Ce matin, c'est sans grand entrain que je me lève. Je ne suis pas motivée du tout. Je dois prendre mon petit déjeuner dehors car j'ai oublié hier de remettre la bouteille de lait au frigo. En sortant, je ne veux pas prendre le risque de me faire refourguer un baozi au porc donc je mise sur autre chose : des crêpes parsemées de petits légumes. Je les achète dans une petite boutique tenue par un couple. Ca change des baozi et c’est très bon. Matériellement, la journée commence bien.
Toujours plus que moyennement enjouée, je monte dans le bus, m'assois et regarde l'écran de télé qui diffuse aussi bien des dessins animés que les informations ou encore la météo. Mais ce qui retient toujours plus particulièrement mon attention, ce sont les publicités. Peut être parce que c'est le seul contenu que je puisse comprendre rien qu'en regardant les images. Depuis que je suis ici, j'ai remarqué des différences notoires entre nos spots de pub et les spots chinois.
Par exemple, pour mettre en avant la nourriture, ils ont tendance à lui donner un aspect artificiel en la faisant briller grâce à d'étranges gélatines. Les restaurateurs font d'ailleurs la même chose pour présenter leurs plats. Si cela donne envie aux chinois, je dois avouer que cela a plutôt tendance à me rebuter.
Pour le thé, les publicités mettent en avant la notion de fraicheur en représentant un tourbillon de liquide et de fleurs qui envahit notre bouche à la première gorgée. Cela semble séduire les chinois mais je ne pense pas que cela puisse faire recette en France. A mon avis, nous nous demanderions pourquoi des fleurs entières se retrouveraient dans notre estomac.
Je pense que la publicité pour Head and Shoulders est de loin ma préférée. D'une part parce que c'est en la voyant dans le bus que j'ai appris que je pourrai trouver ici le seul shampoing qui ne me fait pas une touffe énorme sur la tête à la Jackson Five (bien que ce ne soit pas encore gagné) et d'autre part parce qu'elle est d'un kitsch défiant toute concurrence et que les chinois semblent aimer ça. On y voit forcément une femme qui agite ses cheveux dans le vent. Jusque là, une constante dans toutes les publicités ventant les mérites d'un quelconque shampoing. Puis ce qui est plus étrange : son mari qui lui lave les cheveux dans un lavabo planté au milieu de leur salon. On les voit ensuite danser sur une terrasse puis il lui murmure quelque chose à l'oreille. Elle semble ravie. La différence majeure entre nos deux continents dans ce genre de publicité, c'est l'image de la femme. En France, quoiqu'on en dise, de nos jours, la femme est toujours active et se prend en main. Alors qu'ici, il y a toujours un homme qui est la pour la mettre en valeur et qui va parfois jusqu'à lui laver les cheveux...
L’exception confirme la règle : ce que je viens de dire ne s'applique pas pour la publicité suivante. On y voit deux filles qui peignent une immense bannière sur laquelle est dessinée une bouteille de thé. Elles boivent ensuite le thé et enchainent sur un « haaaa » synonyme de désaltération. Comme ce « haaaa » est exactement ce que l'on interdit de faire aux enfants en France, je ne suis pas bien sure que ça passe chez nous…
Il y en a une que j'aime beaucoup. Publicité pour la Bank of China en relation avec les JO. On y voit différents sportifs qui vont chercher de l'argent au distributeur ou se font conseiller au guichet. L'un arrive en combinaison de planche à voile, les pieds trempés dans ses bottillons et l'autre entre à cheval dans la banque. On voit ensuite le cavalier sauter un obstacle et la banquière qui l'applaudit dans le stade. Je sais qu'elle n'a rien d'exceptionnel mais il y a un cheval dedans, alors...
Apres ces instants publicitaires, j'arrive au bureau. Matin normal.
Ce midi, nous allons manger dans le petit restaurant derrière le bureau. Une grande télévision a été installée pour pouvoir suivre les JO en direct. Tout le monde est groupé autour du poste. Il y a une ambiance particulière : tristesse et déception peuvent se lire sur les visages. Comme les commentaires sont traduits en anglais, je comprends un peu ce qu'il se passe et Emilia m'explique la situation : l'athlète chinois fétiche pour l'épreuve du 110 mètres haies s'est blessé. Il doit abandonner pour ces JO. Il pleure à la télé. J'ai l'impression que tout le restaurant va aussi verser ses larmes.
Après midi normale ponctuée par des découvertes wikipédia :
- La tarte au fromage (blanc) s’appelle aussi la tarte de Metz.
- L’Empire State Building s’appelle ainsi car New York est nommée l’Empire State.
- Le Flatiron est l’un des premiers buildings de NYC.
- L’ONU reconnait aujourd’hui 195 Etats.
- Le 24 Octobre, c’est la journée des Nations Unies. Il faudra s’en souvenir.
Je sors du bureau à 18 heures. Je prends le bus. Mon I-Pod sur les oreilles, je regarde les résultats du jour des JO. On reparle forcément de l’athlète chinois qui a du abandonner. Dans le bus, tous les yeux sont rivés sur l’écran. Cet abandon est bel et bien perçu comme une catastrophe nationale.
Je me retrouve chez moi. Toujours moyennement motivée. Je passe un peu de temps sur internet, discussions Skype.
Vers 20 heures, je me décide à aller chercher une bouteille de lait pour demain matin. Lorsque j'arrive en bas, ce sont des trombes d'eau qui tombent. Je remonte. Je ressaierai plus tard. Une demi-heure plus tard, je retente en prenant mon parapluie. On ne sait jamais. Il pleut beaucoup moins. Je décide de me balader un peu. La pluie s'accentue et rebelote. Des cordes. J'ai les jambes trempées, ma jupe qui colle. C'est très agréable... Je finis par trouver ma bouteille. (Dis comme ça, ça fait très alcolo). Lorsque je reviens, je suis sèche en haut, dégoulinante en bas. Mes tongues blanches à l’ origine ne le sont plus. C'était pour le petite aventure de la soirée.
Je reste chez moi ce soir. J'ai besoin de me reposer un peu. Et puis, c'est étrange, je n'ai pas grand chose dans mon appartement mais je trouve toujours de quoi m'occuper et je n'ai jamais le temps de tout faire.
Vers 23 heures, quelques éclairs. Ils s'intensifient et deviennent de plus en plus nombreux. Le tonnerre les accompagne. C'est parti pour un orage tel que j'en ai rarement vu. J'avoue que je ne suis pas très rassurée. C'est impressionnant. Certains éclairs ont une lumière rose rouge orange qui envahit mon appartement. Les coups de tonnerre retentissent dans toute la ville. Plus tard dans la soirée, je discute sur MSN avec un étudiant chinois actuellement en France. Lorsque je lui dis que le temps est à l’orage et que je ne suis pas rassurée, il me répond que c’est normal, les filles ont toujours plus peur que les garçons. Sans complexe… Je pense que des conversations intéressantes sont à prévoir.
Au fur et a mesure de la soirée, je sens mon énergie qui diminue. Lorsque Julien m'appelle à minuit passé, je ne suis plus qu'une loque. Nous ne discutons pas longtemps et je m'endors assez vite. Il y a des jours avec et des jours sans. Voici mon premier jour sans, en espérant que ça soit le dernier.
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