Petit déjeuner devant le journal de France 2. Toujours autant de faits divers. On en parlait justement hier. C'est quand on est loin qu'on se rend vraiment compte que le journal de 20 heures est une bonne plaisanterie. En général, je ne regarde que deux ou trois sujets. Ils se trouvent vers la fin et ce sont les seuls qui parlent d'autres choses que de meurtres, crimes et autres incarcérations, bouchons sur la route, vieux qui meurent pendant la canicule, bébés qui restent enfermés dans leur voiture, cancer de la peau, noyades en mer, aoûtiens, juilletistes, paillotes... Il est tout à fait normal en tant que français de s'intéresser à ce qu'il se passe en France mais pourquoi reléguer les sujets qui ont une importance qui va au delà des frontières franco françaises à la fin du journal justement au moment où les gens décident d'aller promener leurs chiens?
Je me rends compte que je suis très susceptible le matin. Surtout quand je n'ai pas le temps d'émerger tranquillement. A peine dans la rue, je me fais agresser par les scooters, vélos, taxis, bus, odeurs en tout genre, sans oublier les chinois... Je monte dans le bus, m'accroche à une barre histoire de ne pas passer dans le pare brise. Une famille monte juste derrière moi. La maman me broie littéralement le pied avec son talon, me pousse, me rentre dedans. Je me demande si j'existe, si je suis transparente, si je rêve... Non non, je ne rêve pas. La preuve : j'ai super mal au pied.
Ici, comme je l'ai déjà expliqué, les enfants sont rois. Donc il est normal que cette femme me crie dans les oreilles pour s'adresser à son fils qui se trouve de l'autre côté du bus. Puis elle veut le rejoindre donc par voie de conséquence me rebouscule.
Je finis pas trouver une place assise mais elle s’assoit a côté de moi. Manque de chance, elle a décidé de se tenir à la barre qui se trouve devant moi. Je ne peux presque pas bouger... Le pire, c'est qu'ici, c'est normal. L'espace vital des chinois est plus réduit que le notre donc ils ne font pas attention, C'est à moi de m'adapter, je ne lui mettrai donc pas mon poing dans la figure. Enfin, j'ai l'impression que je commence à m'habituer à cet espace vital réduit parce que je ne me sens pas oppressée comme au début où j'avais réellement envie de taper tout le monde.
Etant assise, j'en profite pour sortir pour guide de conversation et apprendre quelque mots. Tout d'un coup, des cris me font sortir de ma lecture studieuse. C'est la nana qui conduit le bus. Elle hurle en rigolant (ce qui est très étrange) sur le chauffeur de taxi d'à côté. Il ne peut pas l'entendre mais elle hurle quand même. Ils ont l'air de vouloir aller sur la même file au même moment. Conflit d’intérêts. Forcément ça ne passe pas. Du coup, elle accélère, freine. Comme si elle avait besoin de lui montrer qui est la plus forte. J'ai envie de lui faire remarquer qu'elle est au volant d'un bus énorme et que si elle veut, elle peut l’écraser ce taxi. Je me retiens pour deux raisons. La première est la plus évidente : je ne saurai jamais dire ca. Et la deuxième est que je ne doute pas qu'elle essaie mon plan et comme je l'ai déjà dit plus haut, je ne veux pas décéder aujourd'hui.
J'arrive enfin à mon arrêt. Je dois traverser la rue immense. J'attends que le feu passe au vert pendant un bon bout de temps. Comme les routes sont en plein soleil. Hé oui, ici aussi les routes sont en plein soleil…Je sens que ça commence à me taper sur le caillou. Le feu passe enfin au vert. Je suis à côté d'un petit monsieur qui a l'air sympathique comme ça mais qui se métamorphose d'un coup...Il montre du doigt très méchamment les voitures qui tentent de forcer le passage... En me plaçant juste à côte de lui, je sais que je peux traverser sans problème !
Quand j'arrive au boulot, il me faut un verre d'eau, je suis complètement déshydratée.
Ce midi, nous allons manger au restaurant aux plats très épicés. Inutile de préciser que je meure de faim. Sur la route, nous parlons un peu des policiers qui on été tués au nord-est de la Chine. On me dit qu’il n’y a aucun doute à avoir quant à l’origine des criminels. Ce sont des terroristes assimilables à BL (le gars qui vit dans les grottes)… Sans transition, nous parlons aussi du mariage ici. On me raconte que la future épouse n’a rien à préparer. Ce sont ses parents qui s’occupent de tout organiser.
Au restaurant, les filles commandent les plats en deux fois parce que d'autres collègues nous rejoignent. Là est tout le piège. Je mange déjà pas mal par rapport aux autres jours. Le problème c'est qu'il y a deux fois plus de nourriture que les autres jours... Emilia me dit de ne pas trop insister sur tous les plats parce que le reste arrive. Le reste? Quel reste? Les serveurs amènent de nouvelles assiettes très bien garnies. Ha oui, le reste... C'est reparti.
Je me régale. Soudain, j’entends mon nom perdu au milieu de mots chinois. Je lève la tête et je vois les filles qui sourient. « What? » Je demande. Emilia me traduit. Elle me dit qu'elles ont remarqué qu'au début, je jouais la politesse et ne mangeais pas beaucoup mais que maintenant elles constatent que je me sens bien à l'aise avec elles… Ooops. J'espère qu'elles ne l'ont pas mal pris. Je ne pense pas en fait. Je lui réponds que c'est aussi parce que je maitrise beaucoup mieux les baguettes et que maintenant je peux attraper ce que je veux. Lorsqu'elle traduit ceci en chinois, c'est l'éclat de rire général. Elles ne l’ont donc pas mal pris.
En sortant de table, j'ai l'impression d'être enceinte de trois mois. Enfin je dis ça mais je n’ai aucune idée de la sensation qu’éprouve une femme lorsqu’elle est enceinte de trois mois. Je dois être dans l'une de ces périodes où je mange énormément...Cela faisait longtemps que cela ne m'était plus arrivé.
En sortant du restaurant, Emilia m'aide à acheter une recharge de téléphone. De retour au bureau, je gratte la carte, entre le numéro mais rien ne se passe. Je retourne voir Emilia qui appelle un numéro automatique et qui donne les instructions en chinois. Comment est-ce que j'aurais pu faire ça franchement? Finalement grâce à elle tout est arrangé. Je redeviens joignable à n'importe quel moment sur mon portable chinois. La classe internationale, c’est le cas de la dire !
Cette après-midi, boulot habituel. Puis je m'en vais vers 18 heures. Je synthétise les événements qui suivent : sortie, montée dans le bus, descente du bus, achat du Magnum quotidien, petit tour aux toilettes, allumage d'ordi, regardage du coucher de soleil et mise en route du net. Je voudrais bien ressortir pour aller me balader un peu mais il fait nuit très vite donc c'est beaucoup moins agréable.
Finalement, je passe la soirée sur le net, à discuter. Je fais un petit programme pour notre visite de Nanjing prévue ce week-end. Il va y avoir pas mal de choses à voir. Je commence à me familiariser avec l’histoire chinoise. En fait, elle est structurée par les différentes dynasties : les Ming, les Qing… Mais je reparlerai de tout cela plus tard.
Puis je reprends « Mémoires d'un jeune homme dérangé ». A mon grand regret je le termine dans la soirée. Je dis à mon grand regret car ce bouquin est tellement génial que j’aurai aimé en avoir pour trois mois.
Maman m’appelle sur Skype alors que je suis en train de plonger dans un profond sommeil. Pour me dire bonne nuit. Ca fait plaisir. Je dormirai encore mieux que prévu, j’en suis sûre.
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