"Il y a le paradis au ciel. Et sur terre, il y a
上有天堂,下有苏杭
shàng yǒu tiāntáng, xià yǒu sū háng
Debout à 7 heures 50. C'est le weekend et pourtant le réveil sonne plus tôt que d'habitude. Je dois me préparer, finir mon sac et procéder aux multiples vérifications et re vérifications de ce que j'ai pris avec moi. Hier, pleine de bonne volonté, j’avais prévu de me rendre à la station de métro à pied. Finalement, sachant que pour un euro, un taxi peut m’y emmener, je me laisse tenter. Il ne fait pas chaud ce matin. C'est probablement la première fois où je pense à mettre un gilet. De plus il pleut. Ma décision de prendre le taxi se justifie donc.
Je lui demande la station d'Hengshan Lu. Lui préfère celle de huahai lu. Je lui explique qu’un ami m'attend à Hengshan donc que je souhaite réellement m'y rendre. Je n'ai pas choisi cette station au hasard non plus... J'arrive en avance. Juste le temps de manger mes Princes en regardant les métros passer. Arnaud sort de l'un deux, il rerentre en vitesse et je le suis. Attention, spectacle à la limite de l'indécence dans le métro : nous nous faisons la bise. Ce qui choque une moitié de la rame et intrigue l'autre.
Nous arrivons à la gare (la bonne). Il pleut toujours. Nous espérons de tout cœur qu'il fait beau à Suzhou. A l'entre de la gare, nous devons montrer notre ticket puis passer nos bagages aux rayons X. Ca file droit et vite. On ne rigole pas, on pourrait rater le train... Nous achetons des cookies qui feront office de petit déjeuner une fois en route. Nous nous asseyons un moment dans une grande salle d'attente.
Puis, une demi-heure avant le départ effectif du train, l'ambiance devient électrique. Les gens s'agitent et se stressent mutuellement. Lorsque les portes s'ouvrent, c'est la cohue. Tout le monde se presse. Je rappelle que le train part dans 20 minutes et que les places sont numérotées. Mais non, on ne sait jamais. Nous attendons qu'ils aient tous finis de s'entretuer puis nous nous dirigeons à notre tour vers les fameuses portes. Apres avoir failli engager un conflit avec un chinois qui pensait-on s'était assis à notre place et s'être rendus compte que nous nous étions trompés de wagon, nous trouvons nos sièges.
Une demi-heure plus tard, c'est l'agitation. La grande majorité des gens semblent descendre à cet arrêt : Su. Nous allons à Suzhou, pas à Su donc aucune raison de s'inquiéter. Par acquis de conscience, je demande à quelqu'un ou nous sommes. Ce quelqu'un panique totalement parce que j'ai commence ma phrase par « sorry » et il ne s'est pas rendu compte que ce qui suivait était du chinois. Il part en courant. Je demande à quelqu'un d'autre qui me dit que nous sommes bien arrivés à Suzhou. Inquiétons nous donc. Nous embarquons nous sacs et courons vers la sortie.
A la gare, la première étape est de trouver un plan. Constatant qu'ils sont tous en chinois, nous demandons quelques indications à la vendeuse qui nous aide gentiment. Nous faisons la queue pour prendre le taxi après s'être fait fusiller du regard par toute la file qui pensait que nous allions passer devant et après avoir risqué d’être fusillés tout court par les policiers-gardes-militaires qui mettent de l'ordre dans tout ça.
Nous passons devant un immeuble qui a l'air de s'être effondré. C'est assez impressionnant. A l'entrée d'une ville, je dois dire que ce n’est pas super.
Le taxi nous dépose juste devant l'auberge de jeunesse. Parfait. En sortant, je demande à Arnaud quel type de chambre il a réservé finalement. Parce que nous hésitions entre prendre une chambre à deux lits et être sûrs de passer une bonne nuit et prendre une grande chambre et rencontrer des gens. Réponse : "Ha, mais tu n'as pas réservé?". Nous sommes donc face à un petit malentendu niveau communication organisationnelle. Heureusement, il reste deux lits. Dans une chambre de huit. Sans douche à l'intérieur. Sans wc non plus. Les toilettes de l'auberge sont à la turc.
Attardons nous quelques instants sur les toilettes à la turc. Je voudrais savoir qui est l'imbécile qui a décidé un jour d'inventer ça? Et pourquoi? Et dans quelles circonstances? Si c'était une femme, était-elle normale? Si c'était un homme, j'ai envie de lui demander pourquoi nous infliger ca? Est-ce que cette personne sait qu'elle est haïe des centaines de fois par jour à travers le monde entier? Arnaud me dit que ça doit simplement être une question de coût. Et certainement plus facile à nettoyer. Je ne suis pas sûre pour ce qui est du ménage. Pour le prix, il a certainement raison. Mais comparé à toute la mauvaise humeur que de telles toilettes peuvent apporter, je pense que ça vaut le coup d'investir dans un système plus « assis »... Enfin, comme je suis pressée, j'y vais tout de même et m'éclabousse les pieds avec la chasse d'eau. Zen.
