jeudi 14 août 2008

Mercredi 13 Août : Le boulet est de sortie

Ce matin, je me réveille après une nuit un peu agitée. Vers deux heures du matin, des chinois ont tambouriné à ma porte en parlant assez fort. Je me suis vite rendormie en remerciant mon verrou, petit mais costaud. Bref, j'ai eu un peu peur mais je ne me suis pas inquiétée plus que ça.


Je sors de mon lit. Le démarrage est toujours un peu dur à cause de mes muscles de mollés qui trop endormis, ne supportent pas mon poids. Je me rassois donc, attends un peu. Tout ça pour dire que la productivité ce matin n'est pas très très présente dans mon appartement.


Je tente de regarder le JT de France 2 mais aujourd'hui et comme depuis quelques jours, ça ne fonctionne pas. La raison : ce contenu n’est pas disponible dans les pays qui ne contiennent pas des membres actifs de l'e b u. Je ne sais pas du tout ce qu'est cette organisation. Il faut que je me renseigne.


Miraculeusement, je suis tout de même prête à l'heure. Il ne me reste plus qu'à trouver mes clefs. Comme je me connais et que je sais que je n'ai aucune mémoire de l'endroit où je pose mes affaires, je suis une règle depuis le début de mon séjour ici : "Les clefs sur le bureau dès que je rentre le soir". Jusqu'ici, tout fonctionnait. Mais aujourd'hui, pas moyen de mettre la main dessus. Je passe un quart d'heure à retourner toutes mes affaires. La c'est sûr, je suis en retard.


Puis, grâce à une connexion neurologique puissante, je me dis que les événements de la nuit ont peut être un rapport avec cette perte de clef. J'ouvre donc la porte. Un papier est collé à l'extérieur. Génial, un indice. On se croirait presque dans Fort Boyard. Le problème c'est qu'ici le Père Fourras parle chinois. Je ne comprends rien du tout. Réfléchissement... Je regarde comment on écrit « clef » en chinois à l'aide de mon précieux dictionnaire et compare avec les caractères inscrits sur l'énigme. Ca colle.


Prochain dilemme : Etant donné que je ne suis pas sûre à 100 pour cent (bien que la probabilité soit grande) que mes clefs ont été récupérées par les gardes en bas, je ne me vois pas claquer ma porte, descendre, demander les clefs, me faire répondre qu'ils ne les ont pas, remonter et me retrouver a la porte... D'un autre côté, je ne me vois pas non plus descendre les 27 étages, demander les clefs et remonter, le tout en laissant ma porte ouverte avec toutes mes affaires dans mon appartement.. J'envisage donc un instant la deuxième possibilité en prenant toutes mes affaires précieuses avec moi... Pas le plus simple. Je réfléchis encore. Mais oui! Le téléphone. Je décroche le combiné mural, appuie sur un bouton, rappuie, rerererererappuie. Ca finit par rappeler. Chinois. Je demande si elle parle anglais et tout de suite elle me dit : Oh it's for the keys?.


Je ressens à la fois un immense soulagement, de la honte, une prise de conscience de ma capacité illimitée à faire le boulet... Trop d'émotions en cette heure matinale. Je descends donc. La réceptionniste me remet mes clefs. Je demande quand même ce qu'il s'est passé bien que je me doute parfaitement que je les ai laissées à l'extérieur... C'est bien ça. Donc il faut croire que des gardes font des rondes dans la résidence la nuit. Et moi qui pensais que c'étaient des chinois bourrés...


Bon, ce n'est pas le tout mais je suis bien en retard et je dois être absolument au bureau à l'heure car aujourd'hui je visite les entrepôts. Pas de choix. Le taxi s'impose. Justement, il y en a un de l'autre côté de la rue. Je cours et saute dedans. Finalement j'arrive à l'heure.


Rituel de ces derniers jours : petit Efferalgan histoire de bien commencer la journée. Je le prenais pour mes courbatures mais aujourd'hui, il fera effet pour ce mal de gorge que je sens poindre et ce rhume qui est en bonne voie de se déclarer prochainement. En posant mon cachet effervescent dans l'eau, je ne m'attendais pas à de telles réactions dans la cuisine. WAOU! Mais qu'est ce que c'est? C'est incroyable. Apparemment ils n'ont pas ça ici. Quand ils sont malades, les chinois mangent des "pates noires". Oui, ben je vais m'en tenir à l'Efferalgan qui marche plutôt pas mal chez moi. Mais je ne nie pas l'effet curatif de ces pâtes noires bien sur. En tous cas, je me félicite de ne pas avoir fait attention quand la pharmacienne m'a donné des cachets effervescents alors que je voulais des cachets pour avaler comme ça. Je suis une star dans la cuisine ce matin!


Derry, qui doit nous emmener à l'entrepôt a quelque chose à finir donc nous partirons plus tard. Je m'installe à mon bureau. Julianna m'interpelle et me montre quelque chose en me disant « cheese ». CHEESE? FROMAGE? Je m'approche... « Oh non !! » (cette expression s'impose) : de la Vache-qui-rit! Un fournisseur a offert un paquet de Vache qui rit. Julianna ne comprend pas ma joie soudaine. Je lui explique avec enthousiasme d'où vient le nom, le caractère mythique de ce fromage. Bizarrement, elle n'a pas l'air intéressée. Je ne comprends pas. Il s'agit bien de Vache qui rit quoi! Elle me demande si on le met dans les pates...Aie non non.


Réunion dans la cuisine où tout le monde commente les nouveaux paquets. En fait, ce sont des apéricubes. Le top du top. Avec le fromage est joint un petit fascicule qui explique d'où vient la marque etc. La Vache-qui rit tenterait-elle d'envahir le marché chinois?


Je suis parfaitement consciente du fait qu'il ne soit même pas 10 heures du matin mais j'avale tout ces petits carrés avec joie. Comparaison produit : l'emballage est le même à l'extérieur mais il n'y a pas de question à l'intérieur. Le goût tomate n'a pas la même consistance ici.


Je demande à Julianna si elle aime. Elle me regarde d'un air dégoute : ha non pas du tout. Déception. Quand je pense qu'ils me font gouter des trucs à longueur de journée, parfois vraiment étranges, pas une fois je leur ai fait cette tête de dégout. Pourtant j'aurai pu à quelques reprises. Le " Je le mange quand même car c'est offert de bon cœur" (NDLR cf. Le Père Noel est une ordure) est une autre règle que j'applique depuis le début du séjour. C'est encore ici une question d'ouverture. Il ne faut pas s'attendre quand on mange quelque chose de nouveau que ca ressemble à un aliment que l'on connait. Sinon on est forcement déçu...


Vers 11 heures, nous partons avec Derry, Julianna et Rita direction les entrepôts. Nous en avons pour trois quart d'heure de métro. Bien sur nous ne pouvons pas nous asseoir au début. Puis une petite vingtaine de minutes de marche en plein soleil. Nous arrivons aux entrepôts. C'est assez énorme. C'est dans ce genre d'endroits que l'on mesure parfaitement la mondialisation.


Nous achetons à boire avant de nous engouffrer dans la chaleur des allées bordées de conteneurs. Je sors mon plus bel accent pour dire Coca Cola. La vendeuse ne comprends pas te se met a rire lorsqu’elle voit enfin de quoi il s’agit. C’est tout de même incroyable de bloquer comme ça sur un mot !


Nous assistons dans un premier temps à une inspection de rouleaux de tissus puis dans un second temps, nous allons voir une inspection de manteaux. Derry nous explique les différents rôles des personnes présentes. Tout est réglé comme une horloge. Faut que ça tourne. En même temps, le genre de trucs plus qu'embêtant serait de se tromper de container... Conteneur immense. C'est assez impressionnant.


Nous prenons un taxi qui nous emmène devant le centre commercial le plus proche. Nous allons manger. Il fait tellement chaud que je n'ai pas faim du tout. Julianna commande pour moi. Elle me prend des noodles. Je me force un peu pour manger puis comme on dit : l'appétit vient en mangeant. Enfin bon, il est venu mais il n'est pas resté longtemps... Nous repartons au bureau en métro et entre filles. Sur la route...discussion de filles. Cinéma, musique, shopping. Nous échangeons nos bons plans, musiques préférées, séries préférées. J'apprends qu'elles connaissent Luc Besson et Jean Reno. C'est dingue, je n'arrive pas à capter les personnalités françaises qui ont une visibilité à l'étranger. Parce que en général, ce ne sont pas celles à qui on pense en premier lieu qui sont tres connues hors des frontières françaises. Rita connait aussi les Beatles. Famous in the sixties. Exact. En revanche, Coldplay ou U2 n'évoquent rien pour elles. Je vais remédier à ça a coup d'I-Pod et elles vont m'initier au Hip Hop chinois.


Les filles ne se séparent pas de leur parapluie. Elles ne veulent pas bronzer et se protègent donc du soleil. Je leur parle de la crème solaire qui serait peut être plus pratique. Elles ne connaissent pas. Demain, j'en ramènerai. Un petit échange culturel autour du thème : le soleil. Elles veulent à tout prix que je me mette sous le parapluie. Non non, si je pouvais éviter de revenir en France blanche comme un popotin, ça me ferait plaisir.


Dans le métro, nous discutons pas mal. Elles ne voient leur parents que quelques fois dans l'année car ils n'habitent pas dans la region de Shanghai. Un soir, il faut qu'on s'organise un Karaoké et une autre soirée, je les emmènerai dans un bar. Echange de bons procédés.


Nous arrivons au bureau vers 15 heures. En fin d'après midi, je commence sérieusement à avoir froid. Echarpe. Pull. Climatisation à 27 degrés. Je vais bientôt passer en mode chauffage. Ada se rend compte que je suis frigorifiée et va couper la clim mais rien n'y fait. Ne pas tomber malade. Ne pas tomber malade.


En tant que 36 européen, je suis souvent réquisitionnée pour faire des essayages. Cette après midi, je n'y coupe pas. C'est un manteau cette fois. J'enfile donc un pull pour que l'essayage ne soit pas faussé puis le manteau. Là c'est bon, je n'ai pas froid! Je devrai peut être garder tout ça sur le dos...


A 18 heures, je sors du bureau. De la chaleur à l'abri de la clim. Mais je plonge dans le métro et c'est parti pour le frigo. Il y a un match de foot ce soir. Et qui dit match de foot dit flics, militaires et bénévoles qui font la sécurité un peu partout. Je me concentre pendant tout le trajet tellement j'ai froid. Changement de métro. On est tous tassés. Pour une fois ça me ravit. De la chaleur humaine.


Arrivée à Nanjing lu. Ca ne va vraiment pas trop. Je sens que le premier pèlerin qui vient me proposer ses faux sacs Louis Vuitton va se faire gentiment envoyer voir ailleurs. Un candidat? Oui bien sur. En voici un. Je lui balance un puissant NO qui n'appelle à aucune négociation puis il s'en va chercher d'autres occidentaux.


Emilie arrive. Elle aussi a la crève. C'est cette climatisation dans l'auberge de jeunesse qui nous a complètement ruinées. Nous hésitons à aller au Lounge 18. Mais bon, nous savons toutes deux que nous ne pouvons pas passer à côté d'un buffet à volonté et de champagne Mumm à volonté également...



Je dépense mes derniers sous de ma semaine (oui, on est mercredi je sais) et hop, c'est parti. Il y a la clim à fond. Après une coupe de champagne, je vais déjà mieux. Voilà ce qu'il me fallait.


Le buffet est excellent.

Le cheese cake est incroyable mais vraiment incroyable. Je le redis : incroyable. Mais bien sur il n'est pas aussi bon que celui que mon arrière grand père me faisait quand j'étais petite. Je crois que je penserai toujours à lui en mangeant des tartes au fromage, et ce, n’importe où dans le monde!

Je ne suis pas la seule à avoir choppé la crève. En fait toute la chambre rose a le rhume...Finalement je n'ai vraiment pas eu de chance.


Apres le Lounge 18, nous montons au Bar Rouge. Je crois que je ne m'habituerai jamais à la beauté de la vue à partir de cette terrasse. Je passe la soirée prise dans une discussion vive sur la Chine avec Olivier. Puis nous rentrons en taxi.


Cette journée riche en anecdotes ne s'arrête pas la... Hé non. Notre taxi est complètement bourré... Le chinois est déjà dur a comprendre mais alors le chinois bourré. Je ne comprends rien du tout et lui non plus d'ailleurs. Il arrive tout juste à trouver sa route et me demande par où il doit passer. Mais qu'est ce que j'en sais moi? Il a failli prendre le périphérique a contre sens ce con.


J'arrive tout de même saine et sauve chez moi. Petite conversation avec Papa et Hugo en direct de Berlin. Puis après une bonne douche, je vais me coucher. Longue journée!

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