lundi 18 août 2008

Samedi 16 Août : On y va en chauffeur ?

Ce matin, levé à 11 heures. Une petite grasse matinée de temps en temps ne fait vraiment pas de mal. Je prends mon petit déjeuner chez moi grâce au lait que j’ai trouvé hier (ou ce matin) à 3 heures aux Alldays en bas de chez moi. Il faut que je me remette à manger et boire des laitages parce que je me rends compte que toute forme de lactose est complètement absente de mon alimentation depuis au moins 15 jours. Comme je me suis mise aux habitudes chinoises et que les chinois ont une intolérance au lactose…Forcément…


Vers 13 heures, je sors pour me promener un peu dans le quartier et aller rejoindre Emilie et Arnaud à l’exposition d’Andy Warhol au bout de Huahai Lu. Je crois sur ma route un marchand de baozi. J’en prends deux aux légumes. Ils sont beaucoup plus gros que ceux dont j’ai l’habitude. C’est parfait, ils constitueront mon déjeuner. Je prends, aussi sur la route, un jus de pastèque, que j’arrive à demander en chinois. Moment de grande fierté lorsque je me fais comprendre. Cette petite balade est très agréable. Il y a plein de petites boutiques qui vendent des vêtements ou des choses en tout genre. Puis les rues sont assez désertes. C’est assez étrange de se retrouver presque seule dans une rue à Shanghai. Enfin ce n’est pas déplaisant et donc j’en profite bien. Je passe à côté de la bibliothèque de Shanghai qui est assez énorme.


Je finis par prendre un taxi pour arriver à l’heure au rendez-vous. Je demande au chauffeur qu’elle m’emmène à la station de métro de hongqiao. Elle ne comprend pas donc je sors mes différents plans en anglais et en chinois. Finalement, elle m’emmène sur la bonne rue mais elle ne semble vraiment pas maitriser… Elle me dépose bien à une station de métro mais pas la bonne. Je me retrouve à Xujiahui. Attention, première fois que je m’énerve vraiment sur un chinois et en chinois. Elle me dit qu’il n’y a pas de station de métro à l’endroit où je veux… Pourtant j’y suis déjà allée… Enfin bref, nous nous énervons toutes les deux. Elle finit par me dire de partir et je m’en vais en claquant la porte. Je trouve un autre taxi, reformule ma demande. Il comprend mais sourit. Il m’explique qu’il n’y a pas de station de métro telle que je l’entends. En fait, le terme que j’emploie pour dire « station de métro » ne fonctionne que pour les stations souterraines. Il me dit autre chose pour une station aérienne. C’est pour ça que l’autre n’avait pas compris. Enfin bon, je lui avais tout montré sur le plan… Après ces petits tours de taxi, j’arrive enfin. En retard bien sur. Emilie attend déjà depuis un certain temps devant l’expo. Elle est arrivée avec son chauffeur…. Madame !



Nous négocions l’entrée au tarif étudiant pour Arnaud qui a oublié sa carte. Puis nous entrons. La décoration a été faite en sorte de se rapprocher de l’ambiance de la Factory de Warhol à New York. Nous retrouvons les fameux portraits de Marylin Monroe et de Mao mais aussi les paquets de soupe, le tout sur un fond de musique du Velvet.



Nous faisons également un tour dans la pièce d’à côté où sont disposées de multiples sculptures d’art contemporain par lesquelles les artistes ont toujours voulu exprimer la relation entre quelque chose et quelque chose. A la sortie, un grand cheval de pierre est planté au milieu d’un jardin.



Nous décidons d’aller au marché aux faux. J’ai envie de voir un peu l’ambiance dans ce genre d’endroit. Emilie nous propose son chauffeur, Paul. Il nous emmène à People Square. Nous ne savons pas exactement où se trouve la bâtiment du marché mais une chose est sure : nous sommes sur la bonne route. Effectivement, de nombreux occidentaux avancent dans le sens contraire les bras chargés de faux sacs et de grandes valises estampillées aux noms des marques les plus connues. La grande classe je trouve…


Après avoir demandé notre chemin, nous entrons dans le marché. A l’intérieur, plein de petites boutiques qui vendent vêtements, sacs, appareils électroniques, ceintures, montres, chaussures… Nous nous faisons aborder toutes les trente secondes. Nous tombons sur les lunettes de Kanye West. La négociation commence. Le vendeur me les annonce à 150 yuans alors que je sais que leur prix est de 10 Yuans. Je lui dis donc et en 2 minutes, je les ai à 10. J’en prends deux paires, à ce prix là…


Puis magasins de souvenirs. La négociation est également au rendez-vous. La technique est de bien négocier à l’intérieur du magasin, puis de sortir et les vendeurs reviennent nous chercher. C’est le jeu. Mais tout se déroule dans une bonne ambiance donc cela ne me déplait pas.