Nous nous posons un peu dans l'auberge histoire de voir ce que l'on va faire de notre journée. Il est déjà 11 heures passées. Nous choisissons de commencer notre découverte de Suzhou par la Pagode située au Nord Ouest de la vieille ville. En sortant, nous nous faisons accoster par le chauffeur d'un véhicule assez particulier : une moto derrière laquelle a été fixée une charrette couverte d'une bâche et dans laquelle deux personnes peuvent s'asseoir sur un banc. Notre premier réflexe est de l'envoyer balader puis nous nous disons qu'un peu d'aventure ne fait jamais de mal (ce qui en soi est totalement faux mais bon...). Nous négocions donc un prix et montons dans son engin. Voyage de la mort : klaxon à tout va, frolage des trottoirs, des voitures, des vélos et des scooters. Course avec un bus.
Nous apercevons enfin la pagode. Nous lui demandons de nous arrêter. Puis nous nous rendons compte que ce n'était pas le bon endroit. Tant pis, profitons-en pour visiter ce petit jardin qui nous tend les bras. Apres tout, Suzhou est réputée pour ses nombreux parc et jardins...
Tout est très mignon. Petit bosquets, kiosques, peintures, fontaines, lacs. Petit hic : les groupes de touristes qui suivent leur guide hurlant dans un mégaphone, Nous parvenons à nous caler entre le gang des casquettes rouges et l'équipe aux bobs bleus pour avoir un peu de calme. D'accord c'est très joli. Il faut le voir. C'est dans ces moments la qu'on se rend bien compte que nous sommes en Chine.
Des pêcheurs sont installés sur le bord d'un lac. Malheureusement, je ne sais pas demander si ça mord en chinois...
Cependant, tout a un aspect superficiel. A commencer par ce lac au milieu duquel surgit un geyser parfaitement circulaire et duquel pas une goutte d'eau ne dépasse... Les chinois se prennent en photo toujours dans la même position à côté d'un beau buisson, sur un beau rocher ou assis à l'intérieur d'un beau kiosque.
Tout ça pour dire que d'accord c'est joli mais ce n'est pas non plus transcendant.
Arrivés au bout du jardin, nous prenons une barque pour revenir.
Ce sont des petits bateaux en bois poussés par des femmes. Je les admire. Elles doivent avoir de sacrés muscles pour pousser ces gros bateaux rien qu'avec la force de leurs bras.
En sortant, nous voulons rejoindre la pagode à pied mais nous nous rendons compte que c'est assez loin finalement. Et puis il est presque une heure et nos estomacs réclament à manger. Nous trouvons un petit restaurant. Plein. Bon signe. Comme le menu est exclusivement en chinois, Arnaud fait le tour des tables et montre ce qui l'inspire à la serveuse. Quant à moi, je montre sur mon bouquin ce que j'aimerai bien manger. La combinaison de nos deux techniques est assez payante. Nous nous retrouvons avec plein de bonnes choses sur notre table.
En sortant, nous nous promenons un peu. Nous tombons dans le quartier des magasins de gros en textile. Il y a le magasin spécialise dans les perles, dans les strass, dans la soie, dans les tissus pailletés. Puis toute une rue de boutiques de robes de mariées. Plus ou moins kitsch. Souvent plus que moins d'ailleurs.
Puis nous prenons un taxi qui nous mène à la pagode. Elle est entourée d'un jardin. Nous payons pour entrer. Tout semble payant ici. C'est l'autoroute à touristes. Partout il y a des gens armés d'appareils photos.
Nous montons voir la pagode. Sa particularité est d'être penchée. Il y a un décalage de deux mètres entre le sol et le sommet. C'est incroyable.
La pagode de la montagne du tigre (Yunyan Ta) Elle mesure 48 mètres et possède 7 étages et 8 côtés. On l’appelle parfois la tour penchée car elle penche vers le nord de 3,5 degrés.
Après avoir fait le tour et s'être posés quelques instants, nous sortons du jardin et marchons dans la ville. Nous voulons voir le musée de la soie. Malheureusement, il est fermé. En face, se trouve une autre pagode dans laquelle on peut monter. C’est la pagode du Nord.
C'est parti pour l'ascension de neuf étages d'escaliers en colimaçon. Le spectacle en haut n'est pas super. Devant nous s'étale une ville qui nous parait immense. Je dis qui nous parait car ici, elle n'est que de taille moyenne étant donné que seuls deux millions de personnes y vivent...
