette montagne se teintera de pourpre. En nous retournant, nous apercevons dans le brouillard (ou la pollution) la ville de Nanjing et ses buildings. Devant nous, nous ne voyons pas la fin du télésiège puis nous commençons à l'apercevoir. Hé non, fausse alerte, c'est reparti de plus belle. Nous n'avons en fait parcouru que la moitié du chemin. C'est reparti pour la forêt, les oiseaux qui chantent (les chinoises elles, se sont arrêtées il y a un bon moment).


Nous arrivons au sommet de la montagne. Nous gravissons quelques petites pierres et roches en tout genre puis vue plongeante sur la forêt et la ville au loin. Un peu de calme après l'agitation de Shanghai ne fait vraiment pas de mal.


Désormais, il nous faut trouver les mausolées de Sun Yat Sen et du fondateur de la dynastie des Ming. J'ai bien un plan avec moi mais le relief n'y est pas indiqué. Ce qui est assez handicapant quand on se trouve au sommet d'une montagne.


Nous commençons à descendre. Je comprends tout de suite dans un éclair de lucidité que je n'ai pas pris du tout les bonnes chaussures. Va falloir faire avec. Au bout d'une bonne descente sur des marches, nous atteignons un premier pallier. Nous achetons à boire. Je choisis du thé au hasard. Délicieux. Sur le moment, je suis persuadée que c'est le meilleur the du monde, le fais goûter à tout le monde voulant faire partager ma découverte. Mathieu demande le chemin. Apparemment, il faut monter un peu pendant 20 minutes puis dès que l'on croise une porte sur la droite, la prendre et redescendre pendant 20 autres minutes. Cela ne nous fait pas peur bien que nous commençons à désespérer. Nous montons les 20 minutes puis tombons sur la porte. Deux chemins s'offrent à nous. Des chinois arrivent juste à ce moment, nous leur demandons donc. C'est bien par là. Les 10 premières minutes sont vraiment sportives. Le chinois nous rassure : ensuite il y a des marches. Il a raison. La vue d'un escalier ne m'a jamais autant réjouit.


Arrivés en bas, pas de mausolée mais un lac. Marie et les mecs vont se baigner pendant que nous nous posons au soleil. Petite anecdote : un chinois après avoir craché un truc énorme dans l'eau s'est plus qu'énerve contre un autre qui voulait nager avec son chien. Comme quoi, tout est relatif.


L'après-midi est déjà bien avancée, voire achevée lorsque les quatre nageurs reviennent au sec. Nous nous remettons en route, contournons le lac sur une vraie route. Goudron je t'aime. Nous descendons encore un peu puis nous tombons sur le mausolée du fondateur de la dynastie des Ming. Une visite s'impose.


Tombeaux de Ming

Mausolée de Xiaoling est le tombeau de Zhu Yuanzhang, fondateur de la dynastie des Ming. Zhu Yuanzhang s’est échappé d’une grande pauvreté pour mener une armée qui a poussé les Mongoles hors de la Chine au 14ème siècle. C’est après cette victoire qu’il a proclamé Nanjing capitale de la Chine. Il voulait que son tombeau reflète sa gloire de fondateur d’une dynastie. Grâce a la géomancie et au Feng-shui (Fengshui: vent : feng et eau : shui. Géomancie : système de croyances qui prend en compte les points cardinaux pour déterminer l'emplacement d'une tombe ou de la situation d'une maison), ses sages ont trouvé l’endroit idéal à la base de la montagne Zijin. Ce grand espace se compose de temples commémoratifs, de pavillons, de longues avenues bordées de statues en pierres.

Un des plus grands tombeaux de Chine. Selon la légende, le tombeau contient des trésors fabuleux et les corps de 27 concubines impériales qui ont été enterrées vivantes pour accompagner leur seigneur dans la mort.



Nous explorons les jardins emplis de petits temples.


En descendant encore un peu, nous nous retrouvons bel et bien au pied de la montagne. Nanjing, descendre une montagne à pied, ça c'est fait.


