Après avoir discuté environ deux heures avec maman que je n'ai pas vue de la semaine, je me décide enfin à sortir.
Première étape : il faut s'habiller. Oui oui, je suis toujours en pyjama... The Ting Tings sur Deezer pour rythmer le mouvement et c'est parti. Je suis prête en moins de deux. Je mets tout ce qu'il faut dans mon sac et Skype sonne. Ce n'est pas encore maintenant que je vais pouvoir y aller. C'est Lyna et Fab. "T'es en Sine. T'es pas à la maison d'Isa". Voila, avant d'entamer une discussion, toujours bien resituer les gens, c'est important. Nous papotons une peu. Ma filleule est bizarrement beaucoup plus détendue que la semaine dernière... Nous mettons fin à notre conversation lorsque Cath appelle. Fab va la chercher ainsi que Kim à la maternité.
Il fait bien sombre tout d'un coup...Eclair, tonnerre. Un orage sur Shanghai. Tant pis, je descends quand même. Je ne prévois pas d'aller me promener mais je veux au moins acheter à manger. Arrivée en bas, ce n'est pas une petite drache du Nord mais bel et bien des trombes d'eau qui tombent. Je n'achète qu'une glace en bas de chez moi, dans mon immeuble puis remonte dans mon appartement. Le sort s'acharne j'ai l'impression.
Re-skype. C'est Kim. Minuscule petite Kim. Elle a la bougeotte c'est incroyable. Ca promet. Puis Lyna arrive et s'assois à côté d'elle en grande sœur responsable. Elle lui touche les cheveux et dit : "Papa, elle a des poils?" Magie de Skype : Lyna me provoque un fou rire à des milliers de kilomètres de distance... Il me faut quelques minutes pour m'en remettre...
Je passe un certain temps à regarder la petite. Je me dis que c'est génial parce que grâce à internet, je ne louperai pas tout des deux premiers mois de sa vie. Je sais très bien que pour le moment, elle ne fait pas grand chose mais quand même. Et puis, Fab est confiant, quand je reviendrai, elle saura marcher me dit-il. Les papas ont tendance à placer beaucoup d'espoir dans leurs fifilles. C'est bien mais un peu de réalisme ne fait jamais de mal.
Bon, il est 18 heures 30. C’est décidé : je vais prendre le bus en bas de chez moi et tenter de faire le chemin pour aller au bureau. Comme ça dès demain, je n'aurai plus besoin d'attendre le taxi, je prendrai directement le bus.
Justement voilà un bus 42. Je monte dedans, m'assois (à cette heure-ci un dimanche, il y a des places assises) puis je sors mon plan pour savoir où il va a peu près. Au bout de 5 minutes, je me rends bien compte que je me dirige dans la direction totalement opposée à la destination voulue. Ce n'est pas très grave, j'aperçois dans l'autre sens les bus 42 qui eux, vont certainement au stade. Le bus roule tout au long de la Huahai Lu, une grande rue commerçante. Je vois à travers les vitres H&M, Promod, Paul...Ha Paul. Je sens que je vais succomber à la tentation d'une bonne baguette. Je descends au bout de cette longue rue avec pour objectif de me promener un peu puis de reprendre le bus dans l'autre sens. Il y a une telle différence de chaleur et de degré d’humidité entre le bus climatisé et la rue que je me retrouve avec une couche énorme de buée sur mes lunettes. Je ne vois plus rien du tout !
En remontant la rue, je tombe sur un magasin qui vend des produits de beauté, de soin pour femmes. J'y entre pour acheter ce sans quoi je ne peux pas vivre : du stick pour les lèvres. Parfait, il y en a. En revanche, je regarde un peu mais je ne trouve pas de tampons. Apparemment, les chinoises n'en utilisent pas. Une galère s’annonce pour en trouver.
