Comme a tout malheur et toujours associé un bonheur quelconque, je peux rester au lit un peu plus longtemps ce matin. Effectivement, il ne va pas y avoir la question de trouver à manger chef. Pas de petit déjeuner pour cause d'estomac retourné, d'intestins débobinés, bref de système digestif hors service.
Après ces quelques instant de fainéantise, je me lève, me prépare et sors de chez moi. Une chaleur redoutable me tombe sur les épaules lorsque je sors de mon immeuble. De loin, j'aperçois le bus qui arrive. J'ai juste le temps de m'arrêter au Alldays du coin pour acheter un paquet de Princes. Petit encas en cas de réouverture d'appétit.
Dans le bus, je manque de m'étaler dans l'allée. Non seulement les chauffeurs veulent toujours se faufiler entre les taxis et les voitures semblant oublier qu'ils conduisent un énorme engin et en plus, j'ai l'impression que la mécanique des pédales et de la boite de vitesse a été réduite a son plus simple appareil. Ce qui rend la conduite plus que brusque. Je me rends compte que ça ne doit pas être facile de manier ce bâton qui sert de levier de vitesse et ces planches qui font office de pédales. Je dis planche, ce sont réellement de gros plateaux sur lesquels on peut mettre son pied en entier, voire même deux pieds.
Je trouve une place assise à côté d'une maman qui tient son bébé dans les bras. Je constate que je ne suis pas du tout attirée par les bébés chinois. Ils m'énervent profondément en fait. Pourquoi? Ca vaut le coup de se poser la question. D'habitude, dès que je vois un enfant, je ne peux pas m'empêcher de lui faire des sourires, des grimaces... Là, les seules grimaces que je veuille lui faire seraient pour lui faire peur et pour qu'il arrête de me regarder avec ses yeux quémandeurs. Voilà la raison pour laquelle j'ai beaucoup de mal avec les enfants ici. Etant donné que la politique de l'enfant unique est plus que d'actualité, les enfants sont complètement pourris gâtés par tous les adultes qui les entourent. Ils prennent donc l'habitude d'obtenir de diriger leur petit monde dès leur plus jeune âge. Je remarque aussi que les parents sont en représentation constante lorsqu'ils sortent avec leur rejeton. Dans les transports en communs, les gens laissent les enfants s'asseoir, les regardent, leur font des sourires. Les parents sont fiers et en rajoutent des couches. Je comprends leur situation mais je ne peux rien y faire : cela m'agace énormément.
J'ai pas mal de choses à faire au bureau ce matin. Il faut croire que l'appétit vient en travaillant car d'un coup, les Princes me font bien envie.
Ce midi, je vais déjeuner avec Emilie, Pascal et Annie. La règle est établie dès le début du repas : nous parlons anglais, pas de français. Sinon, Annie se sentirait mise à l'écart. Finalement, nos habitudes alimentaires vont nous repartir naturellement. Ce restaurant est spécialisé dans des espèces de fondues à base de poulet. Poulet ok. Crapaud? Beaucoup moins. Comme je l'ai déjà dit, chaque malheur apporte aussi son lot de bonne nouvelles, la vie est ainsi faite... L'excuse d'avoir été malade me sauve ce midi. Je m'en tiendrai au poulet. Pascal aussi. Nous nous mettons face à face pour partager la fondue. Français d'un côté, chinoises de l'autre. Lorsque les plats arrivent, nous constatons effectivement la présence d'un crapaud, enfin de ce qui fut jadis un crapaud. Devant nous, il n'y a plus que des petits morceaux, de la peau...Appétissant. Pour nous, ça sera vraiment poulet. Pascal sort un morceau du bouillon "Tiens, ils n'ont pas oublié de mettre les pates..." Annie se fait un plaisir de déguster ce morceau choisi, jusqu’à la dernière miette. Après cette heure du midi riche en émotions, nous remontons au bureau.
A 18 heures, je vais faire un peu de shopping en attendant le Karaoké au fameux Party World. J’ai enfin trouvé une ruse pour être tranquille dans les boutiques : Mp3 sur les oreilles. Les vendeuses en surnombre dans chaque magasin ne me suivent pas pour me conseiller voyant que j’ai l’air réellement à fond dans ma musique. Au bout d’un certain temps, je sens que je suis restée debout trop longtemps pour mon estomac… J’ai l’impression qu’il se décroche et va tomber dans mes chaussures, enfin dans mes tongues. Il me reste une bonne demi-heure avant le Karaoké. Je vais donc me poser dans un Starbucks. Pas de cheese-cake. Je me rabats sur un chocolat froid. Pas mal non plus.
Je finis par me diriger tout doucement vers le bâtiment du Party World. J’y retrouve Emilia, Pascal et Diana, une employée allemande de l'entreprise. Le karaoké ici, c’est quelque chose. Les chinois ne vont pas au ciné, sortent peu dans les bars, ne restent pas longtemps au restaurant mais vont au karaoké. Petite description du lieu qui vaut le détour : au rez-de-chaussée, grand hall d’entrée. Les candidats au massacre musical attendent tous en bas et se battent parfois. On nous remet une espèce de petite soucoupe volante en plastique qui est censée vibrer lorsque vient notre tour. Petit souci : ça ne vibre pas. Emilia prend les choses en main et va se battre au comptoir.
Nous entrons finalement dans notre salle. Puis Pascal et Diana vont se chercher à manger au buffet et nous choisissons les chansons que nous allons tenter de ne pas trop détruire. Le choix est immense. Je sens que je vais passer une bonne soirée. Nous allons à notre tour choisir notre diner. Pour descendre, nous empruntons une sorte d’ascenseur qui fait un bruit de vaisseau spatial et qui en a la forme d’ailleurs. Cela me fait beaucoup rire et j’ai beaucoup de mal à me concentrer sur ce qu’Emilia tente de m’expliquer. Nous remontons dans la salle nos assiettes pleines de bonnes choses. Que la fête commence ! Sans aucune crainte, nous nous attaquons à tout : Les Beatles, Frank Sinatra, Georges Mickael. Emilia Diana et moi nous éclatons sur les Spice Girls. Comme quoi le girl power n’a pas de frontière. Britney Spears y passe aussi. Nous connaissons les mêmes choses avec Diana. Backstreet boys, Savage Garden… Puis vient le moment de la Vie en Rose…en anglais. Très spécial.
Nous sortons sur les coups de 23 heures. Je prends dans un sachet le reste des petits gâteaux. Ca sera parfait pour mon petit déjeuner demain matin. Nous remontons Diana et moi vers le bureau où je compte attraper un bus qui me déposera devant chez moi. Nous discutons pas mal. Elle est née aussi le 25 septembre. Après une longue attente, je monte enfin dans le bus.
Je me couche ce soir des chansons plein la tête
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