Avant d’entrer dans le marché, nous avions repéré un Starbucks. C’est parti pour un bon gouter à 18 heures. Nous proposons au chauffeur de nous accompagner mais il refuse. Il doit garder la voiture. Nous nous sentons mal de le laisser là. Un conflit dans nos consciences s’engage : d’un côté, il est employé par le père d’Emilie, c’est son métier d’attendre puis de conduire les gens et les parents d’Emilie étant en vacances, elle peut lui demander de l’emmener partout. Mais de l’autre côté, cela nous dérange de le laisser tout seul. C’est pourquoi nous lui proposons à chaque fois de nous accompagner. Propositions qu’il décline toujours.


Je rêve d’un cheesecake depuis deux heures à peu près. Au Starbucks, il n’y en a pas de nature… Les parts sont toutes recouvertes de cassis… Ca m’embête un peu. Bon, ce n’est pas grave je « gratterai avec ma fourchette » (Expression employée par Arnaud sur un ton excédé et qui voulait dire en fait : tu ne vas pas nous souler avec tes deux cassis posé sur ta part de gateau). Nous nous asseyons et apprécions ce moment après cette petite balade.


Le programme pour le reste de la soirée ? J’appelle Emilia pour qu’elle me dise le nom d’un bon restaurant donc elle m’avait parlé. Et surtout pour qu’elle me dise où il se trouve exactement. Nous le localisons sur le plan donc c’est parti. Nous retrouvons Paul dans la voiture. Ce restaurant est spécialisé dans les raviolis apparemment. Petit souci : la carte est entièrement en chinois. A l’aide de mon bouquin de conversation, nous parvenons tout de même à communiquer avec la serveuse et lui demandons ce que nous voulons manger. Nous buttons sur la boisson. Elle tente de nous expliquer quelque chose mais nous ne comprenons pas. Derrière nous, un chinois qui parle français se propose de nous aider. Pour la nourriture, il nous demande « quel animal préférez-vous manger ? ». Formulé comme ça, j’ai envie de répondre « aucun »… Enfin il nous apporte tout de même une aide précieuse et nous mangeons de bonnes choses.


Emilie décide ensuite de nous emmener dans un quartier animé de la ville dans lequel nous ne sommes encore jamais allés. Sur la route, nous mettons la musique à fond. Ambiance ! Le quartier dans lequel nous sommes s ‘appelle Xintiandi. Restaurants, bar, il y a tout ce qu’il faut. On se croirait dans un petit village du sud de la France. Le style architectural est typique de Shanghai : Shikumen. l reste peu d’anciennes constructions étant donné que tout a été détruit pour reconstruire du neuf. Ils ont cependant décidé de garder cet endroit en état principalement pour attirer les touristes. Toute bonne chose a une fin économique ici.


Nous nous installons dans au Luna où un groupe va venir jouer. Du moins, c'est ce que nous supposons en voyant les instruments sur la scène prêts à l'emploi.


Ils arrivent et commence par « Imagine » des Beatles. Ils maitrisent vraiment. Ils sont sept ou huit, viennent des Philippines, ont les cheveux longs et frisés pour les hommes, longs et raides pour les femmes. Ils enchainent les Gun's and roses, Led Zep, Queen, the Beatles, the Cranberries (à notre demande) et beaucoup d'autres. Les premières chansons sont négociées dans la douceur puis au fur et à mesure du concert, cette douceur se transforme en dynamisme à tout va puis devient carrément de la brutalité bestiale. Ils en envoient les philippins! Une des chanteuses, qui a priori donnait l'impression de fille sage, cheveux long, raie au milieu, lunettes, se déchaine totalement sur une sorte de petit comptoir sur lequel nous sommes accoudés. Elle ne m'inspire qu'un seul et unique sentiment : la peur. L'expression "partir en live" convient parfaitement à la situation. Je dois dire que j'accroche de moins en moins et je constate à côté de moi qu’Arnaud et Emilie ont décroché. Un morceau attire toutefois toute mon attention sur la fin : Bohemian Rapsody de Queen. Superbe interprétation.


Nous sortons vers minuit. Nous décidons de faire un tour au Zapatas à défaut de trouver une autre idée. Nous retrouvons Paul qui nous y emmène. Dans la voiture nous poursuivons la compilation sortie de nulle part d'Emilie. Enfin un morceau (plus que) correct : Vertigo de U2. Parfait pour rouler dans Shanghai la nuit.


