lundi 25 août 2008

Vendredi 22 Août : Alerte à la cacahuète

8 heures, "You're lucky lucky you're so lucky, well do you do you do you want to". Magie du karaoké, au réveil, mon esprit est empli de toutes les chansons massacrées d’hier. C'est donc de bonne humeur que je mets un pied par terre ce matin. En plus je vais me faire un vrai petit déjeuner : les gâteaux que j'ai récupéré hier soir m'attendent sur la table. Je verse un peu de lait dans mon seul et unique bol. Trempage de biscuits prévu... Sauf que, quand je regarde bien dans mon bol, je me rends compte que le lait entier au bout de quatre jours contient aussi des petites choses à manger... Au réveil comme ça, non merci!


Je me résigne à ne manger que les pâtisseries. Après avoir dégusté celles que j'avais déjà bien entamées hier, je m'attaque à une autre sorte. Le premier gâteau est délicieux. Un deuxième? Vas pour un deuxième. Mais alors que je croque au milieu, j'aperçois à l'intérieur quelque chose qui ressemble étrangement à de la cacahuète, Non, ça ne doit pas être ça. Je mets le morceau dans ma bouche. Ha ben si, cacahuète. Je cours dans la salle de bain, crache tout ce que je peux, me rince la bouche, me lave les dents... Je ne sens plus rien. Tout a l'air de fonctionner normalement : œsophage libéré, visage non difforme, oreilles et lèvres ok. Il n'empêche que c'est tout de même un peu la panique car il y'en avait peut être dans le premier gâteau que j'ai mangé avec tant de gourmandise. Je m'habille en deux temps trois mouvements, embarque mon sac et saute dans un taxi. Je veux être le plus tôt possible au bureau. Si jamais il m'arrive quelque chose, je préfère être entourée. Tout le monde là bas sait qu'il faut appeler les urgences s'il y a le moindre souci. Dans le taxi, j'apprends la phrase " Je veux aller à l'hôpital". On ne sait jamais et mieux vaut être trop prudent. Une chanson française passe à la radio. Très très kitch.


Je ne suis jamais arrivée aussi tôt au bureau. Il n y a pas grand monde. Pas de gonflement a priori. Je vais tout de même demander confirmation à Emilia : oui oui c'est bien de la cacahuète. Bon, il n y a plus qu'à attendre. Je remets sérieusement en question mon weekend à Suzhou. Il vaudrait mieux rester à Shanghai où je connais du monde que d'aller me perdre dans une ville inconnue. Fallait-il vraiment que je mange une cacahuète au petit déj?


Toutes les trente secondes, je fais une vérification complète de mon état physique. Tout semble bien aller. La nouvelle au bureau fait vite le tour.


Nous allons manger au spicy restaurant. Les filles me commandent mon plat préféré. L'intention me touche mais je ne suis pas de bonne humeur. Cette histoire de cacahuète me turlupine. Et puis j'ai réellement envie d'aller à Suzhou.


En sortant, je demande à Juliana ce qu'elle a de prévu pour ce soir. Elle a un rendez vous avec un de ses quatre petits amis. Décidément cette histoire est bien intrigante. J'essaie d'en savoir plus. Celui-là, elle le connait depuis six mois. Pour le moment, elle ne compte pas choisir, elle attend. Lorsque je lui demande le prénom du charmant jeune homme. Elle se met à rire en se cachant le visage derrière sa main. A quoi ca me servirait de savoir son nom? Heu, bonne question. Juste pour savoir comme on dit... J'ai beau insister un peu, je ne le saurai pas aujourd'hui.


Sur la route, je discute avec Daisy. Sujet de conversation : les prénoms. Comme je l'ai déjà dit ici, chaque chinois a un prénom chinois et un prénom anglais. Daisy me raconte qu'elle avait choisi William pour son fils mais qu'il préfère Jerry comme dans « Tom and Jerry ». Il demande donc à ses professeurs d'anglais de l'appeler Jerry 2. Ben oui, Jerry 1, c'est la souris. En fait, les parents choisissent le prénom chinois pour leur enfant puis plus tard, c'est l'enfant lui même qui s’en attribue un. Dans l'entreprise, les filles ne connaissent que depuis peu leur prénom chinois. Elles s'appellent entre elles à l'anglaise.


Apres le déjeuner, je discute avec maman sur MSN. Conseil maternel : profite de la vie et vas à Suzhou. Même si c'est la fin de ma vie? Oui oui, apprécions le moment présent et ne paniquons pas pour rien. J'avoue que j'aime bien cette philosophie. J'irai donc à Suzhou ce weekend. Ce qui rassure Arnaud car depuis ce matin, il cherche mais personne parmi ses nombreuses groupies chinoises ne semble vouloir l'accompagner.