Dans un quartier, les constructions se ressemblent toutes. Du béton, du gris...
Nous redescendons un peu déçus. Le paradis, ce n'est que pour les jardins, le reste, ce n'est pas ca.
Nous nous promenons ensuite dans la ville, nous engouffrons dans des petites rues méconnues des touristes.
Etrangement, les gens ne nous dévisagent pas comme à Shanghai ou comme dans d'autres coins de Suzhou. Ici, ils sont tous occupés par leur business. On se demande d'ailleurs comment certains commerçants peuvent survivre. Nous entrons dans un marché couvert. Légumes, fruits, mais aussi poulets éventrés avec pates en l'air. Arnaud s'aventure plus loin. Moi je sais très bien ce qu'il y a dans ces bocaux là-bas à droite. Il me fait un signe de tête. C'est bien ce que je pensais. Des bestioles à l'agonie un peu partout. Nous sortons un peu dégoutés.
Plus loin dans la rue, des vêtements qui sèchent accrochés aux fils électriques, un petit garçon qui fait pipi au milieu du trottoir devant nous, des couples de jeunes gens bien habillés pour sortir, des hommes qui réparent un scooter à l'agonie lui aussi, des familles qui regardent la télé dans leur salon-commerce-chambre à coucher du rez-de-chaussée de leur petite maison. Tout ceci dans un nuage de poussière créé par la route non finie. Cette description peut paraitre sordide. Pourtant, nous ne nous sentons pas mal à l'aise du tout. L'ambiance a un côté chaleureux. Peut être du a un certain partage. En effet chaque personne donne un peu de sa vie là sur le trottoir. Il n'y a pas cette notion d'inconnu qui fait peur.
Nous passons ensuite dans une rue bordée de boutiques spécialisées dans des objets très précis : là on peut acheter des roues de toutes sortes, ici, on peu se procurer des boulons, par là ce sont des moteurs, par ici du placo...
Nous continuons de nous aventurer dans des rues de plus en plus petites. Puis, grande fierté d'Arnaud qui dit l'avoir fait exprès, nous tombons pile poil sur l'auberge de jeunesse... Je dois avouer que c’est fort.
Nous allons faire un tour dans notre chambre. Pour l'instant, seuls deux lits semblent être pris. Nous nous installons un peu dans le salon aux huit canapés rouge vifs. Puis prochain plan : aller faire une balade en bateau autour de Suzhou. La vieille ville est entourée de canaux et il est possible de faire le tour en une heure.
Nous réservons nos places à l'auberge et sortons vers 19 heures pour chopper un taxi. Problème : il n y a pas de taxi. Nous sommes déjà trop habitués à la vie shanghaiaise et aux taxis qui affluent de toutes parts. Nous prenons chacun un côté de la rue pour multiplier nos chances mais rien n’y fait. Nous allons louper le départ. Finalement nous trouvons un taxi, lui montrons ou nous devons aller. J'ai beau chercher dans mon bouquin, je ne trouve pas comment dire « plus vite ». Toutefois je lui dis que nous sommes en retard. Mais il ne semble pas tout saisir. Il comprend notre situation critique en regardant le papier sur lequel est inscrite l'heure. Il nous explique que nous sommes en retard...Sans blague? Il appuie sur le champignon et est limite plus stressé que nous. A 19 heures 27, il fait gronder le moteur à un feu et part comme une flèche. Puis il nous montre l'embarcadère et nous presse de sortir de la voiture. C'est qu'il prend les choses à cœur!
Nous arrivons en courant sur le pont du bateau. C'est bon, il est encore amarré. Nous nous installons à l'intérieur. Une chinoise californienne entame la discussion puis nous invite à sa table. La visite commence. Rien d'authentique au début. Nous sommes un peu déçus : nous sommes dans une salle climatisée, une télévision diffuse les JO et une guide hurle dans un micro. Les berges sont jolies mais restent toutefois assez artificielles. Cette impression est causée par les lumières vertes claires qui éclairent les arbres le long de l'eau.