De là, certains veulent rentrer, d'autres veulent poursuivre la quête du mausolée. Nous nous séparons. Six d'un côté, six de l'autre. Pour ma part, je n'ai qu'une idée en tête : apercevoir enfin les briques blanches et les toits bleus du mausolée de Sun Yat Sen. Nous tombons enfin sur un plan. Il n'a pas l'air très loin. Mais trop loin pour aujourd'hui. Nous reviendrons donc demain. En attendant, nous nous promenons dans l'allée qui relie les deux monuments.


A l’ouest du mausolée, dans Shixiang Lu, la Voie Sacrée, longue de 1800 mètres bordée de douze paires d’animaux sculptés conduit aux tombes des Ming. Statues d’animaux : chaque animal a été choisi en fonction de son symbole : les chameaux représentent la paix et le commerce, les éléphants la majesté, les animaux mythiques sont des allégories de la justice et de la vertu de l’empereur.


Petite photo sur le dos d'un animal mythologique. Non, je suis sure que ce n'est pas un cheval. Nous finissons la balade puis prenons deux taxis pour retrouver les autres à l'auberge.


J'ai très mal aux jambes. En sortant du taxi, je sens que nous aurions du prolonger les étirements au bord du lac.


Avant de rentrer dans l'auberge, je pars avec Emilie et Marie à la recherche d'une chemise de nuit. Oui, j'ai eu beau re-re-re-revérifier mon sac, j'ai oublié mon pyjama. Nous tombons sur un magasin de sous-vêtements et de pyjamas. Je n’en attendais pas tant. Ici, niveau pyjamas, c'est le kitch qui règne. Nous nous en sortons pas mal avec deux petites chemises de nuits assez mignonnes. Je dis "nous" car Marie à l'air aussi tête en l'air que moi. Ca fait du bien de ne pas être seule dans ses moments là!


Lorsque nous arrivons, tout le monde est presque prêt. Nous montons dans la chambre où Arnaud et Mathieu sont en train de regarder les épreuves de dressage des JO. Puis tout le monde finit par être au point pour ressortir.


Nous cherchons trois taxis puis nous montons sur Hunan lu qui a l'air d'être la rue spécial resto.


Une fois arrivés nous rencontrons des difficultés liées à notre grand nombre. Forcément, ce n’est pas évident de se mettre toujours d’accord quand on est douze. Certains ne veulent plus manger chinois alors que d'autres veulent tester des nouvelles spécialités de la région. Nous nous divisons. Deux groupes de six. Je pars donc à la recherche d'un petit restaurant chinois avec Marion, Mathieu, Arnaud, Emilie, Luc et Marie. La descente de la montagne m'a tué mais l'effort et la chaleur m'ont totalement coupé l'appétit. Les autres commandent des plats à gogo. La table est couverte de bonnes choses. Forcement je me laisse tenter. C'est vraiment pas mal du tout.


Pour le dessert, je crois demander une espèce de compote à la pèche, à la mangue ou à l'orange. Finalement, personne ne réussit réellement à déterminer la nature de la chose. Le bol fait le tour de la table. Seuls résultats : les airs dégoutes de chacun. Cette fausse note finale ne ternit pas le bilan du repas : délicieux.



Synchronisation : nous sortons tous les douze de nos restaurants respectifs pile en même temps. Maintenant que nous avons le ventre plein, nous pouvons aller chanter. Direction le KTV : chaine de Karaoké très populaire en Chine. Le principe? Des petites salles qui accueillent des groupes. Nous pouvons choisir notre musique et chanter jusqu'a pas d'heure. Hé oui, à partir de 23 heures, c'est illimité. Nous massacrons donc gaiement les tubes des Beatles, de Kylie Minogue. Les Black Eyed Peace ont pris un sacré coup également. Shania Twain si elle était morte se serait probablement retournée dans sa tombe.


Vers 2 heures, tout le monde se retrouve à l'auberge. Les filles entament une partie de carte. Je me tâte, me questionne : non, je n'aime toujours pas les cartes... Je monte donc et retrouve Arnaud et Emilie dans la chambre. Je suis complètement extenuée. Nous discutons un peu puis je m'endors comme une masse. J'entends dans mon sommeil que les autres ont un problème avec leur chambre. Aurais-je eu de la chance pour une fois? C'est sur cette pensée pleine d'espoir que je tombe dans un profond sommeil.

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