Cette après midi, je jongle entre la pioche aux informations touristiques sur la ville pour préparer le weekend et le boulot qu'Ada me donne. J'ai même droit à une petite discussion avec Fa en direct du Zegafredo. Lui a fini son stage donc on peut enfin se parler à des horaires raisonnables. Quand je suis censée bosser par exemple.


A 18 heures, nous descendons avec Rita. Ce soir : restaurant plus bar. Elle veut absolument que je lui fasse découvrir un bar. Emilie nous rejoint en bas devant la porte. C'est la folie ce soir dans le quartier. C'est le dernier match de football des JO. D'après les drapeaux, il semblerait que le Brésil joue contre la Belgique. Mais t'es malade toi! (NDLR : cf. François l'embrouille).


Nous allons manger dans le restaurant japonais en dessous du bureau. Bien que les plats soient assez gras au final, j'accroche pas mal à cette cuisine. Epicé juste ce qu'il faut, parfaitement salé, quantités raisonnables... Et en plus je peux garder l'emballage des baguettes. C'est pas wonderful ça?


Pendant le repas, nous en venons à parler de Suzhou. Je propose à Rita de venir avec nous. Elle dit oui tout de suite et semble très enthousiaste. Comme je ne veux pas qu'il y ait de malentendu, je précise tout de suite que nous dormirons tous dans la même chambre et qu'il y aura un ou deux garçon(s) avec nous. Effectivement, ici cela peut être très mal vu de partager sa chambre avec un membre du sexe opposé. Dès que j'ai fini ma phrase, son visage se décompose. Voila l'effet que je ne souhaitais pas provoquer... Puis elle me demande : "Oui, mais il y aura plusieurs lits quand même?" Je ne peux m'empêcher de penser : "Ha non non, tout le monde dans le même lit. Ca va être la grosse orgie, tu verras ca va être top, viens!" Mais, sachant pertinemment que le second degré ne passerait pas bien là maintenant, je réponds : "Bien sur oui, un lit par personne. Je ne veux pas partager mon lit et puis, je ne suis pas sûre que mon petit copain accepte que je dorme avec des garçons dans le même lit...". J'insiste bien pour qu'elle ne me prenne pas pour une traînée mais elle hésite beaucoup. Même si la Chine progresse énormément et se rapproche de plus en plus de notre mode de vie, il subsiste des beaux décalages culturels qui peuvent être comiques une fois qu'on les raconte mais très embarrassants quand on les vit...


Nous prenons le métro et arrivons dans Huahai Lu. Une amie de Rita lui a conseillé un endroit sympa dans ces environs. Après avoir demandé notre chemin, nous nous engageons dans une rue qui regorge de petites boutiques aux vêtements colorés, bien taillés, originaux et pas chers. Autrement dit : il faut absolument que je revienne dans le coin! Finalement, le bar que nous cherchons a fermé. C'est le risque à Shanghai. On ne peut jamais être sûr de retrouver un endroit ou on a été quelques jours avant. Ne nous décourageons pas et réfléchissons. Ce n'est pas le choix qui manque. Et pourtant, nous tapons dans les valeurs sûres et montons dans un taxi direction le Zapata’s. Cadre sympa, discussions possibles, danse possibles aussi. Exactement ce qu'il nous faut pour ce soir. Nous nous installons dehors et discutons entre filles. Rita a 26 ans et vit toute seule à Shanghai, Ses parents vivent dans la province de Hubei. Nous parlons de Sex and the City, de musique et des films que nous avons vus et aimés. Puis une de ses amies arrive. Nous allons danser. Elles semblent apprécier cet endroit. Le vendredi soir, ils passent les tubes bien commerciaux qui ont fait les boums de toutes les générations. C'est marrant deux secondes mais ça devient vite lourd. Je pense à partir. La Macarena. C'est sûr je vais partir. Mais je me rends compte que Rita et son amie ne connaissent pas cette danse et semblent un peu perdues. Voilà une occasion de leur apprendre quelque chose. Nous enchainons donc Macarena et Ketchup song. Je dois avouer que j'ai bien rit. Et Rita est enchantée d'avoir appris ces chorégraphies. Voila des soirées comme je les aime. Voir dans la Macarena un partage culturel. Ne nous méprenons pas sur le terme culturel. Je ne mets pas au même niveau l'histoire de France et la Macarena mais cela fait partie de nos soirées, on ne peut le nier. Et voilà que Rita connait une chose de plus sur nos coutumes occidentales.



Je rentre chez moi à pied. Il faut encore que je prépare mon sac pour demain. Sur la route, je fais une liste de ce que je ne dois absolument pas oublier. Je n'ai toujours pas de sac à dos. Par conséquent, il me faudra aller à l'essentiel.


Et toujours pas de signe post cacahuète…

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