La californienne nous traduit les fait marquants de la visite : en tout et pour tout, il y a 300 ponts à Suzhou. Nous passons sous le People’s bridge. Il est vraiment impossible d’oublier que nous sommes en République Populaire de Chine : ici tout appartient au peuple. Les hôpitaux, les places, les ponts… Puis nous passons sous le plus grand pont : 9,8 mètres. Et enfin : fait qui entraine un long débat entre Arnaud et moi : la profondeur du fleuve est de 5 mètres. Je trouve que c’est pas mal. Arnaud pense que ce n’est pas profond. Nous nous engageons donc dans une discussion assez profonde sur un sujet que nous ni lui ni moi ne maitrise vraiment. Au bout de quelques temps, nous nous rendons compte que finalement ce n’est pas si grave. Mais juste pour info, j’aimerai bien connaitre la profondeur de la Seine pour comparer…
Puis au bout d’un moment, la guide finit par se taire. Nous avons droit à de la musique traditionnelle. Une chanson d’appelle « Fleur de jasmin ». C’est sur ce bateau que je me rends vraiment compte que je suis en Chine. Oui la Chine et tous les clichés que nous européens pouvons avoir en tête. C’est en me retrouvant confrontée à ses clichés que je prends réellement conscience que je suis sur un fleuve chinois, que depuis deux mois bientôt, je tente de baragouiner des mots et des phrases en chinois. Que je mange de la nourriture chinoise. Que je commence à connaitre cette civilisation qui comporte plus d’un milliard d’habitants. Que ce qui me paraissait flou s’éclaircit de plus en plus dans me tête. Je me rends compte aussi que j’ai très envie d’en savoir plus et de continuer à découvrir ce peuple. J’ai encore un peu plus d’un mois pour le faire mais voilà, c’est décidé, j’ai vraiment l’intention de revenir.
Cette balade est bien sympathique mais le souci, c’est qu’elle sonne faux. Trop d’artifice. Il semblerait que les touristes chinois aiment ça. Je dis touristes chinois car nous sommes les seuls occidentaux ici. Ce qui est frappant, c’est qu’ils n’écoutent pas la guide et ne regardent pas les paysages. Ils préfèrent discuter ou regarder les JO à la TV. Comme quoi un touriste en Chine ou ailleurs, reste un touriste… Le bateau fait demi-tour dans un coin magnifique : l’intersection entre pas moins de cinq rivières. Le quartier est illuminé et décoré. C’est très joli.
Nous sortons du bateau puis nous allons nous balader un peu. Nous marchons, marchons, marchons… Nous nous retrouvons dans la rue touristique. KFC et Starbucks. Oui nous choisissons la facilité…Puis nous rentrons au bord de l’épuisement total. Nous avons bien profité de cette journée. Rentabilisation quand tu nous tiens !
Arrivés à l’auberge, nous rencontrons nos colocataires d’une nuit : Ichol, et deux autres chinois. Apparemment, deux américains doivent nous rejoindre aussi. Nous commençons à discuter. Ils voyagent tous tout seul. Ils sont de passage ici et s’en vont demain. Nous parlons de la condition des jeunes gens ici. Conversation très intéressante.
Ichol nous explique que les parents préfèrent avoir un garçon plutôt qu’une fille étant donné que lorsque
la fille se marie elle part vivre dans la famille du mari. Ses parents à elle investissent moins dans ses études que dans celles de son frère. Elle fait des études d’international nursing pour devenir infirmière à l’étranger. Elle nous explique également qu’une fille est mal vue ici quand elle a eu des relations sexuelles avant le mariage. Enfin en général. Car lorsqu’on demande son avis au seul garçon chinois de la chambre, il dit que lui s’en fout royalement et il a l’air d’être sincère. Les parents ont l’air d’être très sévères et ne veulent pas que leurs enfants sortent le soir. Donc il arrive fréquemment qu’à l’âge de 25 ans, les jeunes gens n’aient toujours pas trouvé l’âme sœur. Les parents les poussent alors à sortir et leur présentent des prétendants potentiels…
Voilà un échange qui fait du bien. Je n’avais encore jamais eu l’avis franc d’une jeune fille chinoise. Forcément, quelques petites choses clochent dans ce qu’elle raconte mais globalement, elle m’aide à comprendre pas mal de choses ce soir. Et pour finir, nous allons laver nos vêtement ensemble. Vive les auberges de jeunesse.
Nous nous endormons tous vers minuit. Au milieu de la nuit, j’entends qu’il y a du remue-ménage dans la chambre. C’est Arnaud qui s’est fait piquer par un moustique, qui s’est gratté et qui a la main qui a doublé de volume. Je me rendors assez vite et dors comme un bébé. Puis message de Julien qui est bien arrivé en France. Je me rendors à nouveau et fais de beaux rêves… de Julien, de la France…
2 commentaires:
Coucou ma grande cousine!!
Je viens tout juste d'avoir l'adresse de ce blog et donc je viens juste de commencer à lire!! Mais en tout cas tu as l'air de bien te débrouiller ^^
Profite à fond!!
Gros bisous et à bientôt :)
Coucou Naniss!
J'étais persuadée que tu avais déjà l'adresse du blog...dsl
J'espère qu'on se reverra bientôt!
Gros bisous
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