Je continue de remonter la rue et j'arrive à un énorme croisement. Je cherche un endroit pour traverser mais je n'en trouve pas. Autre chose étrange : à part moi, il n y a aucun piéton dans le coin. Ce n'est pas normal. Je reviens donc sur mes pas et regarde derrière moi. En fait, il y a un pont pour traverser. Je n'ai pas encore le réflexe de regarder en l'air... Je monte les escalators puis me retrouve devant une flaque d'eau gigantesque provoquée par l'orage. Génial, je suis en Converses. Si elles sont mouillées, il faudra que je les lave or je n'ai pas de machine chez moi...la galère. Pendant que je réfléchis intensément, je vois les gens qui improvisent avec les moyens du bord : une dame marche sur ses talons, très doucement. Une autre est en croks, ces chaussures en plastique pratiques mais d'une esthétique douteuse donc pas de souci pour elle, elle fonce dans la flaque. Un homme porte sa petite amie sur son dos... Moi, je n'ai pas de talon, pas de croks, pas de petit copain sous la main. En revanche, il y a une barrière le long du pont, une sorte de garde du corps en fait avec un petit rebord... Super. Je m'accroche donc à cette barrière en montant sur le petite bord et je longe le tout doucement histoire de ne pas me casser la figure dans la flaque. Quand j'arrive, je vois qu'un groupe de trois gars salue la performance. Ici de toute façon, que j'escalade une barrière ou non, je me fais observer dans les moindres détails donc autant tenter l'extravagance.
Une fois passée de l'autre côté, je continue ma promenade. Je me rends compte que je ne cherche plus les arrêts de bus, prise par l'ambiance de cette rue animée. Une librairie. Même si je sais que je ne vais rien comprendre, j'ai encore l'espoir de trouver des livres traduits. J’y entre donc. Je me retrouve à l'étage des enfants. Il y a des histoires de Walt Disney en chinois sous titre en pinyin, c'est à dire la transcription phonétique des caractères. Je prends Blanche Neige et les sept nains. J'ai appris à lire avec ce livre, j'apprendrai des mots de chinois avec cette histoire !
En sortant, je marche encore un peu et aperçois ce vers quoi j'étais inconsciemment attirée depuis le début : Paul. En rentrant dans le magasin, la France m'envahit de toutes parts. Musicalement : « quelque chose en toi, ne tourne pas rond... » Visuellement : baguette, pains au chocolat, FOUGASSE AUX OLIVES!!
Je n’entreprends pas de faire une belle phrase en chinois ou de sortir un anglais compréhensible. Non, pour une fois je me laisse aller : "One fougasse aux olives and one pain au chocolat". Je veux prendre ma revanche sur tous les chinois qui se bloquent des que l'on prononce un mot de travers. Je voulais à mon tour faire comme si je ne comprenais pas dans l'éventualité ou elle me ferait répéter. Manque de chance, elle a tout compris du premier coup. A mon avis, je ne suis pas la seule française mesquine à venir ici...
Et maintenant, petite question : ou va le surplus du stock de sachets de galettes des rois Paul? Réponse : en Chine. Je me balade toute la soirée avec un sachet estampillé "La galette des rois". Ici, c'est très classe de promener des mots français sur un sac, et on ne fait pas attention a leur signification.
En sortant de la boulangerie, je croque à pleines dents dans cette fougasse. Je tente de trouver des mots pour exprimer pour mon sentiment du moment : délicieux, superbe, splendide, envie de pleurer, oh oui, delicious, hao shi. Non, en fait il n y a pas de mot. C'est incroyable ce que le pain me manquait !
Voila, je peux reprendre le bus dans l'autre sens. Il est déjà 20h30.Je tente de repérer, toujours aidée par mon plan, l'arrêt le plus proche de chez moi. Je crois que c'est bon. La mission suivante est de s'arrêter au bon endroit. J'hésite à sortir puis finalement je reste et de toute façon le prochain, c'est le terminus. Tout le monde descend!
Ce qui est très pratique à Shanghai pour se repérer : les buildings. Je n'ai qu’à lever les yeux pour apercevoir l’inscription en haut d'un bâtiment : Cross Region Plazza. Mon bureau. Je n'ai plus qu’à prendre le métro pour rentrer chez moi. Mission accomplie : je maitrise mon bus.
En rentrant, je finis (enfin!!) mon bouquin. Puis MSN et je commence un nouveau livre que je sens tout de suite beaucoup plus intéressant : « Mémoires d'un jeune homme dérangé » de Fréderic Beigbeder. Comme d’habitude avec les bouquins de Beigbeder, je n’arrive pas à ne lire que quelques pages… Cependant, je reste raisonnable et me couche relativement tôt.
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