Arrivés devant le Zapatas, nous demandons une fois de plus à Paul s'il veut nous accompagner mais il refuse. Il repart donc chez lui. On ne va pas le faire attendre toute la nuit.


Je m'installe à une table pendant qu'Emilie et Arnaud vont se chercher des verres. Je me mets à discuter avec deux suédois assez sympas. Quand Emilie et Arnaud reviennent nous papotons tous ensemble puis entre filles nous allons expérimenter la piste de danse.


A notre retour, les garçons nous montrent une fille qui s'est assise à notre table. "Regardez notre nouvelle amie" disent-ils. Une prostituée. Il faut dire que nous sommes dans le bar typique pour rencontres entre vieux expatriés et jeunes chinoises cherchant argent et (peut être) bonheur qui va avec. Nous entamons un débat franco suédois sur la prostitution en Chine. En ce qui me concerne, je trouve cette situation triste des deux côtés. D'une part pour la fille qui est obligée de se vendre au départ pour l'argent et qui si elle reste ensuite avec cet homme sera toujours dépendante financièrement de lui, D'autre part pour ces hommes, qui sont généralement divorcés et qui viennent chercher "l'amour" en Chine. Ola (suédois numéro 1) soutient qu'il ne trouve pas que cela soit si triste que ça. En fait, il connait des hommes qui sont actuellement mariés à des chinoises rencontrées dans des bars. Eux sont heureux. En revanche, il est forcé d'admettre qu'il ignore si les chinoises sont comblées. Nous discutons de tout cela à côté de la chinoise qui sirote son whiskey coca. Vu l'état de ses yeux, elle ne doit pas en être à son premier... Soudain, elle intervient. Elle parle anglais et a suivi notre conversation depuis le début. "Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous" dit elle. Ici, il y a beaucoup de chinoises qui sont loin de la prostitution et qui n'ont pas besoin d'argent. Comme les chinois sont très nombreux, proportionnellement, il y en a beaucoup qui sont plus riches que vous tous réunis...


Ok intervention qui jette un froid. Je tente le dialogue. Bien sur que toutes les chinoises ne font pas le trottoir mais on ne peut pas nier que cela existe. Je me retrouve dans une situation assez spéciale car je suis en train de dire que la prostitution est bel et bien présente en Chine et particulièrement dans ce bar à une femme qui est une prostituée, j'en suis presque sure, mais qui me soutient le contraire...


Je prends le parti de faire comme si je la croyais et je dois dire que j'aurais préféré la croire. Je lui accorde le bénéfice du doute. Elle me dit qu'elle travaille toute la semaine et qu'elle vient ici pour se détendre. Apres tout, jusque là, ce ne sont que des points communs qui nous rapprochent. Quelques divergences cependant : on ne voit pas ma culotte. La sienne est visible par tous. On ne sent pas mon parfum dans tout le bar. Le sien m'asphyxie totalement. On n’aperçoit presque plus mon maquillage qui date de ce matin. Le sien a du être perfectionné il y a cinq minutes aux toilettes. Mais j'ai décidé de ne pas juger trop vite donc je passe outre tous ces détails d'apparence.


Elle a un copain espagnol depuis trois ans. Elle me dit qu'elle a choisit de ne pas se marier avec un chinois pour pouvoir garder sa liberté. Effectivement, les occidentaux semblent être réputés pour laisser leurs femmes travailler et faire ce qu'elles veulent alors que les chinois sont plus stricts. Enfin, c'est ce qu'elle me dit.


Elle est tout à fait d'accord avec moi sur le fait que les couples qui se fondent au départ sur la prostitution soit triste.

Cette discussion est réellement apocalyptique. J'ai vraiment envie de la croire. Dans ces yeux, je lis énormément de lassitude, de mélancolie. Elle finit par s'en aller. Je demande leur avis aux suédois. "She is a prostitute. No doubt about that". Elle me fait de la peine.


Nous passons le reste de la soirée à discuter, danser, discuter, danser. Les suédois sont inspirés par mon prénom : Ils le comparent à « endive ». Ca, ça fait plaisir


Nous rencontrons ensuite tout un équipage de la Lufthansa qui fait escale à Shanghai. Complètement déchainés. J'en profite pour apprendre à Arnaud l'expression "conduire de l'autre côté de la route". Lorsque nous retournons danser, nous apercevons notre « amie » qui s’éclate sur le bar…


Je rentre sur les coups de 4 heures, épuisée après cette longue journée.

Aucun commentaire: